La chapelle du Père Lachaise

En 1818, Mme Veuve Bosquillon lègue 40 000 Francs pour servir à l’édification d’une chapelle dans le cimetière de l’Est, dit du Père Lachaise.

Le préfet charge l’architecte Godde de réaliser les plans en utilisant la maison du Père Lachaise, qui est encore debout, mais en mauvais état. Plusieurs projets sont refusés, trop compliqués ou trop onéreux. Le dernier fut accepté le 12 juillet 1820, et l’on commença la démolition de la maison des jésuites, dont les matériaux furent réutilisés. Mise en service en 1823, la chapelle dépendait de Saint-Germain de Charonne.

En 1828, le Ministre des Cultes nomme M. Salmon pour s’occuper de la chapelle, avec le titre d’Aumônier des dernières prières, et un salaire de 3 000 F et 800 F pour l’entretien des lieux.

Le salaire étant supprimé par la révolution de 1830, le curé de Charonne offre de le prendre en charge, et tout rentre en ordre jusqu’en 1845. M. Salmon avait contracté l’habitude de laisser les familles fixer leurs tarifs pour les messes anniversaires. Il était moins onéreux de célébrer une messe dans la chapelle que dans la paroisse d’origine du défunt. Les curés profitent de la nomination d’un nouveau chapelain pour protester.

Ainsi, un règlement voit le jour en 1850 : « La chapelle est affectée au culte catholique, et destinée aux personnes qui désirent venir prier pour les morts. » Des messes basses commémoratives peuvent y être dites, à l’exclusion d’autres exercices de culte. Le tout est tarifé en 10 classes ! 

A partir de 1879, le poste d’aumônier n’est pas remplacé, et la chapelle devient seulement une annexe de Saint-Germain de Charonne, desservie par son clergé. On peut y célébrer les obsèques de corps venant de province, et surtout des messes basses d’anniversaire ou de fondation. 

Actuellement, la chapelle dépend de la paroisse Notre-Dame du Perpétuel Secours, église bâtie par les Rédemptoristes fin XIXe et remise au diocèse de Paris en 1960.

La chapelle est ornée d’une double rangée d’ex-voto en ardoise munis d’inscriptions en lettre d’or. Presque toutes sont antérieures à 1914. Très peu portent en complément des dates plus récentes. Elles expriment souvent la piété filiale et le souvenir de jeunes trop tôt fauchés. On trouve peu de noms célèbres figurant au Larousse : 

L’archéologue et numismate Guillaume Combrouse, l’abbé Gaultier, propagateur de l’enseignement mutuel, l’amiral Ferdinand de Parseval, héros des campagnes d’Algérie et de Crimée sous Napoléon III, le général Tascher de la Pagerie, cousin de l’Impératrice Joséphine...

Et des victimes de la guerre de 1870 : Charles Emile de Joinville, lieutenant colonel tué à Reichshoffen ; Aimé Eugène Thiessard, sergent fourrier au 1er régiment de zouaves, mort à Sedan ; Louis Augustin de Sere, chirurgien de l’armée, tué sous les murs de Sedan ; Hippolyte Chevet, des zouaves pontificaux, tombé au combat de Yvré l’évêque...

La Commune aussi fit des victimes : Louise Caroline Coulon, courage dévouement, charité au siège de Paris, sacrifice sublime de sa vie, Commune 1871.

Paul Odelin, lieutenant au 16e Bat. de mobiles de la Seine, tué le 22 mars 1871 à la manifestation pacifique de la Place Vendôme.

On peut estimer à plus d’un millier le nombre des personnes à la mémoire desquelles ont été gravées toutes ces plaques. Lieu de mémoire en particulier pour les personnes décédées et disparues dont on ne peut rejoindre la tombe, à l’étranger ou ailleurs, la chapelle du Père Lachaise pourrait devenir aussi un lieu de mémoire pour les personnes incinérées dont les cendres ont été dispersées, et dont la famille a beaucoup de mal à faire le deuil. 

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