À propos de la levée de l’excommunication

La levée, par le Saint-Siège en janvier 2009, de l’excommunication des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X suscite de nombreuses réactions dans l’opinion catholique et dans la société.

Déclaration du Conseil permanent des évêques de France - Paris, mercredi 28 janvier 2009

La levée, par le Saint-Siège, de l’excommunication des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X suscite de nombreuses réactions dans l’opinion catholique et dans la société.

La simultanéité de cette annonce avec la révélation des propos de Mgr Williamson, niant le drame de l’extermination des juifs, provoque une réprobation on ne peut plus légitime. Les évêques de France condamnent fermement les paroles inacceptables et scandaleuses de Mgr Williamson. Ils redisent à la communauté juive de France leur engagement indéfectible au dialogue et à l’amitié. Ils rappellent que Benoît XVI ne cesse de signifier son attachement à une relation fructueuse entre juifs et chrétiens.

Ils précisent instamment que la levée de l’excommunication n’est pas une réhabilitation. Elle constitue le point de départ d’un long chemin qui supposera un dialogue précis. En aucun cas, le Concile Vatican II ne sera négociable. Aucun groupe ecclésial ne peut se substituer au magistère. Les évêques saluent la volonté du Saint-Père d’aller jusqu’au bout de ce qu’il pouvait faire comme invitation à une réconciliation. Ils sont en communion avec lui dans l’exercice de la vigilance épiscopale.

Ils expriment leur soutien et leur reconnaissance aux prêtres, diacres, religieux et laïcs qui composent l’Église catholique en France et animent fidèlement les communautés chrétiennes vivantes et proches des hommes de ce temps.

Conseil permanent de la Conférence des évêques de France

Sur le même thème

 Message du cardinal Vingt-Trois du 26 janvier 2009.
 Interview du cardinal Vingt-Trois publiée par Le Parisien/Aujourd’hui en France le dimanche 1er février 2009.

 Extrait de l’audience générale du pape Benoît XVI du 28 janvier 2009

« En ces jours où nous faisons mémoire de la Shoah, j’ai à l’esprit des images recueillies au cours de visites répétées à Auschwitz, un des camps dans lesquels a eu lieu le massacre atroce de millions de juifs, victimes innocentes d’une haine raciale et religieuse aveugle.

Alors que je renouvelle avec affection ma solidarité pleine et indiscutable avec nos frères destinataires de la Première Alliance, je souhaite que la mémoire de la Shoah encourage l’humanité à réfléchir sur la puissance imprévisible du mal lorsqu’il atteint le cœur de l’homme.

Que la Shoah soit pour tous un avertissement contre l’oubli, la négation ou le réductionnisme, parce que la violence à l’égard d’un seul être humain est une violence contre tous. Aucun homme n’est une île, a écrit un célèbre poète.
Que la Shoah enseigne spécialement aux anciennes comme aux nouvelles générations que seul le chemin difficile de l’écoute et du dialogue, de l’amour et du pardon, conduit les peuples, les cultures et les religions du monde à l’objectif souhaité de la fraternité et de la paix dans la vérité. Que jamais plus la violence n’humilie la dignité de l’homme ! »

Traduction : Agence i.media

 Lettre du pape Benoît XVI du 10 mars 2009 aux évêques de l’Église catholique.

 Dossier sur le site infocatho.

Quelques questions-réponses publiées par la Conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles concernant la question de l’excommunication

Pourquoi les évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X ont-ils été excommuniés ?

En vertu du canon 1013 du Code de Droit canonique (1983), il n’est permis à aucun évêque de consacrer quelqu’un évêque à moins que ne soit d’abord établie l’existence du mandat pontifical. Le Canon 1382 prévoit encore que l’évêque qui, sans mandat pontifical, consacre quelqu’un évêque, et de même celui qui reçoit la consécration de cet évêque, encourent l’excommunication « latae sententiae ».

Une peine d’excommunication « latae sententiae » est celle qui est encourue automatiquement (« de facto »), aussitôt la faute commise, sans nécessité d’un jugement ou d’un procès préalable pour l’imposer. Puisque le procès n’est pas nécessaire, une autorité ecclésiastique déclare parfois la peine, ce qui signifie qu’une déclaration formelle est établie précisant que cette peine est formellement encourue.

Lorsque Monseigneur Lefebvre a consacré ces quatre évêques le 30 juin 1988, il l’a fait sans mandat pontifical. Par conséquent, le fait même de poser l’acte de cette consécration a suffi à ce que, à la fois Monseigneur Lefebvre et les quatre évêques consacrés, encourent une excommunication automatique. Le 1er juillet 1988, le préfet de la Congrégation pour les évêques a déclaré formellement la peine d’excommunication encourue.

Quel a été leur statut après avoir été excommuniés ?

Le fait que cette consécration était frappée d’interdit au regard de la loi de l’Église et qu’ils encouraient la peine d’excommunication n’affecte pas la validité sacramentelle de la consécration. En conséquence, ils étaient et sont des évêques validement ordonnés. L’excommunication est une censure qui conduit - on le souhaite - à la réhabilitation du coupable. Elle entraîne pour l’excommunié l’interdiction prévue par le canon 1331 de participer de quelque façon en tant que ministre à la célébration de l’Eucharistie et aux autres cérémonies de culte public, de célébrer les sacrements ou les sacramentaux, et de recevoir les sacrements ou de remplir des offices ecclésiastiques, des ministères ou une autre charge, ou de poser des actes de gouvernement.

Que signifie la levée de l’excommunication ?

Les censures peuvent être levées puisque leur objectif est d’amener à la contrition. En effet, selon le canon 1358, la remise d’une censure ne peut être refusée à qui « a mis fin à sa contumace ». Le Saint- Père a considéré que la lettre que Mgr Fellay a adressée, le 15 décembre 2008, au cardinal Castrillon Hoyos, attestait un engagement convenable pour parvenir à la solution du problème posé à l’origine. Par ce geste, le pape a également désiré intensifier les rapports avec la Fraternité et consolider les relations réciproques de confiance. La levée de l’excommunication n’a pas restitué la pleine communion avec la Fraternité, mais c’est déjà un premier pas, inspiré par le souhait qu’il sera suivi de la pleine communion de toute la Fraternité avec l’Église.

S’agit-il d’une levée de la « suspense » leur permettant d’exercer comme des évêques et des prêtres en pleine communion ?

Puisque la pleine communion n’a pas encore été rétablie, les membres de la Fraternité Saint-Pie X qui sont prêtres ou évêques ne peuvent pas exercer leur ministère en tant que prêtres ou évêques en pleine communion. Une partie du dialogue entre le Saint-Siège et la SSPX portera sur la façon dont ses évêques et prêtres pourraient exercer leur ministère au sein de l’Église catholique si cet espoir se réalisait.

L’acte du pape a-t-il changé les relations entre l’Église catholique et la SSPX ?

Sur le plan de la pleine communion, les relations n’ont pas changé. De plus, l’objectif, très important, de l’Église catholique est de restituer la pleine communion avec tous les chrétiens, et ceci n’a pas changé non plus. La levée d’excommunication constitue un pas important pour progresser vers cet objectif en ce qui concerne la Fraternité Saint Pie X.

Quelles sont les prochaines étapes de ce processus ?

Le décret de levée d’excommunication signé par la Congrégation pour les évêques témoigne de la confiance du Saint Père dans l’engagement exprimé par la Fraternité de ne pas ménager ses efforts pour étudier avec les Autorités du Saint-Siège les questions encore ouvertes. La prochaine étape sera la poursuite du dialogue pour approfondir les relations entre l’Église catholique et la SSPX, en souhaitant pouvoir ainsi parvenir au retour à la pleine communion. Comment développer ce dialogue, c’est toute la question pour le Saint-Siège et pour les autorités de la Fraternité.