L’Apôtre : un musulman embrasse la foi catholique

Paris Notre-Dame du 2 octobre 2014

Dans son cinquième long-métrage, Cheyenne Carron narre la conversion d’un jeune musulman, Akim, touché par l’amour du Christ. Un sujet délicat qu’elle aborde avec une grande simplicité.

© D.R.

Paris Notre-Dame – Pourquoi réaliser un film narrant la conversion d’un musulman au catholicisme ?

Cheyenne Carron – Ce film est inspiré d’un fait divers que j’ai vécu lorsque j’avais 19 ans : l’assassinat par un jeune musulman de la sœur du prêtre de mon village. Par charité pour les parents de ce jeune homme, le curé a posé un acte sublime en décidant de demeurer dans le village, auprès d’eux. Il eut été si naturel qu’il s’en aille… Cette façon de réagir a été une claque pour moi. Par cette réalisation, j’ai voulu rendre hommage à ce saint anonyme qu’était ce prêtre et à sa soeur, une femme très généreuse. Dans mon film, Akim, le jeune musulman est interpellé par cet acte surnaturel du prêtre mû par la grâce. Il cherche à comprendre ce qui se joue et va ainsi découvrir ce qu’est être chrétien. Ces dernières années, j’ai été accompagnée à la messe par un jeune musulman récemment converti au christianisme. C’est lui qui m’a inspiré la suite du film.

P. N.-D. – Qu’avez-vous souhaité mettre en avant dans cette conversion ?

C. C. – La trame du film est la quête, par le héros, de cette foi dans une religion qui n’est pas la sienne. Il s’agit pour lui d’un cheminement avec un vrai combat intérieur. Il n’est pas simple de changer de religion : il se trouve tour à tour en proie à la culpabilité et à ce désir absolu d’aller vers le Christ. Il est tiraillé entre ce sentiment de traîtrise vis-à-vis de sa tradition et de sa famille et cette attirance pour la religion catholique, cet amour impossible. Il vit aussi un combat extérieur, en raison du regard de sa famille et de sa communauté dont il subit les attaques. Dans l’islam, renier sa foi est synonyme d’apostasie. Dans la culture arabo-musulmane, la réputation, l’honneur sont extrêmement importants. Il subit donc des pressions jusqu’à être bastonné par des extrémistes.

P. N.-D. – N’avez-vous pas pris un risque avec ce film politiquement incorrect ?

C. C. – Jusqu’ici, il n’y avait pas eu de film sur ce sujet dans la mesure où la conversion est un interdit de la religion musulmane. Il fallait donc du courage pour en parler, briser un tabou. J’ai pris un risque en le réalisant. Mais il me semble tellement insignifiant par rapport à l’hommage que je souhaitais rendre à mon curé de campagne !

P. N.-D. – Y a-t-il une forme d’accomplissement pour vous dans ce film ?

C. C. – Pour moi, ce film est en effet une étape. Il dit que quelqu’un témoin d’un acte de charité est touché au coeur et gagné par l’amour. Le fond de ma pensée est que l’on ne peut pas résister à la religion catholique dans ce qu’elle a de plus beau. Pour moi, beaucoup de personnes sont chrétiennes et l’ignorent. L’amour triomphe de tout : comment résister au message si profond et si grand du Christ ?

P. N.-D. – Pourquoi avoir appelé ce film L’Apôtre ?

C. C. – À mon sens, l’apôtre est celui qui témoigne de sa foi, qui transmet la Parole à l’autre. C’est quelqu’un qui aide l’autre à trouver son chemin de foi par un acte de charité. Aujourd’hui, nous sommes dans une société qui manque d’apôtres, nous en avons crucialement besoin. Nous autres chrétiens devons être des apôtres dans nos familles, auprès de nos amis, dans notre travail.

P. N.-D. – Comment vos comédiens musulmans ont-ils vécu ce film ?

C. C. – Ils ont défendu leur rôle au plus juste et semblent avoir bien vécu le film. Pour moi, cela serait formidable s’ils étaient les précurseurs d’un débat, au sein de leur religion, sur la tolérance, la conversion, le respect de la différence et l’amour du prochain. • Propos recueillis par Ariane Rollier

PRATIQUE
 Plus d’infos : www.faysalsafi.com
 Film disponible en dvd : cheyennecarron@gmail.com

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