Homélie du Cardinal André Vingt-Trois - Fête de la saint Joseph

Jeudi 19 mars 2009

Messe de la saint Joseph célébrée à « Ma maison », (62, avenue de Breteuil Paris VII), avec la communauté des Petites Sœurs des Pauvres, les résidents et les bienfaiteurs.

2 S 7,4-5.12-14.16 ; Ps 88, 2-5.27-29 ; Rm 4, 13.16-18.22 ; Lc 2, 41-51a

Homélie du Cardinal André Vingt-Trois

La liturgie nous fait méditer sur la personnalité théologale et mystique de saint Joseph plutôt que sur sa biographie, dont il faut bien dire que nous ne savons pas grand-chose.
Saint Joseph nous est présenté à travers la lecture du Livre de Samuel comme l’héritier, celui qui va mener à bien la promesse faite à David et qui aura à veiller sur Jésus, le successeur de David.
L’épître aux Romains nous présente la paternité d’Abraham, qui s’étend non seulement à ceux qui sont nés de sa descendance selon la chair, mais encore à tous ceux qui y sont agrégés par la foi (Rm 4, 16).
Joseph est amené par les événements, d’une façon qui reste mystérieuse pour lui, à veiller sur l’héritier de la promesse, Jésus, celui que Dieu a engendré dans le sein de Marie pour être le Messie d’Israël. Cette mission lui incombe en raison de son mariage avec Marie.
Elle le constitue comme le protecteur de cette maison de Nazareth où Jésus va grandir « en sagesse et en grâce » (Lc 2, 52) comme le dit l’évangile de saint Luc qui ajoute : « et il leur était soumis » (Lc 2, 51).
Cette mission confiée à Joseph d’être le protecteur, le gardien et celui qui veille, s’étend pour ce temps que nous vivons à différents domaines de notre existence.

 Saint Joseph est reconnu d’abord comme le protecteur et le gardien de l’Église, comme maison de Dieu. Il ne s’agit pas seulement du bâtiment, qui est bien la maison de Dieu, mais de l’Eglise comme le véritable temple où Dieu habite chez les hommes. Jésus demeure au milieu des hommes et vit dans l’intimité du Père. « Ne savez-vous pas que je dois être chez mon père ? » (Lc 2, 49).
Comme Joseph a gardé et protégé l’Enfant-Jésus, présence réelle de Dieu sur la terre, il continu a garder et à protéger la présence du Père à l’humanité rendue visible et efficace par le sacrement de l’Église.

En ce jour où le Pape Benoît XVI célèbre le saint patron qu’il a reçu à son baptême au cours de son périple apostolique en Afrique, nous prions particulièrement pour lui et pour l’Église qui a été tellement bouleversée et malmenée au cours des semaines écoulées.
Nous confions à Saint Joseph l’avenir mais aussi la sérénité présente de l’Église. Que celui qui veille sur la maison du Christ veille aujourd’hui sur sa maison qui est l’Église.

 Saint Joseph est le protecteur de l’Église, mais aussi celui de l’humanité. En effet, l’Église est fondamentalement orientée vers l’annonce de la bonne nouvelle à tous les hommes. C’est sa mission et sa raison d’être.
Elle ne bénéficie pas de la protection de saint Joseph pour la mettre à l’abri des tourments de ce monde, mais plutôt pour lui permettre de porter le témoignage de la foi au milieu des tourments de ce monde. Si nous, qui croyons en Dieu, en sa présence, en sa force et en son amour, si nous ne sommes pas capables de plus de calme, de sérénité et de confiance que ceux qui ne croient en rien, quel peut être notre témoignage ?!
Nous avons besoin de la présence de saint Joseph pour être au milieu des hommes des témoins de la sécurité que Dieu apporte à l’humanité. « Si Dieu est pour nous qui sera contre nous ? » (Rm 8, 31).

 Protecteur de l’Église, protecteur de l’humanité, saint Joseph est aussi le protecteur des familles. Il veille sur chacune des ‘maisons’ qui, à l’image de celle de Nazareth, regroupe les parents et les enfants.
Et nous savons que toutes ces petites communautés sont aujourd’hui souvent bouleversées et travaillées par des forces centrifuges qui remettent en cause la manière même dont les hommes et les femmes de notre temps exercent leur responsabilité de parents à l’égard de leurs enfants, pour que ceux-ci vivent et profitent de cet amour pour grandir dans la confiance, et ne fassent pas au contraire l’expérience de la déchirure, de la dispersion et de l’éclatement.
De par le monde, chacune de ces ‘maisons’ a besoin d’être protégée. Les familles doivent savoir que l’amour est le pilier et le ciment de l’unité. Les Petites Sœurs des Pauvres ont reconnu le patronage de saint Joseph pour chacune de leurs fondations, qui sont toutes des maisons de familles.
Nous prions donc saint Joseph pour cette multitude de maisons à travers le monde, visibles ou invisibles, pour toutes ces familles, où parents, enfants, jeunes et vieux devraient être unis par le lien de l’amour et sont trop souvent dispersés par l’infidélité ou par l’indifférence.

 Enfin, saint Joseph est le protecteur de chacune de nos vies. De même qu’il a veillé sur Jésus et sur Marie à Nazareth, il nous accompagne dans notre vie, il nous soutient dans nos démarches, il nous réconforte dans nos difficultés, il nous stimule dans nos lassitudes, il nous appelle quand nous avons tendance à nous endormir.
Il est un père pour chacun de nous.
Nous célébrons Saint Joseph avec confiance et reconnaissance. Comme il a veillé sur la maison de Nazareth, il veille sur l’Église, sur chacune de nos maisons, et sur chacune de nos vies. Il fait grandir en nous la confiance en Dieu qui s’est fait proche de l’humanité, qui a partagé notre condition humaine, qui a voulu connaître tout de notre vie, hormis le péché, et qui ne nous abandonne pas.
Avec la protection de saint Joseph, nous pouvons avancer avec confiance quelles que soient les difficultés de la vie ou les souffrances de l’âge. Rendons grâce à Dieu qui nous a donné ce père.

+André cardinal Vingt-Trois, Archevêque de Paris

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