Développement durable et bioéthique, quel rapport ?

Paris Notre-Dame du 24 juin 2010

P.N.-D. – Vous avez participé à une conférence [1] sur le développement durable et la bioéthique. Quel lien entre les deux sujets ?

Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, président du groupe de travail des évêques de France sur la bioéthique
© Diocèse de Rennes

Mgr d’Ornellas - L’invitation m’a semblé intéressante. Il est impossible de dissocier complètement le développement durable, c’est à- dire le respect de la création pour qu’elle serve au bonheur des hommes, et la bioéthique qui est aussi confrontée au respect de la création, c’est-à-dire au respect de la dignité humaine. L’homme est une part particulière de la création. D’une certaine manière, la bioéthique, c’est le développement durable de l’homme !

P. N.-D. – En quoi le développement durable est-il une espérance pour l’homme ? Y a-t-il actuellement une menace ?

Mgr d’Ornellas - La planète avec toutes ses composantes est un écosystème. Autrefois, tout cataclysme était interprété comme une colère des divinités. Heureusement, la science permet à l’homme de comprendre de plus en plus de quel écosystème il s’agit. Nous n’avons pas fini de l’apprendre. Le développement sera durable dans la mesure où nous respectons cet écosystème, dans tous les domaines. La menace ? C’est l’insouciance qui est un certain aveuglement. Pourtant, l’homme a la belle mission de dominer la création, c’est-à-dire de comprendre ses lois en étant émerveillé de voir comment elles sont toutes au service de son bonheur.

P. N.-D. – Y a-t-il une écologie digne de l’homme ? Une écologie prenant en compte la dimension anthropologique ?

Mgr d’Ornellas - Oui, mais il ne s’agit pas seulement de faire en sorte qu’il y ait moins de pollution, davantage d’eau potable pour tout le monde, une manière de vivre plus sobre et respectueuse de l’environnement, etc. Il est tout à fait conforme à la dignité humaine de chercher ensemble à comprendre les lois propres de notre chère terre avec son atmosphère, ses eaux et ses minerais, ses végétaux et ses animaux. L’homme qui réfléchit dans le dialogue et dans le respect est écologique vis-à-vis de lui-même. Sa paresse et son absence de respect le polluent.

P. N.-D. – Quelle est la mission des chrétiens sur ces sujets qui touchent à la fois la politique, l’économie et les sciences ?

Mgr d’Ornellas - Les chrétiens ont une lumière supérieure qui leur vient de Dieu lui même : tout a été créé par amour et avec sagesse. Les hommes eux-mêmes sont créés par amour et sont destinés à l’amour. Toute la création leur est donnée. Les chrétiens savent qu’ils ont à la recevoir en aimant cette création. Aimer, c’est le contraire d’utiliser, de gaspiller, de polluer. Aimer guérit de l’insouciance. À cette lumière, les chrétiens ont à s’engager avec toutes celles et tous ceux qui réfléchissent pour mieux respecter toute la création, qu’elle soit celle des hommes, des femmes et de leurs enfants ou celle de notre planète. C’est en s’engageant dans ce dialogue qu’ils manifestent que tout vient de Dieu et que tout est confié au soin des hommes. • Propos recueillis par Ariane Rollier

[1« Une écologie digne de l’homme ? Le développement durable et la bioéthique en débat », par Nathalie Kosciusko-Morizet et Mgr Pierre d’Ornellas, le mardi 22 juin, à 20h30, à Ste-Clotilde (7e). Les interventions seront publiées en septembre 2010, aux Éditions Salvator.

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