Jérusalem, la mère de toutes les Églises

Paris Notre-Dame du 1er décembre 2016

Paris Notre-Dame – Vous êtes de passage à Paris pour présenter votre nouveau livre, Pour l’amour de Jérusalem (éd. Bayard). Pouvez-vous nous dépeindre ce diocèse de Jérusalem dont vous êtes le patriarche émérite ?

Mgr Fouad Twal, un Jordanien d’origine bédouine a été archevêque coadjuteur de Jérusalem de 2005 à 2008, puis patriarche latin de Jérusalem jusqu’en juin 2016.
© Céline Marcon

Mgr Fouad Twal – Jérusalem est la mère de toutes les Églises du monde. C’est dans cette ville que tout a commencé, que le Christ est ressuscité. Il faut aimer sa mère, même si elle a des rides sur le front ! Je l’appelle parfois l’Église grand-mère parce qu’elle est la plus ancienne de toutes les Églises. Notre communauté n’a plus l’enthousiasme des débuts, elle est fatiguée, réduite en nombre. Nous sommes aussi l’Église du calvaire : la situation politique et économique de la région est difficile ; nous n’arrivons pas à enrayer la machine d’injustice et de violence, à instaurer la paix entre les enfants de Jérusalem. À la suite de notre maître, le Christ, nous devons accepter que la Croix soit notre compagnon de route. Malgré ce poids, on sent dans l’église du St-Sépulcre (bâtie sur le tombeau du Christ, ndlr) l’odeur de la Résurrection et de l’espérance. C’est une grande grâce.

P. N.-D. – Qui sont les chrétiens de Terre Sainte ?

Mgr F. T. – C’est une petite communauté – environ 2% de la population totale –, mais très fidèle. L’Église universelle doit quelque chose à ces chrétiens : ils sont restés fidèles à leur foi, malgré les vicissitudes du temps, les guerres et les souffrances. Face aux difficultés, certains ont la tentation d’émigrer. Je les encourage à rester. La présence des chrétiens en Terre Sainte est importante, car ce sont des témoins de l’histoire du Salut.

P. N.-D. – Dans votre livre, vous lancez un appel à la paix en Terre Sainte. Quel est le rôle des chrétiens dans le processus de paix ?

Mgr F. T. – Les chrétiens ont la responsabilité de favoriser le dialogue interreligieux. Je crois que les rencontres de courtoisie ne mènent pas à grand-chose. En revanche, un vrai dialogue peut s’instaurer au travers des activités pastorales et des institutions chrétiennes. En Terre Sainte, l’Église catholique gère 118 écoles, qui accueillent environ 75 000 élèves, et 11 hôpitaux. Dans ces lieux se croisent des chrétiens, des juifs et des musulmans. Les chrétiens peuvent y donner un beau témoignage de leur foi et promouvoir le respect de l’autre. L’association Caritas joue aussi un grand rôle pour rapprocher les personnes : même celles qui sont les plus virulentes ne sont pas insensibles à la charité.

P. N.-D. – Avez-vous un message pour nos lecteurs ?

Mgr F. T. – Nous avons tellement besoin des Églises sœurs du monde entier, de leur aide au niveau matériel et spirituel. J’invite vos lecteurs à venir en pèlerinage en Terre Sainte, afin de retourner à leurs racines, de prier avec nous pour la paix au Moyen-Orient. La présence des pèlerins nous console, nous donne le sentiment de ne pas être délaissés. Elle envoie aussi à tous un message : elle montre que Jérusalem n’est pas qu’une ville de conflits, mais aussi une ville de prière et de paix. • Propos recueillis par Céline Marcon

Les chrétiens d’Orient

2016-2017