Homélie de Mgr André Vingt-Trois – Pentecôte 2007 - Frat de Jambville.

Jambville - Dimanche 27 mai 2007

12 000 collégiens d’Ile de France étaient rassemblés à Jambville à l’occasion du Frat. Mgr Vingt-Trois les a rejoint pour la célébration de la Pentecôte. Il a invité chaque jeune à entendre et à recevoir la parole du Christ dans sa vie.

Comment ne serions-nous pas heureux de voir que le Christ a appelé tant d’amis à le rejoindre, aussi nombreux que vous êtes aujourd’hui et plus nombreux encore ceux qui ne sont pas venus que vous connaissez et que vous portez dans votre coeur et dans votre prière. Le Christ nous a appelés à devenir ses amis, il veut avoir avec nous la relation d’un ami avec son ami. Nous savons que c’est une relation forte mais aussi une relation exigeante. Dans votre amie, vous avez autour de vous beaucoup de gens, des gens de votre âge et des gens plus vieux ; vous avez un certain nombre de copains et de copines. Mais cela ne va bien loin. La véritable amitié, ce n’est pas avec cinquante personnes, c’est avec une, deux ou trois. Parce que, pour être vraiment des amis, il faut partager quelque chose. Il faut accepter d’ouvrir son coeur et de laisser l’autre voir ce qu’il y a en nous, partager avec lui ce qui nous habite et accepter de le connaître ou de la connaître. Le Christ nous dit :"Si vous m’aimez, si vous êtes mes amis comme je suis votre ami -, si vous m’aimez, vous garderez ma parole." Que veut dire :"garder la parole" du Christ ? Des choses simples. Premièrement : la connaître. On ne garde pas des paroles qu’on ne connaît. On n’entre pas dans le coeur, la pensée, la vie d’un ami, si on ne connaît pas ce qu’il pense et ce qu’il dit. Connaître la parole du Christ, c’est l’entendre. Aujourd’hui, vous l’avez entendue ; hier soir, vous l’avez entendue ; dans vos aumôneries, vous pouvez l’entendre ; dans vos équipes, vous pouvez l’entendre. Il suffit de prendre l’Evangile du Christ et de lire. ( S’approchant d’un des panneaux : là , je vais me tromper parce que je ne vois pas bien. Lisant : )"Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour." (Jn 15, 9-10). Voilà une parole du Christ (applaudissements : Merci beaucoup de votre soutien, mais il y a longtemps déjà que je sais lire. Applaudissements). Vous voyez : cette parole est faite de mots que vous connaissez tous. Tous les mots sont des mots que nous connaissons, du moins que nous croyons connaître : le Père, demeurer, aimer, amour, fidèle, commandements. Ce sont des mots que nous employons tous les jours : Père, aimer, fidèle, amour. Alors nous croyons qu’on sait ce qu’ils veulent dire, mais lorsqu’on regarde de plus près, on se rend compte qu’il n’est pas si facile de comprendre ce que cela veut dire.

On garde sa parole quand on la connaît, quand on la porte dans son coeur, comme on se rappelle les moments qu’on a passés avec un ami, comme on se rappelle les paroles qu’on a échangées avec un ami, comme on se rappelle le sourire d’un ami, la main tendue d’un ami, on se rappelle que le Christ nous a parlé, qu’il nous parle, et on se rappelle qu’il tend sa main vers nous pour que notre main rejoigne la sienne et qu’on puisse s’accrocher, comme on s’accroche à la main d’un ami.

"Garder ses commandements","garder sa parole" : c’est la connaître, c’est la porter dans son coeur, et c’est la partager, comme vous avez commencé à le faire dans les équipes où vous vous réunissez d’habitude, comme vous l’avez fait hier, comme nous le faisons maintenant, comme nous le faisons, nous chrétiens, chaque fois que nous participons à la messe. Nous accueillons la parole du Christ, nous partageons la parole du Christ et il ne nous manque plus qu’une seule chose pour devenir vraiment des amis fidèles, et non pas des amis intermittents ou des amis épisodiques qui vont, qui viennent, qui entrent, qui sortent, qui sont là , qui ne sont pas là , sur qui on peut compter, sur qui on ne peut pas compter. Des amis fidèles, ce sont ceux qui font ce que dit le Christ. Ils ne se contentent pas de savoir ce qu’il dit, ils ne se contentent pas de se souvenir de ce qu’il dit, ils ne se contentent pas de s’accrocher à sa main, pour être ses amis, ils sont ses amis parce qu’ils font ce qu’il dit."Ce ne sont pas ceux qui disent : Seigneur, Seigneur, . ce sont ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux" (voir Mt 7, 21). Alors aujourd’hui, hier, demain, pendant ce Frat, vous vivez un moment fort, un moment privilégié. Vous êtes débarrassés de beaucoup de choses qui vous embêtent d’habitude ou qui vous amusent ; vous êtes débarrassés de beaucoup de choses qui occupent votre esprit. Pour quoi faire ? Pas seulement pour prendre l’air à la campagne, pas seulement pour passer un bon moment avec des copains et des copines, pas seulement pour faire plaisir à l’animateur ou à l’animatrice de l’aumônerie ou à l’abbé qui vous ont dit :"Il faut y aller". Vous êtes là pour rencontrer le Christ, pour recevoir sa parole, pour l’accueillir dans votre coeur, au dedans de vous, et pour vous dire à vous-mêmes, dans le secret de votre coeur que personne ne connaîtra ce que vous allez faire pour mettre cette parole en pratique. Pas cinquante choses, une chose. Quand vous repartirez de Jambville, il faut que dans votre coeur, il y ait gravé une chose. Je vois que certains commencent à réfléchir, peut-être même certains ont-ils trouvé. Ils ont gagné, mais je ne distribue pas les prix. Cherchez, vous qui n’avez pas encore trouvé : qu’allez-vous faire de neuf ? Qu’allez-vous faire de nouveau pour que la puissance de l’Esprit qui habite votre coeur porte du fruit, un fruit qui demeure ?

Pour terminer, nous allons rester en silence avec une phrase du Christ que nous allons laisser descendre en nous, laisser diffuser en nous, laisser envahir notre esprit, notre coeur, notre pensée."Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres." (Jn, 15, 17).

+ André Vingt-Trois
Archevêque de Paris

Compte-rendu de la célébration

Douze mille jeunes étaient réunis avec leurs animateurs et aumôniers. Une belle assemblée, très vivante mais aussi recueillie, qui a su passer du chant plein de rythme au silence, aidée par le groupe musical P.U.S.H. L’immense chapiteau était plein, les jeunes étaient regroupés face à l’autel, le podium était au centre du chapiteau, surmonté d’un beau Christ d’Arcabas et de portraits de saints, des panneaux aux quatre coins portant des textes d’évangile où Jésus se présente comme notre ami (le thème étant : Je vous appelle mes amis). La célébration a commencé autour du feu qui avait été allumé la veille. Mgr Vingt-Trois a béni le feu après avoir rappelé que le feu brà »le ce qui ne sert plus, réchauffe notre corps et notre coeur, éclaire nos pas dans la nuit et que le Christ ressuscité est lumière pour nous et pour le monde.

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