Quelle formation pour les séminaristes ?

Paris Notre-Dame du 15 avril 2010

P. Michel Gueguen, supérieur du Séminaire de Paris. Photo Jean-Pierre Chaussade

P.N.-D. – Quelles sont les grandes étapes de la formation des séminaristes ?
M. G. – L’Eglise considère qu’il faut au moins six ans pour former un prêtre. On a eu l’habitude de distinguer deux cycles : un premier, de philosophie, qui dure deux ans ; un second, de théologie, de quatre ans. A ces six années, on n’a pas craint d’en ajouter une, qui est la première dans l’ordre : une année de fondation spirituelle. Les candidats requièrent aujourd’hui un enracinement spirituel délibéré. A partir de là, un chemin de liberté est ouvert, rythmé par différents choix : choix d’entrer au séminaire, de demander à être admis comme candidat au sacerdoce, d’être institué lecteur et acolyte, choix enfin de demander à être ordonné, diacre, puis prêtre. Bien sûr, chaque étape fait l’objet d’un discernement, de la part du séminariste et de la part du conseil du séminaire, et celui-ci peut être négatif.

P. N.-D. – Qu’en est-il plus spécifiquement de la formation humaine ?
M. G. – L’exhortation apostolique Pastores Dabo Vobis de Jean-Paul II est aujourd’hui la charte incontournable de toute formation sacerdotale. A propos de la formation humaine, il s’agit de développer les qualités qui permettront d’assumer des responsabilités pastorales : capacité relationnelle, maturité affective, liberté. A Paris, on propose aux séminaristes de vivre en petite communauté. Quand on vit en petit nombre avec des personnes qu’on n’a pas choisies, partageant avec elles repas, services et vie de prière, on ne peut se cacher et on est obligé à une adaptation ; mieux, à un développement. Il y a également les différentes insertions paroissiales, qui étendent le champ des relations, les services auprès des malades, des pauvres… Cela fait émerger des questions de fond : suis-je ouvert à tous ? Comment le suis-je ? Chaque séminariste est aussi accompagné, tout au long de son parcours, par un directeur spirituel, qu’il rencontre au moins une fois par mois.

P. N.-D. – Qu’en est-il plus particulièrement de la psychologie et de la sexualité ?
M. G. – Disons-le d’emblée : des cours sont dispensés, de psychologie générale, ou de l’affectivité ; d’anthropologie ou de morale sexuelle et familiale. Mais bien évidemment, il ne s’agit pas que de cours : il s’agit de personnes dans toutes leurs dimensions, physiques, psychiques et spirituelles. Il s’agit de développer une authentique maturité affective qui suppose, comme le souligne Jean-Paul II, « une éducation de la sexualité qui soit pleinement personnelle et ouvre à l’estime et à l’amour de la chasteté ». C’est essentiel, car le prêtre est appelé au célibat. Comment je comprends le célibat du prêtre ? Comme un manque ? Ou comme un don de Dieu ? L’Eglise a fait clairement le choix de la deuxième réponse. Suis-je prêt à entrer dans ses raisons, à développer la prudence, la vigilance corporelle et spirituelle, mais aussi l’estime et le respect des relations personnelles entre hommes et femmes ? C’est notamment ce chemin que nous proposons, dont le di­recteur spirituel est à la fois le témoin et l’appui. • Propos recueillis par Ariane Rollier

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