À écouter : La miséricorde, qu’est-ce que cela signifie ?

« La miséricorde n’est pas une posture humaine, même relookée. C’est l’être intime de Dieu, son cœur de Père, sa bienveillance envers les hommes et le monde, son attribut ultime, l’expression la plus haute de sa justice. » Une chronique de Mgr Denis Jachiet.

La miséricorde, qu’est-ce que cela signifie ?
Chronique sur la miséricorde par Mgr Denis Jachiet, vicaire général.

Tout au long de cette année sainte nous allons redécouvrir le thème de la miséricorde. Nous allons approfondir son contenu très riche, mieux comprendre comment il éclaire notre foi, comment il peut transformer notre manière d’être et d’agir.

Hélas, le mot de « miséricorde » a pris beaucoup de poussière avec le temps ! Tantôt il fait penser à la condescendance distante de ceux qui ont tout envers ceux qui manquent de tout. Cette pièce qui tombe de la bourse des riches dans la sébile du pauvre sans même un regard… Tantôt il évoque la faiblesse de celui qui préfère couvrir le mensonge et l’injustice plutôt que de les affronter. Ce bon papa au cœur ramolli qui laisse tout faire pour éviter la dispute…

Dépoussiérons une bonne fois le mot splendide de miséricorde de toutes ses caricatures de toutes ses couches de poussière. La miséricorde n’est pas un déni de justice, elle n’a rien à voir avec la condescendance, ni la paresse ou la lâcheté !
En latin Miseri veut dire les pauvres et Cor, le cœur. Miseri-cor, c’est le cœur vers les pauvres. La miséricorde consiste à avoir le cœur qui bat pour les pauvres. Quoi de plus beau, de plus chaleureux, de plus courageux ! Le mot miséricorde, dit saint Thomas d’Aquin, signifie un cœur rendu misérable par la misère d’autrui. La miséricorde, c’est la compassion pour toutes les formes de souffrances ; c’est la patience bienveillante devant la lenteur de la conversion ; c’est le pardon généreux envers qui se reprend ; c’est le cœur qui s’ouvre devant la misère du prochain. Ce cœur sensible à la misère ne se réduit pas à des sentiments à de l’émotion. Ce cœur est une attitude de toute la personne, un engagement de la volonté, à la fois une disposition de l’âme et une manière d’agir. Il pousse à vouloir faire cesser la misère du prochain comme on le ferait pour la sienne.

La miséricorde n’est pas une posture humaine, même relookée. C’est l’être intime de Dieu, son cœur de Père, sa bienveillance envers les hommes et le monde, son attribut ultime, l’expression la plus haute de sa justice. La miséricorde, telle que l’Écriture Sainte nous la dévoile, c’est Dieu saisi aux entrailles par ma détresse qui vient à mon secours et me délivre.

Année sainte de la miséricorde

Chronique de Mgr Denis Jachiet