Béatification du cardinal Stepinac : 10e anniversaire

Le 29 septembre 2008, le cardinal André Vingt-Trois a présidé une messe d’action de grâce en la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour commémorer le dixième anniversaire de la béatification du cardinal-archevêque de Zagreb Alojzije (Louis) Stepinac, dont on fête également cette année le 110e anniversaire de la naissance.

Une messe à la mémoire du cardinal croate avait été précédemment célébrée le 21 septembre 2008 par le cardinal secrétaire d’État du Saint-Siège, Tarcisio Bertone, sur le parvis de la cathédrale de Zagreb durant son voyage officiel en Croatie. Le cardinal italien a débuté sa visite dans la ville de Split où il a célébré une messe dans la cathédrale pour marquer les 1700 ans de la fondation de la ville et le dixième anniversaire de la visite de Jean Paul II en Croatie. Après une difficile accession à l’indépendance en 1991, la Croatie, nation européenne, devrait intégrer prochainement l’Union des vingt-sept.

Cette messe a été présidée par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et concélébrée par Mgr Fortunato Baldelli, Nonce apostolique en France, Mgr Ivan Sasko, évêque auxiliaire de Zagreb, représentant le cardinal Josip Bozanic, archevêque de Zagreb, et les aumôniers des Missions catholiques de Paris, Nice et Lyon.

Le bienheureux Alojzije Stepinac naît le 8 mai 1898 à Brezaric, village rattaché à la paroisse de Krasic, non loin de Zagreb, dans une famille profondément catholique. Il sert dans l’armée austro-hongroise comme officier avant de se décider pour le sacerdoce en 1924. Il est ordonné prêtre à Rome en 1930. En 1934, Pie XI le nomme archevêque coadjuteur avec droit de succession. Il a 37 ans : c’est le plus jeune évêque du monde. Il devient archevêque de Zagreb en 1937 après le décès de l’archevêque Antun Bauer.

En 1941, l’"État indépendant de Croatie", après des décennies difficiles au sein du Royaume de Yougoslavie, est créé dans le contexte instable de la Deuxième guerre mondiale. Cependant, défenseur intrépide des pauvres, des opprimés et des personnes déplacées, Mgr Stepinac critique dès l’été 1942 le régime oustachi et exige que les droits de tous soient respectés, quelle que soit leur appartenance religieuse, raciale ou ethnique. Il sauvera en particulier beaucoup de Juifs de la déportation.

En 1945, les communistes somment Mgr Stepinac de fonder une « Église nationale croate », détachée de Rome. Sur son refus, après un faux procès, il est condamné à 16 ans de prison ferme et de travaux forcés. D’abord enfermé à la prison de Lepoglava (1946-1951), il est ensuite en résidence surveillée dans le village de Krasic, sans que cessent les persécutions physiques et morales. Il reçoit la pourpre cardinalice le 12 janvier 1953 et meurt sept années plus tard à Krasic, le 10 février 1960.

Lorsque la Croatie accède à l’indépendance en janvier 1992, le parlement national croate, démocratiquement élu, vote, dès février 1992, à l’unanimité une déclaration condamnant le procès politique et les verdicts portés à l’encontre du cardinal.

Le pape Jean-Paul II béatifie le 3 octobre 1998 à Marija Bistrica ce pasteur exemplaire, qui n’a jamais faibli dans la défense des plus fragiles et dans son attachement au siège de Pierre. Le Cardinal Stepinac est le plus illustre représentant de ces "innombrables martyrs et confesseurs, hommes et femmes de tous les âges, qui sont le fruit de cette terre bénie !" dira Jean Paul II dans son homélie.

Son corps incorrompu est conservé et vénéré dans la Cathédrale de Zagreb. La fête du Bienheureux cardinal Stepinac est célébrée le 10 février.

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