À la sacristie, une sentinelle pleine d’humanité

Paris Notre-Dame du 9 octobre 2014

Depuis douze ans, Michèle Lemonnier est sacristine à N.-D. du Rosaire (14e). Son portrait constitue le deuxième volet de notre série mensuelle sur les bénévoles.

Michèle, la sacristine aime accueillir les gens du quartier de N.-D. du Rosaire (14e).
© Alix Bourel

Tout le monde la salue, elle salue tout le monde. Michèle, 69 ans, patiente au café du coin. Juste à côté de N.-D. du Rosaire (14e), « son lieu de vie ». Il pleut. Lunettes orange, sac et parapluie jaune vif : le mauvais temps n’aura pas raison d’elle. Elle raconte avec sa voix grave : « Quand je vois des nouveaux, je me présente toujours : je suis Michèle, la sacristine », une fonction qu’elle exerce gracieusement depuis douze ans dans sa paroisse. Enterrement, mariages, baptêmes, messes… Michèle est à l’église tous les dimanches : « Je prépare l’autel en premier. Je pose la nappe, les cierges, je vérifie la quantité d’hosties, je prévois les calices… » Elle contrôle les micros, ouvre le lectionnaire. Elle s’installe toujours devant, « au cas où un prêtre aurait besoin de quelque chose ». Elle veille sur la sacristie de N.-D. du Rosaire (14e), une pièce étroite, éclairée par un puits de lumière et dominée par une croix immense. Au centre, un oratoire, quelques livres, des icônes. Tout autour, tiroirs et placards accueillent des ornements liturgiques, aubes, chasubles et étoles : « Je m’assure que tout soit propre, rangé et prêt pour les célébrations », explique la gardienne du lieu. « Ça entre, ça sort. On entend des bavardages et des confidences. Cet endroit doit être respecté. » Michèle aime y « accueillir les prêtres, séminaristes et servants d’autel – une bande dissipée mais très attachante ». Autant d’occasions de faire connaissance avec eux de façon plus personnelle. Ce qui lui fait dire qu’elle a une « situation privilégiée ». Son rôle consiste principalement à tenir la sacristie et à ordonnancer les célébrations, mais Michèle est généreuse. Selon elle, sa charge « comprend aussi une démarche d’accueil ». Elle soutient les familles endeuillées : « Ce sont des moments forts de partage, d’amour. » Elle évoque cette mère, dévastée par la perte de son fils, qui lui est « tombée dans les bras ». Elle a été dix-huit ans sur tous les fronts : chorale, liturgie, accueil… Et cela l’a épanouie : « Moi, j’aime tout ce que je fais dans une église. »

Un parcours chahuté

Il faut dire que l’engagement est sa seconde nature. Avant de frapper à la porte de N.-D. du Rosaire (14e), en 1996, Michèle avait quitté l’Église depuis trente ans. Elle était devenue militante CGT au grand magasin du Printemps en 1973. Son père, qui lui a transmis une éducation catholique, l’avait raillée : « On a fait de toi une Louise Michel. » Oui, la militante n’a jamais supporté l’injustice. De retour à l’Église, désireuse de s’investir, le curé lui avait suggéré d’animer l’accueil de la paroisse. Elle était tombée des nues : « Moi ? Pas possible, je suis trop stricte. Je sais dire oui et non. » Finalement, Michèle a su trouver les mots pour réconforter : « Le prêtre n’avait pas tort, il y avait en moi des choses que je ne soupçonnais pas. » Elle est ensuite devenue sacristine, « grâce à la très bonne formation donnée par une bénévole ». Et en observant le célébrant, elle a complété son apprentissage : « Je lui demandais si je n’avais rien oublié. » Elle sourit : « Cette fonction m’enrichit, m’aide à progresser dans la liturgie, à connaître les gens. » Puis elle hausse les épaules : « J’ai fait tout un chemin, je suis partie, je suis revenue, mais le Seigneur m’a acceptée comme j’étais. » • Alix Bourel

Et si c’était pour vous ?

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 N’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre paroisse, à envoyer votre candidature sur recrutement-formation@dioceseparis.net et à regarder les offres en ligne. • A. B.

Bénévolat