Un serviteur joyeux

P. Robert Jorens

Paris Notre-Dame du 3 juin 2010

Après avoir été curé de plusieurs paroisses parisiennes et très investi auprès des jeunes, le P. Robert Jorens est depuis neuf ans en ministère à St-Jean- Baptiste de La Salle (15e) et aumônier diocésain du CCFD. Avec toujours le même souci de transmettre une foi vécue au quotidien.

Depuis neuf ans, le P. Robert Jorens, 81 ans, est en ministère à St-Jean-Baptiste de La Salle (15e) et aumônier diocésain du CCFD
© Anna Latron

Poignée de main vigoureuse, bureau recouvert de documents en tous genres, Mac dernier cri qui sonne à chaque nouveau courriel… Dès que la porte s’ouvre, ces indices ne laissent aucun doute : le P. Robert Jorens est un retraité actif.

Un prêtre heureux

À presque 82 ans, l’allure a beau être un peu courbée et la démarche hésitante, le sourire est bien là, signe d’un enthousiasme intact. Cinquante-quatre ans après son ordination, le P. Jorens avoue se réveiller tous les matins « en bénissant Dieu d’envisager avec autant de plaisir tout ce que j’ai à faire ». Et ses journées sont bien remplies : catéchuménat des adultes, préparation au sacrement des malades, accompagnement de l’équipe de foyers qui s’occupe des baptêmes, coordination du journal paroissial… « On ne peut pas dire que j’ai le temps de m’ennuyer ! », lance-t-il en raccrochant le téléphone. Mais ce qui occupe le plus son quotidien, c’est sa responsabilité envers l’équipe diocésaine du Comité Contre la Faim et pour le Développement (CCFD). Depuis six ans, le P. Jorens l’aide à « mettre en oeuvre ce que le mouvement veut vivre chaque jour, à savoir le commandement du Christ “Tu aimeras ton prochain comme toi même” ».

Transmettre

L’attention aux plus petits – migrants, chômeurs – est essentielle à ses yeux. L’Église, ce prêtre qui a traversé les bouleversements du concile Vatican II l’aime « servante et pauvre ». Il conçoit d’ailleurs son sacerdoce comme une mission au service du peuple de Dieu, pour que celui-ci « découvre la Parole de Dieu, mais aussi en quoi la vie au milieu de ses frères est une façon de vivre du Christ ». Et pour inciter les fidèles à se mettre en route, « comme prêtre je me dois de donner l’exemple à travers une vie communautaire fraternelle. L’enjeu, c’est de vivre entre nous ce que l’on veut faire réaliser aux fidèles ». Chez le P. Jorens, cet exercice de la charité est intimement lié à la transmission de la foi. « Avec chaque fraction du peuple de Dieu que j’ai accompagnée, explique-t-il, j’ai recherché comment notre amour pour le Dieu qui s’est fait homme nous donne la vie ». Il avoue s’être passionné pour la formation en prêchant de nombreuses retraites, et en faisant de St-Germain des Prés (6e), dont il fut le curé, le coeur de la vie étudiante parisienne. Des missions qui l’ont « énormément aidé » à mieux appréhender son rôle de prêtre auprès du CCFD et dans son quotidien à la paroisse.

La force de l’eucharistie

« Avec les années, je réalise que j’ai autant de goût qu’au début pour essayer de me rapprocher autant que possible du modèle du Christ… mais je mesure mieux mes capacités et mes forces ! » Loin de se considérer comme un modèle – il regrette de ne jamais prier assez – il avoue trouver un grand soutien dans l’eucharistie. « Souvent, lorsque je célèbre, je vois d’un même regard le corps du Christ et l’assemblée des fidèles. Ce lien entre les deux est pour moi très parlant. » • Anna Latron

« Le petit curé »

Quand on aborde le thème de l’Année sacerdotale, un sourire illumine immédiatement le visage du P. Jorens. L’air malicieux, il s’approche de son ordinateur et ouvre un courriel reçu quelques jours auparavant. « Puisque vous me parlez du prêtre, je vais vous faire écouter cette petite merveille ». La petite « merveille », c’est une chronique de l’humoriste François Morel (www.dailymotion.com/video/xdducx_pe...), diffusée le 21 mai, à 7h53, sur France Inter. Elle commence ainsi : « C’est un petit curé qui ne fait pas de bruit, un petit curé qui a une Twingo rouge et qui le dimanche matin va d’une église à une autre pour aller parler de la bonne parole du Bon Dieu auquel il a bien le droit de croire ». « Un ancien étudiant que j’ai connu il y a bien longtemps m’a envoyé ce lien. Il m’a dit que ça lui faisait penser à moi ! », explique le P. Jorens, qui trouve cependant que c’est lui faire « trop d’honneur ». Et d’ajouter : « Après tout ce qu’on a entendu sur les prêtres ces derniers temps, ça fait beaucoup de bien »… • Anna Latron

L’Année sacerdotale dans le diocèse de Paris

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