Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Fête de la Lumière - Messe pour la Communauté Foi et Lumière

Cathédrale Notre-Dame de Paris – samedi 2 février 2008

Homélie du Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris

Evangile selon Saint Luc au chapitre 2, versets 22 40

Chers amis, Dieu est lumière et tous ceux qui aiment Dieu vivent dans la lumière. Et ceux qui vivent dans la lumière sont amis de Dieu. Nous savons quand la lumière éclaire notre vie ; nous savons quand nous pouvons nous regarder les uns les autres, avec amour et confiance ; nous savons aussi, quand nous trahissons la confiance de ceux que l’on aime, que nous avons besoin de nous cacher. Nous passons de la lumière aux ténèbres, à la nuit. « Celui qui n’aime pas vit dans la nuit ».

Depuis le début du monde, Dieu veut donner sa lumière aux hommes, et depuis le début du monde, les hommes ont préféré les ténèbres. Ils ont préféré la nuit parce qu’ils faisaient du mal devant Dieu. Quand Siméon voit l’Enfant-Jésus venir au Temple, l’Esprit-Saint lui fait comprendre que c’est la lumière de Dieu qui revient parmi les hommes. Les habitants du pays de la mort étaient dans les ténèbres, ils étaient dans la nuit, ils ne connaissaient pas le chemin où ils marchaient et ils ne pouvaient pas se voir, se reconnaître et s’aimer. Dans la nuit, dans la nuit à Bethléem, une lumière s’est levée. Dans la nuit, l’étoile de lumière a conduit les mages vers la grotte du Seigneur Jésus. Aujourd’hui, Marie et Joseph portent Jésus à travers la nuit pour qu’il devienne la lumière des hommes. Jésus dira dans l’Évangile : « Je suis la lumière du monde, celui qui vient vers moi ne marchera pas dans la nuit ».

Aujourd’hui, nous sommes heureux d’accueillir la lumière du Christ pour qu’elle éclaire notre regard, pour qu’elle éclaire le visage de ceux que nous aimons, pour qu’elle éclaire le chemin où nous marchons. Par la lumière du Christ, nous ne restons pas dans la nuit, nous entrons nous aussi dans la lumière. Celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu, celui-là entre dans la lumière. Puisque nous croyons que Jésus est le Fils de Dieu, nous entrons avec Lui dans la lumière de Dieu. Quand nous recevons cette lumière de Dieu comme nous l’avons reçue dans la nuit de Noël à Bethléem, comme nous l’avons reçue avec les Mages lors de l’Épiphanie, comme nous la recevons aujourd’hui dans le Temple de Jérusalem avec Siméon et Anne, quand nous recevons cette lumière de Jésus, quand nous croyons que Jésus est notre lumière, alors chacune et chacun d’entre-nous devient lumière pour les autres ; lumière pour le monde ; lumière pour celles et ceux que vous aimez, avec qui vous vivez ; lumière aussi pour ceux que vous ne connaissez pas et que vous rencontrez dans la rue, dans les escaliers, dans les ascenseurs, dans les magasins, pour celles et ceux qui n’ont pas encore reçu la lumière et qui marchent dans la nuit.

Chacune et chacun d’entre-vous qui a reçu la lumière de Jésus peut transmettre cette lumière par la manière dont il regarde ses frères, par la manière dont il sourit à ses frères, par la manière dont il tend la main à ses frères. Jésus dit à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde ». Ce n’est plus seulement Jésus qui est la lumière du monde mais tous ceux qui croient en Lui sont devenus lumière avec Lui. Grâce à nous, grâce à la lumière du Christ qui nous habite, une lumière brille dans la nuit des hommes. Cette lumière brillant dans la nuit des hommes, elle s’appelle espérance.

Elle s’appelle espérance parce qu’elle nous permet de voir ce que les yeux ne voient pas. Nos yeux, pour ceux qui sont voyants, nos yeux voient nos défauts, ils voient nos rides, ils voient nos déformations, ils voient nos misères. La lumière du Christ nous fait voir ce qui est dedans, ce qui est invisible aux yeux : l’amour qui habite nos cœurs. Pour continuer d’être la lumière du Christ, pour devenir lumière au milieu des hommes il faut que vous croyez que Jésus est le Fils de Dieu, et la lumière ne peut pas se séparer de la foi, et la foi ne peut pas se séparer de la lumière.
Vous êtes foi et lumière : vous croyez, vous voyez et vous éclairez. Alors, tous ensemble, tout à l’heure, nous allons dire : « Je crois » ; comme nous l’avons fait au moment de notre baptême. Quand nous dirons : « Je crois », c’est la lumière du Christ qui éclairera nos cœurs et qui fera apparaître l’invisible. Que la foi soit votre joie, que votre joie soit votre lumière.
Amen.

+André cardinal Vingt-Trois

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