Que célébrons-nous lors de la Journée de l’Europe ?

Paris Notre-Dame du 6 mai 2010

P.N.-D. – Que célébrons-nous le 9 mai, lors de la Journée de l’Europe ?

Laurent Grégoire, président de l’Office catholique d’information pour l’Europe.
© D. R.

Laurent Grégoire – C’est lors d’un sommet en 1985 que les chefs d’État et de gouvernement ont à la fois adopté le drapeau européen et institué la Journée de l’Europe, le 9 mai. Cette date fait référence à la Déclaration, le 9 mai 1950, de Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, qui proposa à l’Allemagne et aux autres partenaires européens d’effectuer une première étape dans leur rapprochement, en plaçant la production du charbon et de l’acier sous une autorité commune. Cet appel fut ainsi l’acte fondateur de la construction européenne qui se poursuit depuis soi­xante ans. Évoquant cette réconciliation franco-allemande, le cardinal Jean-Marie Lustiger aimait citer Isaïe : « Martelant leurs épées, ils en feront des socs, de leurs lances, ils feront des faucilles. On ne brandira plus l’épée nation contre nation ». [1]

P. N.-D. – Que dire de la figure de Robert Schuman ?

L. G. – Né d’une mère luxembourgeoise et d’un père lorrain, Robert Schuman fut avocat et député ; arrêté par les nazis en 1940, il fut ministre démocrate-chrétien entre 1948 et 1956 et le premier président du Parlement européen en 1958. Catholique, surnommé "le saint en veston", Robert Schuman était profondément croyant, concevant la politique comme un sacerdoce. La cause de sa canonisation est en cours. Personnellement, je suis convaincu que le processus européen se poursuit tel que l’espérait Robert Schuman et suivant la fameuse méthode, inspirée par Jean Monnet et énoncée le 9 mai 1950 : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. » Au-delà de l’espoir d’une réunification de l’ouest et de l’est de l’Europe, il avait une vision plus universelle de la vocation de l’Europe, et tout spécialement vers le sud. Le 9 mai 1950, il déclarait : « L’Europe pourra ainsi poursuivre la réalisation de l’une de ses tâches essentielles : le développement du continent africain… »

P. N.-D. – Quelle place pour les chrétiens et l’Église dans l’Europe, aujourd’hui ?

L. G. – Conformément à la doctrine sociale de l’Église, tout chrétien est appelé à s’engager pour un monde de paix et de justice suivant le double principe de la subsidiarité et de la solidarité, cela vaut notamment au niveau européen. Depuis le nouveau traité de l’Union européenne entré en vigueur en décembre dernier, le rôle des Églises est officiellement reconnu : le traité précise, d’une part, que leur statut juridique n’est du ressort que des législations nationales et, d’autre part, que les institutions européennes instaurent un dialogue ouvert avec elles. C’est précisément le vœu qu’exprimait Jean-Paul II dans l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa (§114). • Propos recueillis par Ariane Rollier

[1L’Europe à venir, de Jean-Marie Lustiger, (Ed. Parole et Silence, 2010).

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