Les religions mettent-elles en danger le vivre ensemble sur le 20e arrondissement ?

Dans un petit article « Sur le vif », dans le N°10 de Sept Ici, journal des conseils de quartier, Martine Birling, présidente du conseil de quartier Saint-Blaise, s’interrogeait sur le risque que faisait courir pour le vivre ensemble sur le 20e le fait que les catholiques de Saint-Germain de Charonne célèbrent la fête des Rameaux sur la place Saint-Blaise.

Elle tendait à penser qu’Ils devraient rester dans leur église et ne pas être autorisés à se rassembler sur l’espace public, puisque la religion fait partie d’après elle du domaine privée. Cela pourrait créer, pensait-elle aussi, des conflits entre communautés. Couper la circulation des transports en commun à cette occasion lui semblait aussi particulièrement inacceptable.

Le Père Meunier, curé de Saint-Germain de Charonne essaye d’apporter un autre regard à ce point de vue.

En effet ce jour-là nous dérangeons certains habitants et nous nous en excusons. Mais le vivre ensemble nous amène tous à être parfois dérangés par une association, un syndicat, une amicale qui rassemble dans la rue à telle ou telle occasion. Nous l’acceptons, parce que nous comprenons que c’est important pour la vie sociale, et à condition que cela ne revienne pas trop souvent. Pourquoi l’interdire aux communautés religieuses ? Nous le faisons 2 heures par an. Est-ce excessif ?

La religion est-elle du domaine privé ?

La religion est par nature une manière de se relier à d’autres et à Dieu-lui-même. Nous sommes donc nécessairement aussi dans le domaine social et public.

Les autorités de l’État, y compris celles qui ont voulu la loi de séparation de l’Église et de l’État, l’ont toujours compris et ont donc favorisé la liberté d’exercice du culte, et donc de se rassembler. En autorisant cette manifestation, la Préfecture de Police ne fait que rendre effectif ce droit.

Il ne faut pas confondre le service public, que nous voulons neutre et laïc, et l’espace public, qui est l’espace où tous ont leur place. On peut d’ailleurs penser que le communautarisme est provoqué en partie par le refus de certains de faire place à des cultures et des religions qui ne sont pas les leurs.

Serait-il possible de rassembler ce monde dans notre église ?

Elle fait 256 places. Nous rassemblons à la fête des Rameaux environ 2 000 personnes pour la seule messe de 10h30. Comment faire alors ? La place Saint-Blaise permet de les accueillir. Couper la circulation n’est pas d’abord une question d’aise pour nous, mais de sécurité. En conséquence, la Préfecture ferme la circulation.

Y a-t-il risque de communautarisme et de conflits entre communautés ?

Quand nous rassemblons 2 000 habitants du quartier, originaires de 53 pays différents recensés, pour une heure d’union dans la prière, favorisons-nous le communautarisme ou l’unité du genre humain ?

Nous pensons accomplir sur ce quartier au long des jours un travail social et de fraternité inestimable.

Puissent ces quelques propos éclairer le débat du conseil de quartier et les lecteurs de Sept d’Ici ou de l’Ami du 20e. Beaucoup nous ont d’ailleurs dit qu’ils appréciaient la manière dont les chrétiens apportent leur pierre à la vie sociale de ce quartier et ne comprenaient pas cette réaction. Puissions-nous donc mieux nous comprendre, avec nos différentes sensibilités.

Père Michel Meunier,
curé de St Germain de Charonne

Chrétien au cœur de Paris