Homélie de Mgr André Vingt-Trois – Messe célébrée devant la tombe de l’Apôtre saint Pierre, à l’occasion du consistoire

Basilique Saint-Pierre de Rome - Lundi 26 novembre 2007

L’Eucharistie que nous célébrons ce matin au cœur de cette basilique dans un environnement et un contexte tout différents de ceux que nous avons connus hier dans la basilique haute est un moment de communion très intense avec la personne de Pierre. Cette communion s’enrichit, ainsi que vous l’entendez, de la multiplicité des voix des différentes liturgies et des différentes Églises qui sont en communion avec Pierre et veulent exprimer cette communion en célébrant à proximité du tombeau de l’Apôtre.

Je voudrais simplement que nous méditions quelques instants sur la joie à laquelle les Apôtres sont conduits à travers le témoignage qu’ils rendent au Seigneur. Bien sûr, nous le savons, et nous ne pouvons pas l’oublier ici, encore moins qu’ailleurs, le témoignage rendu à l’Évangile, le simple fait de vouloir vivre comme des chrétiens et d’essayer de se comporter en chrétiens, peut avoir des effets plus ou moins favorables dans nos relations avec le monde qui nous entoure, et à certains moments même des effets d’hostilité ou d’agressivité. Cela peut aller depuis l’indifférence ou la moquerie jusqu’à des mesures de rétorsion sociale ou à des mesures de violence physique.

Mais ce que les Actes des Apôtres veulent nous faire découvrir à travers les aventures de ces premiers témoins de l’Évangile, c’est que l’annonce de l’Évangile est d’abord une source de joie. Non parce qu’elle nourrirait le masochisme de prendre sa joie dans les difficultés ou les souffrances, mais parce que les difficultés rencontrées ou les souffrances subies sont d’abord un chemin et un lieu de communion avec la personne du Christ. Comme nous le savons par les Béatitudes, le Seigneur a promis à ceux qui seraient persécutés en son nom d’être bienheureux et de vivre dans l’exultation et dans la joie. A chacun de nous cette promesse s’applique ; pour chacun de nous elle est une réalité aujourd’hui : nous sommes invités à suivre le Christ, à communier à sa souffrance pour communier à sa Résurrection, et le signe de la foi qui nous anime est précisément la joie que nous sommes capables de recevoir de Lui et dont nous sommes capables de vivre au milieu des difficultés de chaque jour.

Nous essayons, nous devons essayer d’être attentifs à ce que les difficultés de notre mission de chrétiens ne viennent pas assombrir la clarté du message dont nous sommes porteurs. Nous devons être attentifs à ce que l’appel à la perfection évangélique que nous portons ne se transforme pas en une sorte de regard néfaste sur la vie humaine. Si nous sommes appelés à rendre témoignage au Christ, c’est pour le bonheur de l’homme et non pour son malheur.
Ainsi nous entendons cette parole que Jésus adresse à Pierre à la fin de l’évangile selon saint Jean : « Toi, suis-moi ». Dans cette suite du Christ, nous savons que sont intégrés totalement non seulement le témoignage que Pierre sera amené à donner le jour de la Pentecôte et dans les semaines qui suivirent à Jérusalem, mais son témoignage rendu à Rome jusqu’à l’offrande totale de sa vie.

Prions donc le Seigneur, qu’il réconforte et ravive en nous la foi ; qu’il fasse de nous de meilleurs témoins de sa bonne nouvelle adressée aux hommes. Qu’ainsi nous devenions vraiment ses disciples, nous laissant conduire là où il veut que nous allions, même si nous ne connaissons pas le chemin.

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