Message pour l’ouverture de l’Année sainte de la miséricorde

Paris Notre-Dame du 10 décembre 2015

Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris.
© Yannick Boschat / Diocèse de Paris

Frères et Sœurs, le monde a besoin de miséricorde.

Qui pourrait en douter chez nous après les attaques qui ont frappé Paris et Saint-Denis ? Nous avons repris conscience que la France n’était pas à l’abri d’une barbarie et d’une violence qui touchent quotidiennement bien d’autres pays dans le monde. Face à ces malheurs comme devant d’autres tragédies de l’existence humaine, beaucoup se demandent si Dieu est indifférent, insensible ou même s’il n’est pas absent. En ce 13 décembre, nous portons particulièrement dans notre prière les victimes des attaques terroristes qui ont touché notre ville, il y a exactement un mois, les défunts et leurs proches, les blessés et ceux qui les entourent, ceux qui restent choqués par la violence qu’ils ont vue de leurs yeux ou qui a frappé leur chair.

L’appel du pape François

C’est dans ce contexte que nous recevons l’appel du pape François : « Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut [1]. » Par ces quelques mots, le pape exprime la valeur que la miséricorde de Dieu représente pour les croyants et promulgue pour l’Église un Jubilé, une Année sainte qui lui est consacrée. Celle-ci s’est ouverte à Rome le 8 décembre pour le cinquantième anniversaire de la conclusion du concile Vatican II.

L’année jubilaire fait écho aux paroles prononcées par le Christ dans la synagogue de Nazareth : « L’Esprit du Seigneur […] m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » (Is 61, 1-2) « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » (Lc 4, 21)

Une annonce décisive et urgente

Dans la foi, nous savons que Dieu accompagne constamment l’humanité pour lui communiquer sa vie. Nous percevons mieux alors combien les chrétiens sont invités à rendre compte de l’espérance qui est en eux, mais aussi à quel point l’annonce de la miséricorde de Dieu est décisive et urgente.

Alors que les relations humaines sont souvent vécues sous le mode du conflit et de l’accusation, d’une part, de la loi et de la justice, d’autre part, la miséricorde réintroduit entre les hommes les dimensions trop souvent oubliées du pardon et de la gratuité.

La mettre en pratique et en vivre

La seule manière d’en rendre compte, c’est de la mettre en pratique et de la vivre. Pour vous y aider, je vous propose quelques pistes de réflexion. Que chacun s’interroge sur la manière dont il recourt à la miséricorde et au pardon de Dieu, notamment par sa pratique du sacrement de la réconciliation. Que chaque chrétien examine comment il participe à l’expression de la miséricorde dans sa vie personnelle comme dans sa vie sociale. Comment sommes-nous vraiment témoins de l’amour de Dieu pour les hommes ?

Puissions-nous, avec l’aide de l’Esprit Saint, ouvrir nos cœurs à ces paroles du Père adressées à sainte Catherine de Sienne : « Ma très chère fille, j’ai absolument décidé de faire miséricorde au monde et de secourir de toute manière l’humanité [2]. » Alors, ce Jubilé sera pour chacune et chacun d’entre nous, une année de grâce, de conversion et d’espérance. • André cardinal Vingt-Trois archevêque de Paris

[1François, Misericordiae vultus, Bulle d’indiction du Jubilé de la miséricorde, 11 avril 2015, n°2.

[2Catherine de Sienne, Dialogues sur la Providence, 134.

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