Mot du cardinal André Vingt-Trois aux Jeunes du Liban

Sanctuaire du Christ-Roi (Liban) – 28 juin 2009

Lors du voyage de clôture de l’année Saint-Paul.

Très chers représentants de la jeunesse libanaise, je voudrais féliciter les organisateurs de la Clôture de l’Année Paulinienne au Liban, qui ont prévu et organisé cette rencontre avec vous. Vous, les jeunes qui constituez l’espérance et l’avenir de votre pays et de vos Eglises.

Sa Sainteté le Pape Benoît XVI m’a demandé de Le représenter pour clôturer l’année paulinienne qui a été célébrée par l’Eglise Catholique dans chaque partie du monde et qui, je crois, a eu un impact particulier dans les régions où l’Apôtre Paul a personnellement témoigné du Christ.

Le Saint Père m’a explicitement demandé de vous parler de Jésus ; « ce Jésus que Dieu a ressuscité des morts » (Cfr. Rom. 10,9). Il m’a demandé d’exhorter les fidèles à vivre, avec des forces renouvelées, la foi dans leur vie de chaque jour, à chercher la volonté de Dieu dans la prière, la méditation et la réflexion sur les besoins spirituels.

Nous sommes précisément dans un lieu marqué par cette sensibilité aux besoins spirituels des hommes, notamment les plus démunis sur le plan physique à cause de la maladie ou de l’âge. Nous nous trouvons dans le lieu choisi par le Père Jacques, le Capucin libanais que vous connaissez sûrement bien et dont nous célébrons le premier anniversaire de la béatification. Le P. Jacques est un Bienheureux libanais qui a vécu au XXe siècle. Il a su reconnaître dans le prochain la Personne du Christ. Il a vu le Christ dans les pauvres et les malades et il a témoigné du Christ devant les jeunes qu’il rencontrait, réunissait et éduquait. Le Bienheureux P. Jacques a été un vrai apôtre de la jeunesse.

Je suis heureux de me trouver parmi vous, chers amis, les jeunes de l’Église du Liban, ce petit pays magnifique, grand par ses traditions qui remontent si loin dans l’histoire. Grand surtout pour le caractère religieux de son peuple qui, entre le christianisme et l’Islam, cherche le visage de Dieu et s’attache aux valeurs et aux idéaux propres à l’Orient, cette partie du monde qui a eu le privilège d’être à l’origine de la foi monothéiste. Dans cet Orient religieux, cher au monde entier, Saint Paul par la grâce qu’il a reçue du Christ sur la route de Damas, a reconnu Son vrai visage, médité Son mystère de Fils Bien-aimé de Dieu et s’est attaché fermement à Lui, en tant que seul Sauveur et Seigneur de l’humanité et de toute la création.

Je me demande comment cet apôtre éminent serait arrivé à tant de profondeur dans ses pensées, de richesse dans ses expressions et de persévérance dans ses épreuves, si dans sa jeunesse il n’avait été rempli de zèle, d’enthousiasme et de fermeté dans la recherche de la vérité de Dieu.

Comme Jésus, les disciples, les martyrs et tous les saints, Saint Paul a vécu une jeunesse attachée à l’idéal de la vérité et du bien qui lui a été révélé dans le visage du Christ ressuscité et glorifié. Dès lors, le Christ est devenu pour lui un trésor inépuisable auquel il s’est irrévocablement attaché. Selon les termes de la parabole de Jésus, Saint Paul comme le négociant de perles fines, a trouvé la perle de grand prix, et « l’ayant trouvé, il s’en est allé vendre tout ce qu’il possédait et il l’a achetée » (Mt 13, 45-46).

Chers amis,

En vous regardant ce soir et en observant votre allégresse et votre joie, je ne peux que penser et vous inviter à penser avec moi à Jésus, jeune de Nazareth, à son courage et son audace, à sa fierté et son amour. Nous pensons à Lui, le même Jésus qui proclame la vérité de Dieu Notre Père, qui révèle sa miséricorde et son pardon envers les faibles et les pécheurs et qui souffre d’être insulté, abandonné et condamné au supplice de la croix. Tant de courage, oui ; mais aussi tant d’amour qui jaillit d’un cœur sincère qui, pour vous jeunes, doit constituer l’exemple qui vous attire dans votre effort pour saisir le sens de votre vie. Jésus ne se contente pas de vous adresser des paroles. Il vous montre l’exemple en disant : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Il vous prêche l’esprit de pénitence, de prière et de confiance en Dieu, et Il pratique Lui-même tout cela. Voilà pour vous la règle qui doit guider votre vie et vous permettra de posséder la sagesse et d’expérimenter le bonheur véritable. Elle se résume dans ses paroles : « Apprenez de moi ».

A l’école du Christ et à l’exemple de Saint Paul, vous êtes appelés à Le reconnaître comme le seul Maître qui vous enseigne comment obéir à Dieu, comment se fier à sa Providence et avoir confiance dans son Amour. Il est votre sauveur et votre libérateur, car Il vous a tant aimés, jusqu’à la mort. En Lui, vous trouverez toujours la personne qui se penche sur vos blessures et soutient vos fragilités. Si vous savez bien comme Il est toujours là, à côté de vous, dans vos cœurs, pour que vous ne vous sentiez jamais seuls ! Comme un ami, Il marche à vos côtés chaque jour de votre vie, l’ami le plus beau, le plus vrai, le plus sincère qui ne vous laisse pas dans l’embarras. Il ne vous tourne pas le dos et Sa fidélité pénètre la profondeur de vos cœurs et renforce vos capacités d’aimer et de donner votre vie pour vos frères.
Jésus est votre lumière dans les sentiers de la vie. Comme Il a transformé la vie de Paul en le constituant apôtre des nations, Il est pour vous la force qui peut transformer votre vie en la bâtissant sur la vérité, le bien et l’amour. A chacun de vous et à tout jeune du monde entier, Il renouvelle son appel adressé une fois au jeune homme riche : « Viens et suis-moi » (Mt 19, 21). Malheureusement, nous savons que la tristesse et la crainte s’étaient emparé de ce jeune homme noyé dans ses richesses, dans son monde privé. Fermé sur lui-même, ses idées et ses projets propres, il resta dans l’ombre, ne sortit pas à la lumière et s’éloigna du Seigneur.

Chers amis, ne fermez pas vos cœurs, ne permettez pas à la tristesse et à la crainte de s’installer dans vos cœurs. Ne laissez pas le monde et ses fausses maximes vous conduire à des vérités trompeuses, à l’indifférence et peut-être au désespoir. Rappelez-vous de ces belles paroles de l’apôtre Paul, riches de confiance et d’espérance : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? (Rom 8,31-32) Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? »

Soyez dignes et fiers de votre attachement au Christ. Appréciez la dignité d’appartenir à un Dieu humble et doux et de partager sa vie dans l’amour, l’humilité et la miséricorde. Ayez le souci de connaître toujours mieux le Christ, en restant fidèles à son amitié, en vous rappelant de ses paroles qui doivent demeurer pour vous objet de réflexion et de méditation. Aimez le Christ, comme votre modèle et votre idéal. Gardez la foi, comme un feu qui brûle dans vos esprits et protège votre élan et votre espoir.

Au terme de sa rencontre avec le scribe qui l’interrogeait au sujet de l’amour du prochain, Jésus, après lui avoir raconté la parabole du bon samaritain, lui dit : « Va et fais de même » (Lc 10, 37). Dieu nous appelle tous à aimer de cet amour noble et divin qui perfectionne en nous son image. Vous êtes les icônes de Dieu au Liban. Allez sans crainte et semez l’amour dans cette terre sainte qui a reçu Notre Seigneur à Tyr et Sidon et que Saint Paul visita comme le dit le livre des actes des apôtres (21, 1-7), cette terre où il fut accueilli par la communauté de Tyr durant sept jours. Il visita aussi Tabarja, Jbeil et Batroun ; et d’après un Père de l’Église, même Tripoli. Vous gardez précieusement les traces de son passage. Votre histoire religieuse témoigne de la profondeur d’une foi qui fait fleurir les saintes et les saints libanais, élevés sur les autels de l’Eglise universelle, et qui intercèdent toujours pour ce pays et appellent sur lui la bénédiction de Dieu pour que sa Providence continue à rendre féconde cette terre de sainteté.

Je vous salue chaleureusement. Je prie pour vous et avec vous pour que le Christ Notre Seigneur vous accompagne par Sa grâce et Son amour, afin que vous gardiez la flamme de votre espérance et trouviez en Lui le chemin de votre bonheur. Ainsi votre bonheur sera aussi le bonheur de votre pays et de tous vos concitoyens. Qu’Il soit loué pour les siècles des siècles. Amen.

André cardinal Vingt-Trois,
archevêque de Paris

Interventions

Interventions