Allocution du cardinal André Vingt-Trois au pèlerinage de Chrétienté

Gas (Eure) – Dimanche 23 mai 2010

Le dimanche de la Pentecôte, le cardinal Vingt-Trois, Archevêque de Paris, avait été invité par les organisateurs du 28e Pèlerinage de Pentecôte de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres, pour présider la célébration du Salut au Saint Sacrement. A cette occasion, il a pu adresser aux pèlerins les paroles suivantes :

Je suis très heureux d’être avec vous ce soir, en ce jour de Pentecôte, puisque c’est le jour où nous sommes invités à reprendre conscience de l’identité et de la vigueur de l’Église animée par l’Esprit Saint.
Hier au soir, à la cathédrale Notre-Dame de Paris, j’ai confirmé plus de trois cents adultes et je sais que dans plusieurs autres grandes villes de France, il y a eu des célébrations analogues.
Si je vous en apporte le témoignage, c’est justement parce qu’en cette fête de Pentecôte nous sommes constitués comme témoins de la puissance de l’Esprit Saint dans les cœurs des hommes, même si cette force doit parfois attendre longtemps avant de trouver et de toucher nombre de cœurs.

Chacune et chacun d’entre nous cheminent sous le regard du Christ. Et ce soir après cette longue journée de marche dans la chaleur, je pourrais vous adresser les paroles que Jésus adressait à ses disciples dans l’Évangile de Saint Marc : « Vous autres, venez à l’écart en un lieu désert et reposez-vous un peu » (Mc 6, 30-31). Ce soir, je pense que beaucoup d’entre vous aspirent non seulement à se reposer mais également à se reposer dans une certaine intimité avec le Christ, en ce lieu désert où Il rassemble ses disciples pour qu’ils puissent refaire leurs forces après l’épreuve de la marche.

D’une certaine façon le pèlerinage tout entier est en lui-même un temps de désert où le Christ vous entraîne pour refaire vos forces, pour renforcer la vie de la grâce en vos cœurs, pour fortifier votre liberté dans le désir de Le servir, pour développer en vous la capacité d’être avec Lui.

L’Église est notre mère. C’est parce que l’Église est notre mère et parce que je suis associé au ministère apostolique du Christ dans le collège des évêques sous la présidence et la conduite du Saint Père Benoît XVI, que je vous considère comme membres de ma famille.
L’Église est notre mère, cela veut dire que des membres de l’Église appartiennent à une même famille. Et je n’ai pas besoin – en ai-je d’ailleurs le moyen ? - de vous expliquer ce qu’est une famille parce que vous le savez mieux que moi. Quoiqu’il en soit, une famille est composée de personnes différentes qui ne se choisissent pas […]. Mais ces personnes sont liées de façon indestructible et indéfectible par les liens de la naissance et de l’affection.
Notre naissance dans l’Église, c’est notre baptême. Notre affection, dans l’Église, c’est notre participation à la communion eucharistique. Notre unité, c’est l’amour de Dieu qui traverse chacune de nos existences et qui est répandu en nos cœurs par la foi. C’est parce que nous sommes membres de la même Église que nous avons les uns avec les autres des relations qui ne sont pas des relations sociales ou politiques, mais qui sont des relations de communion et de fraternité.

Je suis heureux de pouvoir vous encourager dans le chemin qui vous reste à parcourir. Vous comprenez évidemment que je pense à la journée de demain mais surtout aux années d’après.
Car le chemin qui vous reste à faire, ce n’est pas seulement les quelques kilomètres qui vous séparent de la cathédrale de Chartres. Ce sont les années de votre vie qui sont devant vous et au long desquelles votre attachement au Christ et à son Église va se manifester dans vos choix, dans les choix de votre vie, dans votre manière d’être, dans votre manière de vivre.

Je veux donc vous encourager pour que toute la suite de votre vie manifeste la fécondité de la grâce que vous avez reçue à votre baptême. Je voudrais aussi encourager ceux d’entre vous qui n’ont pas encore choisi leur état de vie à s’interroger très sérieusement pour se demander non pas tant « qu’est-ce qu’il me plairait de faire ? » que « qu’est-ce que Dieu souhaite que je fasse ? » ; non pas simplement « où est-ce que j’ai envie d’aller ? » mais plutôt« où l’Église va-t-elle m’appeler ? » C’est une question que nous devons porter chacun selon notre âge et notre avenir possible et disponible.

Enfin, pour terminer je voudrais confier à votre prière de demain quelqu’un qui fait partie de la vie de l’Église : votre évêque. Chacun d’entre vous vit dans un diocèse sous la responsabilité d’un évêque qui a été nommé par le Pape à cette mission et qui essaye de l’exercer du mieux qu’il peut avec ses limites, avec ses talents, avec sa foi. Nous devons chaque jour prier pour celui qui est placé comme responsable de l’Église à laquelle nous appartenons.
Et donc, dans cette famille que constitue notre Église nous prions chaque jour comme nous le faisons dans le canon de la messe au mémento des vivants pour le Pape et pour notre évêque. Je vous confie cette prière parce que c’est la prière que Jésus lui-même a voulu et a faite : « Pierre, j’ai prié pour que ta foi ne défaille pas. » (Lc 22, 32) Priez non seulement pour que notre foi ne défaille pas – ce que j’espère avec la grâce de Dieu – mais pour que notre charité soit inventive et porte avec tous les membres de l’Église le témoignage de l’amour que Dieu porte à l’humanité. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois,
archevêque de Paris

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