Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe et confirmations à Saint-Joseph des Épinettes

Dimanche 24 janvier 2016 - Saint-Joseph des Épinettes (17e)

La Parole proclamée dans l’assemblée convoquée et réunie par le Seigneur rejoint chacun dans sa propre vie, aujourd’hui. C’est l’"aujourd’hui" de la liturgie. Le don du Saint Esprit à la confirmation vient aider à vivre et à témoigner de la Bonne nouvelle jour après jour.

 3e dimanche du temps ordinaire – Année C
 Ne 8, 2-4a.5-6.8-10 ; Ps 18 ; 1 Co 12,12-30 ; Lc 1 ,1-4 ; 4, 14-21

Frères et Sœurs,

Aujourd’hui s’accomplissent ces passages de l’Écriture que nous venons d’entendre. En effet, nous avons entendu le récit de la lecture du Livre de la Loi à Jérusalem. Après que les Juifs en aient été éloignés pendant de nombreuses années, ils ont pu revenir et écouter à nouveau la lecture de la parole de Dieu, assortie d’explications pour leur permettre de comprendre ce qu’ils entendaient. De même, le jour du sabbat à Nazareth, Jésus va à la synagogue comme tous les Juifs, où on lit un passage de l’Écriture et on le commente. Lorsqu’il y a un invité, pour lui faire honneur, on lui demande de faire cette lecture et ce commentaire. C’est ainsi que Jésus est appelé à lire le passage du livre d’Isaïe que nous avons entendu.

Chaque dimanche quand nous participons à l’eucharistie, nous entendons la proclamation de la parole de Dieu, et le prêtre ou le diacre donne des explications, comme je suis en train de le faire. Il ne s’agit pas d’explications de textes comme on peut en faire au collège ou au lycée, mais d’une explication de l’esprit de ces paroles que l’on a entendues. En effet, ces paroles qui doivent être proclamées publiquement dans l’Église s’adressent à chacune et à chacun d’entre nous. Je ne sais pas quelle parole va toucher votre cœur. Je ne sais pas ce que le Seigneur veut dire à chacune et à chacun d’entre nous, mais je sais que ces paroles prononcées produisent leur effet, qu’elles atteignent non seulement notre intelligence, mais aussi qu’elles nous touchent au cœur. C’est pourquoi, avec Jésus nous pouvons dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » (Lc 4,21).

Dieu nous parle parce que nous disposons dans la Bible du recueil des paroles qui ont été adressées au peuple d’Israël puis aux disciples de Jésus. Nous possédons le recueil établi le plus précisément possible, comme nous le dit saint Luc, pour savoir ce que Dieu a voulu dire. Mais la parole de Dieu que nous écoutons n’est pas simplement un témoignage historique sur ce qui s’est passé il y a plusieurs milliers d’années, c’est une parole pour aujourd’hui et une parole d’aujourd’hui. C’est pourquoi nous entendons la parole du Christ : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre », aujourd’hui comme au temps d’Isaïe, comme au temps d’Esdras, comme au temps de Jésus, Dieu s’adresse à son peuple, lui envoie des messages qui concernent le peuple tout entier, et des messages qui concernent chacune et chacun des membres de ce peuple. Mais aujourd’hui, cette parole s’accomplit encore davantage -si je puis dire- car la lecture que Jésus a faite du livre d’Isaïe, marque le début de sa mission par le don de l’Esprit Saint en vue de la mission pour laquelle il a été envoyé : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Lc 4,18).

L’onction de l’huile sainte pénètre la peau de façon indélébile. Cette marque que je vais tracer sur le front des confirmands tout à l’heure avec le saint chrême est l’onction de l’Esprit qui pénètre leur âme et leur cœur. Cet Esprit, ils le reçoivent pour être mieux capables de comprendre leur vie de chrétiens, pour être plus forts afin de vivre fidèlement la parole du Christ. Mais ils le reçoivent aussi, à l’exemple de Jésus, comme une mission qui leur est confiée. Alors nous devons entendre à nouveau cette mission telle que Jésus l’a lue dans le prophète Isaïe : « Porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4,18-19).

Tous les membres du corps de l’Église, tels que saint Paul les évoquait tout à l’heure, participent de la mission de l’Église qui est d’annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et de donner les signes de la délivrance. Chacune et chacun des membres de l’Église, selon sa personnalité, selon ses qualités et ses limites, est appelé à participer à cette mission. En demandant à recevoir le don de l’Esprit Saint, vous vous proposez de prendre votre part de la mission de l’Église. Vous vous proposez pour que votre vie, pas simplement vos paroles, mais votre manière de vivre et votre manière d’être annoncent la Bonne Nouvelle. Vous vous préparez et vous vous proposez pour devenir témoins de la joie du Seigneur. C’est la joie du Seigneur qui est notre rempart, notre protection par rapport aux malheurs de la vie. C’est la joie du Seigneur qui nous permet d’affronter les difficultés. C’est la joie du Seigneur que nous sommes appelés à manifester à travers notre façon de vivre.

Alors, oui, « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre », vous devenez témoins de la joie du Seigneur par votre manière de mettre en pratique l’Évangile jour après jour tout au long de votre vie. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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