Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe à Notre-Dame de Paris - Journée mondiale de prière pour les vocations - 4e dimanche de Pâques - Année B

Dimanche 26 avril 2015 - Notre-Dame de Paris

En se décrivant comme le bon pasteur, le vrai berger, Jésus définit sa mission pastorale dont il est l’acteur principal et qui se perpétue à travers le temps et l’espace dans le ministère sacerdotal. Il est le vrai pasteur parce qu’il est le seul Sauveur. Les prêtres sont appelés par leur mode de vie à donner un signe que Dieu mobilise toutes les capacités de la personne humaine.

 Ac 4,8-12 ; Ps 117, 1.4.8-9.22-23.28-29 ; 1 Jn 3,1-2 ; Jn 10,11-18

Frères et Sœurs,

En ce dimanche où Jésus se décrit comme le vrai pasteur, le bon pasteur, l’Église nous invite traditionnellement à réfléchir et à prier d’une façon plus spéciale pour les vocations sacerdotales, puisque il s’agit de cette mission pastorale dont le Christ est le principal acteur. Comment cette mission pastorale du Christ se perpétue-t-elle à travers le temps et l’espace d’une façon garantie par la parole de Dieu lui-même ?

Il faut que nous revenions peut-être de façon brève sur la figure du pasteur qu’est Jésus lui-même. Les Actes des Apôtres nous rapportent une partie du discours de Pierre après la guérison du paralytique. Pierre conclut son discours en disant : « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Ac 4,12) Cette phrase très simple exprime quelque chose de tout à fait central dans la foi catholique et dans notre expérience chrétienne. Il y a un sauveur, et il n’y en n’a qu’un seul : c’est Jésus lui-même ! Il n’y a pas d’autre nom donné aux hommes qui puisse nous sauver. Jésus unique sauveur, pourquoi ? Il est l’unique sauveur parce qu’il est le seul qui fait l’offrande de sa vie pour le salut des hommes. Il ne se suicide pas, il ne cherche pas à mourir dans la « dignité », il ne cherche pas à mourir en héros. Il se laisse conduire à la mort en faisant l’offrande de sa vie par amour pour les hommes, et par obéissance à Dieu. Il est le seul par qui nous puissions être sauvés, non pas seulement parce qu’il a donné sa vie pour nous, parce qu’après tout, il aurait pu donner sa vie et l’histoire aurait pu s’arrêter là ! Il est notre sauveur parce qu’il a donné sa vie et qu’il a le pouvoir de la recevoir à nouveau, c’est-à-dire que Dieu l’a ressuscité. Il nous sauve parce qu’il est vainqueur de la mort, non pas parce qu’il est soumis à la mort, mais parce que mis à mort il est ressuscité et il montre ainsi que la puissance de Dieu est plus grande que les forces du mal et de la mort. Ainsi, il est le sauveur présenté à l’humanité tout entière.

Essayons de comprendre comment cette mission d’unique sauveur du monde va se perpétuer. A ceux qu’il a appelés à le suivre, il va imposer les mains et donner l’Esprit Saint pour qu’ils poursuivent sa mission, non pas pour qu’ils le remplacent, mais pour qu’ils soient les témoins actuels de cette mission. C’est le ministère des prêtres qui consiste à donner le signe que la mission reçue de Dieu mobilise toutes les capacités de la personne humaine. Cette mission suppose que l’on soit totalement donné et être totalement donné, cela veut dire simplement accepter de ne vivre que pour la mission reçue et renoncer à la puissance sur les autres, renoncer à l’enrichissement, renoncer à la possession des personnes. Nous le savons, cette mission et ce chemin, nous les parcourons comme des pécheurs ; nous ne sommes pas toujours à la hauteur de la mission qui nous est confiée, mais ce n’est pas parce que nous sommes faibles que la mission est mauvaise, ce n’est pas parce que nous avons du mal à l’accomplir que Dieu s’est trompé. Et plutôt que de prendre prétexte de nos faiblesses pour mettre en doute le véritable Sauveur qu’est le Christ, il vaudrait mieux que nos faiblesses soient un appel à être plus fidèles encore à la mission de Jésus.

Ainsi frères et sœurs, en ce jour où nous allons solliciter votre générosité pour les jeunes qui sont en formation, je voudrais vous inviter particulièrement à prier pour eux. Au mois de juin prochain, j’en ordonnerai au moins une douzaine ici-même, dans cette cathédrale, et déjà je les porte dans la prière et je vous invite à les porter avec moi. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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