La sûreté des églises : contre la peur, l’espérance

Paris Notre-Dame du 16 mars 2017

Paris Notre-Dame – Pourquoi le diocèse a-t-il créé un comité de sûreté il y a un mois ?

Daniel Maleval, responsable sécurité en entreprise et diacre permanent, est l’animateur du comité de sureté du diocèse de Paris.
© Céline Marcon

Daniel Maleval – La réédition du plan Vigipirate de décembre appelle la population à une vigilance accrue. Les paroisses sont donc confrontées à un dilemme entre mesures de sécurité et sens chrétien de l’accueil. Nous ne sommes pas une association culturelle, un musée ou un supermarché. Nous avons un message évangélique à transmettre. Le sujet de sûreté doit nous donner l’occasion d’exprimer notre foi en ayant une approche spécifique.

P. N.-D. – Quelle est cette approche ?

D. M. – Je peux dire ce qu’elle n’est pas : faire comme tout le monde, c’est-à-dire ajouter de la peur à la peur ambiante. La cultiver en bouclant, en fermant les églises, en incitant les gens à porter des regards suspects sur les personnes. Il faut, bien sûr, être vigilant ; s’inquiéter qu’un individu en doudoune entre dans une église en plein été, par exemple. Mais nous devons aborder le sujet avec cette sérénité qui nous spécifie et qui doit nous pousser à diffuser en actes un message d’espérance.

P. N.-D. – Comment le comité peut-il favoriser cela ?

D. M. – Dans ce contexte de vigilance accrue, les paroisses ont deux types de comportement – je force le trait. Soit elles se disent que le sujet ne les concerne pas et qu’il faut laisser cette mission régalienne à l’État. Soit elles prennent des mesures disproportionnées, qui sont ni adaptées, ni raisonnables économiquement. Le comité, qui est une instance de partage d’expériences et de bonnes pratiques, veut donc aider les paroisses à établir, avant toute chose, un diagnostic du niveau de sûreté de leurs locaux à partir d’un document d’aide que nous avons préparé. Ce travail doit être réalisé collégialement, en associant des personnes qui ne sont pas forcément des spécialistes car, finalement, la sûreté est surtout une question de bon sens.

P. N.-D. – Quelle est la seconde étape ?

D. M. – Ce premier diagnostic est essentiel car il est le préalable à la définition des réponses adéquates. Avant de mettre des caméras partout, posons-nous la question de la gestion des clés et des accès ! Vient alors le second volet de notre action. Nous voulons associer les paroisses pour qu’elles nous présentent ce qu’elles font, répondre à leurs questions et attentes. Rassurer aussi. Le comité a déjà organisé trois interventions de ce genre. Il se propose aussi de conforter les liens entre les églises paroissiales et les commissariats.

P. N.-D. – Au cas où la peur de l’attentat devienne réalité, que prévoyez-vous ?

D. M. – Le comité veut proposer des sessions de sensibilisation à la prévention du risque attentat avec un volet sur les bons comportements à adopter en situation de crise (où se réfugier, comment appeler les secours sans parler, etc.). L’idée serait que deux personnes par paroisse puissent participer à une session pour rediffuser ensuite les bonnes pratiques autour d’elles. Face à la menace, nous devons nous préparer mais rester de vrais témoins d’espérance. • Propos recueillis par Alexia Vidot

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