Des dimanches pas comme les autres
Paris Notre-Dame du 26 juin 2014
Les fidèles de St-Denys de la Chapelle (18e) ont du talent et ils le partagent ! Tous les mois, dans leur paroisse, le dimanche se transforme en jour de fête. Une belle manière de redonner toute sa place à la vie ecclésiale et fraternelle.
Cuisine, gospel, bricolage, musique, théâtre, etc. : une fois par mois depuis septembre, les paroissiens de St-Denys de la Chapelle (18e) sont invités à vivre ensemble un dimanche entier afin de partager leurs passions. Bien rôdés, « ces “dimanches des talents” permettent à chacun de prendre sa place dans la communauté », explique le P. Arnaud Goma, curé. Dès 9h30, tout est prêt : un petit déjeuner attend les enfants et les adultes dans le hall d’accueil de l’église. Un quart d’heure plus tard, tandis que les plus jeunes suivent un temps de catéchisme (qui n’a plus lieu en semaine depuis le changement des rythmes scolaires), ceux de l’aumônerie écoutent attentivement les explications d’un animateur sur les gestes de la messe. Quant aux parents, ils planchent en groupe sur l’Évangile du jour. À 11 heures, la messe rassemble tout le monde. Constitué pour l’occasion, un groupe de musique – avec sa batterie et son djembe – répète depuis le matin. « Nous choisissons des chants rythmés qui portent à la prière et à la louange, raconte Gilles Biko Ro Bieko, 33 ans, pianiste. Cela m’aide à prier. »
Esprit de famille
Dans ce quartier où vivent de nombreuses personnes d’origine étrangère, le dimanche est souvent synonyme de solitude. C’est pourquoi, le P.Goma a eu l’idée de prolonger le rassemblement dominical par un après-midi festif où« les talents de chacun, dons du Seigneur, sont valorisés et mis au service des autres ». Au sous-sol, après la messe, la salle « du parquet » se remplit à chaque fois d’une soixantaine de paroissiens bien décidés à profiter au maximum de ce « dimanche longue durée ». Après l’apéritif et le repas partagé, des ateliers sont organisés sur le thème du jour : concours de petits sablés, réalisation d’une fresque géante, etc. Un dimanche, un père et son fils, tous deux artistes peintres, ont expliqué aux autres comment tenir un pinceau. Une autre fois, une jeune joueuse de trompette, ravie d’être au centre des attentions, a présenté son instrument avant de jouer un morceau. « La paroisse, c’est ma deuxième famille, explique Gilles. Ces journées permettent de renforcer nos liens, surtout au sein de notre groupe de musique. Cela nous a donné l’idée de proposer nos services pour animer des messes de mariages, afin que même ceux qui sont éloignés de l’Église aient une belle célébration. » Pour le P.Goma, ils’agit avant tout « d’habiter la maison du Seigneur, de vivre l’enseignement de la Parole différemment et de sentir combien “il est bon pour des frères de vivre ensemble et d’êtreunis” (Ps 133). » Une façon aussi de dynamiser la pratique dominicale et de motiver les fidèles à participer à la vie paroissiale. • Agnès de Gélis
Témoignage
Anne-Charlotte Bilonozhko, 40 ans, mère de famille et coordinatrice de la catéchèse à St-Denys de la Chapelle.« J’apprécie beaucoup les “dimanches des talents”. Le jour où mon fils a partagé devant les paroissiens sa passion pour la peinture, j’ai senti combien c’était important pour lui. Mon mari, orthodoxe, qui ne vient jamais à la messe avec nous, nous a pourtant accompagnés tous ces dimanches. C’est une expérience familiale très forte. Ce jour-là surtout, on sent que la paroisse est vivante. Lors du concours cuisine, le 8 décembre, j’ai remarqué que tout le monde était heureux de faire quelque chose en commun, toutes générations confondues. » • Propos recueillis par A.G.
