Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Clôture du Rassemblement des familles et du Rallye des 6e avec Saint Paul

Le 24 janvier, les collégiens de 6e de Paris et familles participaient chacun de leur côté à une après-midi festive autour de la figure de Saint Paul : croisière sur la Seine pour les uns, ateliers, rallye et théatre pour les autres. Tous se sont retrouvés à 17h en la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour un temps d’Action de Grâce autour de Mgr André Vingt-Trois.

Homéie du Cardinal André Vingt-Trois

Evangile de Jésus Christ selon St Mathieu (28, 16-20)

Dans la Bible, Israël est un tout petit pays où vit un tout petit peuple. C’est un petit point sur la grande carte du monde. Bethléem est une toute petite ville en Israël et Nazareth, un autre gros village. Jésus naît à Bethléem et va grandir à Nazareth. Qu’est-ce que tout cela par rapport à l’univers entier ?

Aujourd’hui, nous ne sommes pas grand-chose non plus, ni une foule immense, ni une force extraordinaire. Nous sommes dispersés au milieu de tous ceux qui vivent aujourd’hui dans notre grande ville de Paris. Vous n’êtes pas forcément très nombreux dans vos écoles, vos collèges et vos classes. Et vous n’êtes ni très puissants, ni particulièrement connus.

Et voici Paul, un homme seul lui aussi, envoyé en mission pour faire la police dans les synagogues. Mais il rencontre le Christ et sa vie est retournée. Comme les onze apôtres avant lui avaient été saisis par le Christ. Sur la montagne en Galilée, où Jésus ressuscité leur avait dit de se rendre, il les envoie à la conquête du monde entier : « De toutes les nations, faites des disciples ». Ils sont une poignée, et Paul est tout seul.

Que va-t-il alors se passer qui permette que la Bonne Nouvelle soit annoncée par toute la terre et les commandements du Christ proposés à toutes les nations ? Cette entreprise va réussir grâce à une force qui n’est ni celle des disciples, ni celle de Paul, ni la nôtre, mais celle de Dieu !

Cette force nous rend d’abord capable de former une famille. Au départ, une famille c’est un homme et une femme qui appartiennent à des familles différentes. Ils ne sont pas pareils, et n’ont pas la même histoire, ni les mêmes parents. Ils se découvrent, s’aiment, s’unissent et fondent une famille. De complètement différents ils deviennent un. C’est de cet unité et de cet amour que vous venez, vous, les enfants. C’est donc parce qu’ils s’aiment qu’ils vous aiment. Et c’est aussi parce qu’ils vous aiment qu’ils s’aiment.

Chacune de ces familles est l’image de ce que Dieu veut construire entre nous. Nous venons tous d’endroits différents, nous n’avons pas la même histoire, la même couleur de peau, la même culture et parfois la même langue.
Et pourtant nous sommes appelés à devenir des frères et des sœurs. Bien sûr, ce n’est pas facile. Et il ne suffit pas de répéter « Ca va marcher » pour que tout se passe aisément. Pour réussir à unir ceux qui sont tellement différents il faut que Dieu Lui-même nous transforme et change nos cœurs, comme il a changé celui de Paul sur le chemin de Damas.

Il vient parler à notre âme et à notre esprit. Il nous appelle, nous attire, nous invite et nous envoie pour que nous devenions témoins de sa Bonne Nouvelle. C’est cela recevoir la force de l’Esprit de Dieu. Quand nous recevons la confirmation, la force Dieu vient d’en haut pour nous aider à aller au devant des autres, à surmonter nos craintes, à prendre des risques, à devenir témoin avec Paul, c’est-a-dire à accepter de se déclarer ami du Christ.

Ce chemin nous ne pouvons pas le parcourir tout seul. Nous avons besoin les uns des autres. Il nous faut nous découvrir pour mieux nous appuyer les uns sur les autres. C’est le sens de la belle fête que nous vivons aujourd’hui. De tous les coins de Paris, pendant quelques instants dans cette cathédrale, nous formons une image de la famille de Dieu. Nous sommes différents par nos âges et nos manières de vivre. Chacun et chacune est unique. Et pourtant nous sommes unis, dans la joie que Dieu nous donne de nous accueillir et de nous retrouver comme une famille.

Mes chers amis, le chemin qui conduit Paul à Damas est aussi le chemin qui va nous reconduire chacun dans nos quartiers et que nous allons parcourir avec le Christ. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » dit-il aux onze disciples.

Nous ne sommes jamais seuls, car Jésus est toujours avec nous : quand nous dormons et quand nous veillons, quand nous travaillons et quand nous mangeons, quand nous nous amusons, quand nous sommes seuls et quand nous sommes réunis en famille.

Le Seigneur est avec nous maintenant, ici, comme il sera avec vous tout à l’heure quand vous repartirez. Saint Paul dira dans l’une de ses épitres « Pour moi vivre c’est le Christ » (Ph 1, 21). Il est vivant au milieu de nous : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis présent au milieu d’eux » (Mt 18,20). Il vit en nos cœurs. « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14,23).

Il marche avec nous, éclaire notre chemin, console nos tristesses, recueille nos joies et fait de nous un peuple heureux.

Alors pendant quelques instants je vous propose de rester en silence, pour remercier le Christ qui est venu aujourd’hui à notre rencontre. Il nous a appelés, nous a conduits ici, nous a rassemblés aujourd’hui et il a a fait de nous la famille de Dieu au milieu des hommes.

+André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris

Homélies

Homélies