Entretiens du cardinal Jean-Marie Lustiger : Ensemble, redécouvrons et vivons le Carême

Mgr Lustiger invite les catholiques du diocèse à vivre pleinement le Carême. Pour nous aider pendant ces quarante jours, il nous livre quatre pages d’exhortation. À méditer. Entretiens sur Radio Notre Dame des 12, 19 et 26 février 2001.

« On sait bien ce qu’est le Carême ! » Pour les plus anciens, c’était, en gros, le temps du poisson, « on faisait maigre », on jeûnait. Aujourd’hui les gamins des banlieues vous diront : « C’est le ramadan des chrétiens ». D’autres le compareront au Yom Kippour ou au jeûne des hindouistes. Comparaison n’est pas raison. Pendant des siècles, les chrétiens ont pu mettre l’accent sur des pratiques qui existent dans les différentes cultures et religions sans éprouver le besoin d’en rappeler la signification. Mais aujourd’hui, il nous faut découvrir à nouveau ce qu’est le Carême en vérité. « Quarante jours ». En effet, le sens du français “carême”, vient du latin “quadragesima”, ce qui signifie la “quarantaine” de jours avant Pâques. Ce temps nous prépare à la fête de Pâques, à la Semaine Sainte. Celle-ci commence le dimanche des Rameaux, où nous fêtons l’entrée de Jésus à Jérusalem. Puis le Jeudi Saint nous célébrons la Messe chrismale (rappelez-vous Bercy) et la dernière Cène de Jésus avec ses apôtres, le Vendredi Saint, sa passion et sa mort, le Samedi Saint, son enfouissement dans le tombeau et, dans la nuit du Samedi Saint au matin de Pâques, sa Résurrection. Le temps de Pâques se poursuit jusqu’à l’Ascension et la Pentecôte.

Pourquoi quarante jours ?

Ils nous rappellent les quarante jours de jeûne du Christ au désert pour son combat initial contre le Tentateur. Et aussi les quarante années de l’Exode au désert avant l’entrée en Terre Promise. Lorsque le Christ monte à Jérusalem vers sa Passion, il appelle ses disciples à le suivre pour ce que l’évangéliste saint Luc appelle son « exode » (Luc 9, 31). Il marche en tête ; eux s’avancent à regret, tant ils ont peur. Après les Rameaux et le repas pascal, au moment fixé pour son ultime combat contre le Tentateur (cf. Luc 4, 13), Jésus s’en va au jardin de Gethsémani avec ses disciples. Il dit à Pierre, Jacques et Jean : « Veillez et priez avec moi ». À trois reprises, il les retrouve endormis et doit les secouer pour les réveiller (cf. Matthieu 26, 36-46). Lorsque Jésus est arrêté, tous les siens l’abandonnent et prennent la fuite. Mais l’une des dernières paroles que Jésus ressuscité adresse à Pierre, c’est à nouveau : « Toi, suis-moi » (Jean 21, 19). Aujourd’hui le Christ nous invite à notre tour à le suivre, à monter avec lui à Jérusalem, à partager le temps de sa Passion. L’entrée en Carême de toute l’Église se fait le Mercredi des Cendres.

Le signe des cendres trouve son origine dans la Bible (cf. par exemple Jérémie 6, 26 ; Isaïe 22, 12 ; Daniel 9, 3). « Prendre le cilice - le sac » c’est-à-dire le vêtement de deuil, et « se recouvrir la tête de cendres ou s’asseoir dans la cendre » est un signe de pénitence et de conversion. Comme les habitants et le roi de Ninive l’avaient fait en réponse à la prédication du prophète Jonas qui leur donne quarante jours pour se repentir de leurs péchés (Jonas 3, 5-8). Comme Jésus le rappellera aux gens de Betsaïde et de Corozaïn : « Si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que sous le sac et la cendre elles se seraient converties » (Matthieu 11, 21). Tous les chrétiens sont appelés à se reconnaître pécheurs, donc pénitents. Qu’est-ce qu’un pénitent ? Un homme qui se sait indigne de l’amour de Dieu en raison de son péché ou de ses ruptures ; un fils prodigue qui est dehors, au loin, et qui, pourtant, voudrait être accueilli par son Père ; un fils qui se sait encore à la porte et qui, pourtant, est invité à se considérer comme toujours fils « de la maison ». Même s’il est un enfant blessé ou un enfant perdu, il demeure un enfant aimé qui doit toujours croire à l’amour, fût-ce du fond de sa détresse ou de sa solitude. Le pénitent, c’est le pécheur qui demande le pardon. Voilà pourquoi les chrétiens sont invités à recevoir ce signe de la pénitence et donc de la conversion.

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile, la Bonne Nouvelle »

Au moment où le prêtre marque votre front avec les cendres, il peut dire : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». Cette parole, nous dit la Bible (Genèse 3, 19), est celle que Dieu a adressée à Adam après son péché. Nous tous, ses enfants, subirons l’épreuve de la mort. Cependant, saint Paul nous enseigne que ce premier Adam « est la figure de celui qui devait venir » (Romains 5, 14). Jésus, le Messie, nouvel Adam, nous donne la vie divine par sa résurrection. Ainsi est tracé le chemin du Carême qui conduit à Pâques, chemin qui nous fait passer de la mort du péché à la vie des enfants de Dieu. Jeûner, prier, donner avec Jésus, Rédempteur du monde, c’est, avec lui, travailler au salut de tous les hommes. Ces pratiques traditionnelles et significatives trouvent tout leur sens à partir du moment où elles sont vécues en communion avec le Christ qui se donne par amour de son Père et de tous les hommes. Ainsi notre conversion nous fait-elle prendre part à la Rédemption qu’accomplit Celui « qui enlève les péchés du monde ».

Le Mercredi des Cendres, le célébrant peut employer une autre phrase de l’Écriture en vous marquant le front : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile, la Bonne Nouvelle ». C’est substantiellement un résumé de la prédication de Jésus lui-même avant sa passion et sa résurrection et aussi celle des Apôtres après la Pentecôte. Cette phrase nous oriente vers une autre dimension du Carême, dont nous découvrons alors plus pleinement l’originalité : celle de la préparation des adultes au baptême qui, “convertis”, “retournés” vers Dieu, reçoivent la Bonne Nouvelle. Les chrétiens déjà baptisés sont appelés à se renouveler dans la grâce première du baptême qu’ils ont autrefois reçu. Car le baptême les fait participer à la mort et à la résurrection du Christ. Voilà pourquoi il est au cœur de la liturgie pascale. Autrefois, l’Église célébrait le baptême des adultes (mais aussi des bébés) dans la nuit de Pâques. Aujourd’hui, cette tradition vit à nouveau dans nos pays d’Europe ; mais combien plus dans les “jeunes Églises”, celles qui ont été fondées récemment dans les autres continents. Le baptême caractérise donc à nouveau fortement le temps du Carême et de Pâques. Car l’Église nous invite tous à redécouvrir la joie de ce sacrement et sa place dans le mystère chrétien.

Le pape Pie XII, il y a un demi-siècle, a montré la voie en rénovant la liturgie du Samedi Saint. Autrefois, les plus anciens parmi vous s’en souviennent peut-être, les offices du Jeudi, du Vendredi, du Samedi Saints se célébraient très tôt le matin, avec une participation restreinte de fidèles ! Seuls les monastères les vivaient pleinement. Aujourd’hui, tous les fidèles peuvent prendre part à la liturgie du Jeudi, du Vendredi et du Samedi Saints, et découvrir leur grandeur et leur sobriété. La Vigile Pascale, c’est-à-dire la “veillée de Pâques”, est célébrée dans la nuit du Samedi Saint. Elle est essentiellement fête de notre baptême dans le Christ ressuscité. Mais, me direz-vous, que se passe-t-il lorsque, dans une paroisse, il n’y a pas d’adultes ou de jeunes qui demandent le baptême ni de parents prêts à faire baptiser leur bébé en cette fête ? C’est encore le cas bien souvent. Même alors, toute la liturgie est centrée sur le baptême. De quelle façon ?

« J’appelle chacun par son nom »

Rappelez-vous comment se déroule la Vigile Pascale.

  • Elle commence par le “rite de l’illumination”. Le célébrant bénit le cierge pascal allumé au feu nouveau, symbole de la Lumière du Christ. Puis, après la procession, un diacre, quand c’est possible, chante l’Exsultet, ce magnifique chant d’exultation qui date des premiers siècles. Jubilation de l’Église pour Jésus, Fils de Dieu, Splendeur du Père ! Jubilation : voici que cette nuit donne à notre Mère-Église la joie de voir naître de nombreux enfants, les nouveaux baptisés.
  • Les sept lectures de l’Ancien Testament nous font parcourir dans la prière les annonces et les promesses de l’amour de Dieu pour ses enfants, à qui le Christ ressuscité donne la Vie. La huitième lecture (Romains 6, 3-11), nous le dit explicitement, avant l’évangile de la Résurrection.
  • La liturgie du baptême commence avec la bénédiction solennelle de l’eau “baptismale”. Non que le célébrant “re-baptise” les baptisés ! Mais il va faire sur eux l’aspersion de l’eau, en mémoire du baptême qu’ils ont reçu. Et il leur demande, par l’amour qu’ils peuvent manifester et la supplication intérieure qu’ils peuvent faire monter vers Dieu, d’accueillir à nouveau, de retrouver la plénitude de la grâce de leur baptême.
  • Le célébrant invite alors les chrétiens à renouveler leur renonciation à Satan et au péché, puis à proclamer librement et publiquement la foi qu’ils ont reçue à leur baptême :
    — Croyez-vous en Dieu le Père ? — Je crois.
    — Croyez-vous en Jésus-Christ ? — Je crois.
    — Croyez-vous en l’Esprit Saint ? — Je crois.

Dans cette liturgie baptismale pour les “déjà baptisés”, prend place d’abord le baptême des “catéchumènes”, c’est-à-dire des “bientôt baptisés”, les adultes hommes et femmes préparés notamment pendant ce Carême à cette rencontre avec le Christ qui les associe à sa mort et à sa résurrection, leur donne la vie et fait d’eux des enfants de Dieu.

Ainsi compris à la lumière de la vigile et de la fête pascales, le Carême apparaît bien comme la préparation à cette dernière étape : le baptême pour les futurs baptisés et sa rénovation pour tous les chrétiens.

C’est donc un chemin, un itinéraire qui commence le Mercredi des Cendres et, pour les catéchumènes, le samedi précédant le premier dimanche de Carême. Ce jour-là, nous célébrons une liturgie à laquelle peu d’entre vous ont assisté, faute d’une église assez grande à Paris : l’appel décisif, par l’évêque, des hommes et des femmes qui seront baptisés à Pâques dans son diocèse. Depuis que je suis évêque, c’est une des plus belles liturgies qu’il m’est donné de vivre. À chaque fois, dans sa simplicité, elle me bouleverse. Les adultes qui demandent le baptême et y ont été préparés, sont là avec les chrétiens qui les ont aidés à découvrir le Christ, avec leurs futurs parrain et marraine, avec leur entourage le plus proche. Après la proclamation et la méditation de la Parole de Dieu, j’appelle chacun par son nom. Il vient jusqu’à l’autel et il s’inscrit sur le registre. Désormais, il est compté parmi ceux qui recevront le baptême à Pâques. Il reçoit l’écharpe violette, signe de sa condition liturgique dans l’Église jusqu’à son baptême, où il recevra le vêtement blanc du ressuscité. Je confie alors ce registre des catéchumènes aux communautés contemplatives du diocèse en leur demandant de prier pour ces hommes et ces femmes.

Le long chemin des catéchumènes, souvent plusieurs années, est normalement parcouru avec la communauté paroissiale qui les accueille. Pendant le Carême, de dimanche en dimanche, la liturgie prévoit la possibilité d’étapes liturgiques pour les catéchumènes qui ont reçu l’appel décisif. Elles sont habituellement célébrées publiquement avec la communauté chrétienne qui prie et partage avec les futurs baptisés, les entourant et les soutenant de sa prière et de son amitié. Bien plus, chacun des baptisés est appelé à faire, pour sa part, le même chemin. Ainsi, la nuit de Pâques, il participera à la rénovation des promesses de son baptême, avec la nouvelle jeunesse d’un pardon reçu.

« La coupe que je vais boire, vous la boirez »

Monter avec le Christ à Jérusalem, c’est donc revivre ou vivre ce qu’il explique à ses disciples, précisément sur la route de sa Passion (Marc 10, 35-40). Jacques et Jean, fils de Zébédée, demandent à Jésus, sous l’impulsion de leur mère : « Accorde-nous de siéger dans ta gloire l’un à ta droite et l’autre à ta gauche ». Jésus leur répond : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ! Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire et être baptisés du baptême dont je vais être baptisé ? — Nous le pouvons. — La coupe que je vais boire, dit Jésus, vous la boirez. Du baptême dont je vais être baptisé, vous serez baptisés. Quant à siéger à ma droite et à ma gauche, cela est réservé par le Père à ceux qu’il veut bien », précise saint Matthieu (20, 23). Quelle est donc cette coupe du salut ? Sinon la coupe de l’Eucharistie et en même temps la coupe d’amertume de la Passion. Quel est donc ce baptême ? Sinon le baptême de la Passion et la part que les disciples du Christ prendront à sa mort et à sa résurrection. Ainsi recevons-nous la grâce de la Rédemption sous le nom de "baptême" donné par Jésus lui-même. Son baptême, notre baptême. Le Carême est la marche des baptisés dans la fidélité à la grâce baptismale dont ils auront la rénovation au cours de la Vigile pascale. Avec ceux et celles qui recevront le baptême et feront leur première profession de foi. Au terme d’un même chemin de conversion.

Initialement, cette démarche était réservée à une catégorie particulière de chrétiens “l’ordre des pénitents”, c’est-à-dire les hommes et femmes qui, en raison de leur situation, ne peuvent pas pleinement participer à la vie de l’Église, mais qui sont de l’Église et y ont une place ainsi reconnue. Par exemple, aujourd’hui encore, parmi certaines populations d’Afrique récemment évangélisées, alors que la civilisation a instauré une polygamie légale dans le mariage, un homme qui désire le baptême et qui ne peut ni veut choisir entre ses multiples épouses - ne serait-ce que par justice pour ne pas les renvoyer sans ressources et compromettre l’équilibre familial – est considéré à la manière d’un “pénitent” ou d’un “catéchumène à vie”. Il est dans l’Église ; mais il ne sera pleinement reçu aux sacrements, notamment à la communion eucharistique, qu’à partir du moment où sa vie pourra être mise en conformité avec ce que Dieu demande. En attendant, il n’est pas pour autant exclu de l’Église ; il fait partie de l’ordre des pénitents qui, en Afrique, correspond parfois à d’autres dénominations (“amis des chrétiens”, par exemple). Jadis, des chrétiens se mettaient volontairement dans cette catégorie par esprit de rédemption, pour partager la condition du pécheur, comme Jésus l’a fait : « Celui qui n’avait pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu » (2 Corinthiens 5, 21). D’une certaine façon, une forme de la vie religieuse en est une expression.

« Il n’y a pas de réserviste du mystère du Christ »

Pour l’ensemble des chrétiens, recevoir les cendres en signe de pénitence est aussi un appel à recevoir le sacrement du pardon, “second baptême”, nouveau baptême, nouvelle rémission des péchés de ceux qui sont déjà baptisés. Au cours de la Semaine Sainte ou, en tout cas, dans le temps du Carême pour entrer pleinement dans la fête de Pâques : « confession et communion pascales », disions-nous il n’y a que quelques années encore. Loin d’être une discipline formelle, ce geste s’inscrit donc dans la démarche collective des catéchumènes, des pénitents et dans la logique même du mystère de la Rédemption auquel les chrétiens sont appelés à participer avec toujours plus de vérité.

Tout le Carême est une période singulière et originale. Elle se caractérise non seulement par des pratiques comme le jeûne, mais essentiellement par le mystère du Christ. Les chrétiens, ceux et celles qui sont en état de distance ou de rupture par rapport à la grâce reçue, ceux et celles qui se préparent au baptême, ceux et celles qui se considèrent pécheurs et implorent la miséricorde de Dieu, vont cheminer ensemble, au rythme “exemplaire” des futurs baptisés. Exemplaire, car c’est le chemin que chacun, chaque année, est appelé à parcourir en célébrant le mystère pascal. Devant le mystère de Pâques, le mystère du Jeudi Saint, du Vendredi Saint, en effet, aucun chrétien ne peut dire : « Moi, je sais ; j’ai vécu cela l’année dernière, je suis un ancien ». Comme naguère on aurait dit : « Moi, j’ai déjà fait mon service militaire. Je suis un réserviste. » Il n’y a pas de “réserviste” du mystère du Christ. Même Pierre, le premier appelé par Jésus, a dû refaire ce chemin du mystère pascal, comme chacun des apôtres au cours des années. Et ils nous ont transmis cette réalité par laquelle le peuple chrétien se constitue, ne cessant de participer à l’acte rédempteur qui le sauve et qui lui permet d’être sauveur des hommes avec le Christ unique Sauveur. C’est pourquoi ce temps avant Pâques est un temps d’intense rénovation spirituelle, de “retournement” des esprits et des cours. Un moment favorable pour changer sa vie, reprendre son existence en mains et la remettre entre les mains de Dieu, faire taire la haine et recevoir le pardon du Père, donner généreusement, témoigner de l’amour du prochain plus fort que toutes les divisions humaines. Autrement dit, manifester le mystère du Christ vivant en ses frères et en son Église.

Voilà le sens de ce temps de Carême. Vous le voyez, il serait réducteur et insuffisant de s’imaginer une petite cure d’amaigrissement avant les choux gras ou les festivités du jour de Pâques ! Le Christ nous appelle à entrer dans son mystère pascal, lui qui vient nous prendre par la main pour nous mener où il veut. Afin qu’à notre tour nous soyons témoins de ce chemin auprès de ceux qui s’y avancent pour la première fois, ou hésitent à s’y avancer. Je suis persuadé que beaucoup n’ont jamais perçu le Carême sous cet angle, ni mesuré son véritable enjeu.

C’est la raison pour laquelle me semble nécessaire un véritable effort de re-découverte ou de découverte du Carême. Découverte fondamentale de cette grâce qui nous est faite et de l’originalité chrétienne de ce temps de préparation à Pâques. Chaque année, le Mercredi des Cendres, pour ceux qui veulent faire pénitence, l’appel décisif pour ceux qui demandent le baptême sont la mise en route d’une Église qui, désormais, dans nos vieux pays d’Occident, ne peut plus considérer que le baptême se reçoit à la naissance “seulement”, telle une identité nationale. Pour les “déjà-baptisés” comme pour les adultes “bientôt baptisés”, le Carême est un chemin de progrès spirituel et de fécondité apostolique, un appel à nous réveiller, à avancer, à changer quelque chose. Le Carême, c’est l’anti “bof”, l’anti “à quoi bon ?”, “à quoi ça sert ?”. Vous ne savez pas à quoi ça sert d’aimer, mais il faut aimer et cela bouleverse la vie. À quoi ça sert de pardonner, mais il faut pardonner et cela change le monde.

Ne dites pas : “On ne peut rien”. Vous pouvez suivre le Christ. Et alors, quelque chose bouge ; que nous ne voyons peut-être pas, mais que Dieu voit. Et c’est peut-être la chose la plus importante du monde.

Cardinal Jean-Marie Lustiger

Cardinal Jean-Marie Lustiger

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