« Fête-Dieu : le désir de voir Dieu »

Paris Notre-Dame du 8 juin 2017

Dimanche 18 juin, l’Église célèbre la solennité du Corpus Domini. L’occasion, pour le P. Régis Lecourt, chapelain de N.-D. du Saint-Sacrement (16e), de revenir sur la petite histoire du culte de l’eucharistie.

Procession du Saint- Sacrement à Paris.
© Sophie Hillion

Paris Notre-Dame – Quelle est l’origine de la Fête-Dieu ?

P. Régis Lecourt – Cette fête a été instituée en 1264, mais elle est tombée comme un fruit mûr. Le culte de l’eucharistie en dehors de la messe remonte aux premiers siècles de l’Église. À partir du concile de Nicée, en 325, se généralise le principe de la réserve eucharistique, c’est-à-dire des tabernacles où est conservée la présence réelle. Cependant, le Seigneur reste caché. Jusqu’au jour où le théologien français, Béranger de Tours, déclenche une querelle en affirmant que la présence du Christ n’y est que symbolique. L’Église énonce alors le concept de la transsubstantiation. Mais si c’est vraiment le Christ qui est présent dans les saintes espèces, « on veut le voir ! », réclament les fidèles. En 1200, à N.-D. de Paris, a lieu la première élévation au moment de la consécration. À l’origine de la Fête-Dieu, le désir de voir Dieu !

P.N.-D. – Quelques années plus tard, à Liège, une religieuse a d’étranges visions…

R. L. – Oui ! Sainte Julienne de Cornillon voit une lune brillante traversée par une bande noire. La lune figure l’hostie, pleine de la lumière de Dieu manifestant la présence réelle. Le trait noir, l’absence d’une fête liturgique dédiée à l’adoration. Parallèlement, en 1226, à Avignon, le roi Louis VIII, pour célébrer sa victoire contre les cathares, expose le Saint-Sacrement dans une église ; cette première adoration perpétuelle ne sera interrompue qu’en 1792. Quand le directeur spirituel de Julienne devient le pape Urbain IV, il institue, en 1264, la fête du Corpus Domini.

P.N.-D. – Pourquoi ne pas l’avoir fixée au Jeudi saint ?

R. L. – Il ne faut pas confondre le Jeudi saint, qui fait mémoire du sacrifice de l’eucharistie, et la Fête-Dieu, qui honore la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Ce sacrement, grâce auquel Jésus est « avec [nous] tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20), récapitule tout : le don de Jésus lui-même au soir du Jeudi saint, mais aussi la prière communautaire, l’accueil de la parole de Dieu, la vie fraternelle, la participation au banquet pascal…

P.N.-D. – Peut-on parler d’un « printemps eucharistique » ?

R. L. – Depuis les JMJ de Cologne, en 2005, au coeur desquelles Benoît XVI avait placé l’adoration, quelque chose d’incroyable se passe dans l’Église. J’en suis le témoin émerveillé à la chapelle N.-D. du Saint-Sacrement (16e). Jusqu’à peu, l’adoration était l’affaire des soeurs et des pères du Saint-Sacrement installés ici. Mais il y a trois ans, après une mission, trois cents personnes se sont inscrites pour adorer une heure chaque semaine, de 6 heures à minuit. Le peuple de Dieu a pris la relève ! La redécouverte de la Fête-Dieu et celle, notamment, des processions du Saint-Sacrement, s’inscrit dans cet élan. Si je crois que le Christ est réellement présent dans son eucharistie, j’ai envie de la fêter, la célébrer et la porter au monde entier !

Propos recueillis par Alexia Vidot

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