300

Zack Snyder

Les studios hollywoodiens tentent à nouveau de justifier les spectacles sanguinaires, « en horreur à Dieu et aux hommes » comme nous le rappelle saint Irénée [1], par une mensongère interprétation de l’Histoire. Critique de Louis Corpechot.

Ce film monstrueux a été interdit en France seulement aux moins de 12 ans (aux moins de 17 ans aux Etats-Unis). Or il représente un véritable danger pour tout spectateur, particulièrement pour les plus jeunes. À travers une injustifiable esthétique de la violence et de la mort, il véhicule une idéologie raciste, fascisante et athée, propre seulement à attiser la haine entre les peuples. Il a déjà été interdit en Iran et qualifié d’ « injure à la culture perse ».

300 s’ouvre sur l’image d’un tas de crânes d’enfants. Un vieil homme, tenant un bébé dans sa main, réfléchit s’il va le tuer, examinant si l’enfant fera ou non un bon guerrier. On découvre ensuite l’enfant se faire battre par son père qui lui apprend le combat, puis se battre avec d’autres enfants. À sept ans, il est chassé de la cité de Sparte : il devra survivre seul pendant l’hiver. Alors il sera un bon soldat : le roi Léonidas.

Cet eugénisme condamnable en lui-même prend une dimension inattendue quand on apprend dans le film que le sacrifice de Léonidas et de sa garde personnelle, laissant à toute la Grèce le temps de se rassembler, a eu pour conséquence de sauver la démocratie, la philosophie et toute la civilisation occidentale. On voit bien le piège : le courage du véritable Léonidas n’est pas à remettre en cause. Mais il n’a pas pour origine une sélection visant à améliorer la race pour une quelconque raison.

Le réalisateur Zack Snyder affirme avoir fait son film sans se soucier du contenu politique de la bande dessinée de Franck Miller, ce dernier ne se cachant pas d’être encore plus belliciste que Georges Bush. Il ne nous échappe pas que ses intérêts financiers (il est issu du monde de la publicité) coïncident avec le désir du peuple américain de voir justifié l’envoi de ses enfants en Irak pour sauver la démocratie. Le film caracole en tête du box-office.

Le Léonidas du film encourage, de plus, ses troupes à combattre « pour que meure toute forme de mysticisme ». La totalité des personnages représentant un rapport avec la transcendance est identifié au mal : les anciens prêtres grecs sont des vieillard lépreux corrompus qui droguent les vestales, et le roi des Perses Xerxès est un faux dieu, qui garde au milieu de ses esclaves prostituées l’image d’un homme à tête de bouc noir. L’idéologie du film est absolument athée.

Ajoutons l’iconographie Nazi, les anachronismes qui rendent le film « plus cool », l’esthétisation du sang, les murs de cadavres, l’ignoble parodie de la passion du Christ, le fait que l’armée Perse est composée de noirs, d’arabes et d’asiatiques et espérons que ni vous ni vos enfants ne verront ce film.

Louis Corpechot.

[1Contre les hérésies.

Cinéma