Azur et Asmar

Michel Ocelot

Il y a bien longtemps, deux enfants étaient bercés par la même femme. Azur, blond aux yeux bleus, fils du châtelain, et Asmar, brun aux yeux noirs, fils de la nourrice. Élevés comme deux frères, les enfants sont séparés brutalement. Critique de Louis Corpechot.

Mais Azur, marqué par la légende de la Fée des Djinns que lui racontait sa nourrice, n’aura de cesse de la retrouver, au-delà des mers. Les deux frères de lait devenus grands partent chacun à la recherche de la Fée. Rivalisant d’audace, ils iront à la découverte de terres magiques, recelant autant de dangers que de merveilles...

Michel Ocelot, le créateur du très aimé Kirikou, nous livre enfin (après six ans de travail) son nouveau film d’animation. On retrouve le rythme, la beauté des décors, la précision des détails, l’humour qui ont charmés petits et grands. Ce nouveau volet de l’oeuvre du réalisateur s’inscrit cependant dans une continuité. Le petit Kirikou se découvre lui-même capable d’exploit malgré sa taille. Azur et Asmar ont à apprendre que c’est leur union qui fait leur force, malgré leurs différences. Cette découverte de l’autre, de son pays, de ses traditions, de son art va se faire pour Azur par tous les sens : toucher des carrelages de céramique ornés de dessins géométriques, écouter des instruments, sentir des fleurs, goûter des aliments. Pour Asmar elle sera l’épreuve de la jalousie, l’apprentissage du partage et de la nécessité de l’entraide.

La mise en scène, pour servir ce thème de la découverte de l’altérité, utilise au moins deux techniques étonnantes : l’absence de sous titrages et la technique particulière du dessin.

Le film est pour moitié en arabe, mais jamais les sous-titres ne viennent au secours de la compréhension, alors qu’il est destiné à toute la famille. C’est précisément qu’ils n’apporteraient rien, tant le sens des situations est rendu compréhensible par la simplicité des images, et avec eux disparaît la « barrière de la langue ».

Quand au dessin, il utilise la symétrie pour représenter l’égalité entre les deux frères, comme dans les premières scènes du film. De plus, il s’emploie à peindre un espace où les éléments sont disposés comme « à plat », mais représentés individuellement de manière réaliste. Comme dans les jardins de Fra Angelico, où les fleurs sont détaillées avec une précision scientifique, mais où elles forment un jardin stylisé.

Le résultat est un univers d’une grande beauté, qui suscite le désir d’être revu avec plus de temps et d’attention, où vivent, selon les mots du réalisateur, « de belles personnes dignes et nobles ».

Louis Corpechot

Cinéma