« Accueillir toujours mieux les plus fragiles »

Paris Notre-Dame du 20 octobre 2011

PN.-D. - Le diocèse de Paris est entré dans l’année« Éthique et solidarité ». Pour vous, en tant que directeur de l’OCH [1], en quoi celle-ci peut-elle être une occasion de s’interroger sur le rapport que chacun entretient au handicap ?

Philippe de Lachapelle, directeur de l’Office chrétien des personnes handicapées.
© Pierre-Louis Lensel

Philippe de Lachapelle – Il y a un vrai enjeu dans cette réflexion. Les personnes handicapées, dans leur fragilité, nous humanisent et nous évangélisent. Elles nous apprennent que Dieu peut nous aimer dans ce qu’on a de plus fragile. Lui-même se donne dans la crèche, sur la croix, et nous aime tels que nous sommes. Benoît XVI, en s’adressant à des personnes handicapées pendant les JMJ de Madrid, l’a très bien dit : « Vous êtes les témoins de la prédilection particulière du Seigneur pour qui souffre et du bien immense qu’est la vie de ces jeunes pour ceux qui sont à leurs côtés et pour l’humanité entière. De manière mystérieuse, mais très réelle, votre présence suscite en nos cœurs, fréquemment endurcis, une tendresse qui nous ouvre au salut. »De cela, j’ai souvent été le témoin en voyant par exemple des jeunes nouer des relations avec des personnes handicapées : dans un rapport de mutualité et d’échange, ils découvrent une part d’eux-mêmes et expérimentent le fait d’aimer et d’être aimés. Il s’agit bien là de nous ouvrir au salut.

P. N.-D. - Y a-t-il aussi une réflexion à mener sur l’accueil des personnes handicapées dans les paroisses ?

Philippe de Lachapelle – Beaucoup de progrès ont été réalisés. Par exemple, le fait que la plupart des nouveaux prêtres aient effectué dans leur formation des stages dans des lieux comme la communauté de l’Arche a eu un réel effet en matière de sensibilisation. Là encore, on voit que c’est la rencontre qui fait changer le regard et évoluer les réflexes. _ Cependant, il reste beaucoup à faire. Récemment, des parents m’expliquaient la difficulté qu’ils rencontrent, sentant parfois qu’on les supporte difficilement pendant la messe, si leur fils, handicapé, se montre turbulent. Du point de vue des équipements, l’OCH subventionne des plans inclinés ou des boucles magnétiques, mais nous avons encore trop peu de demandes. _ C’est vrai, le handicap n’est pas toujours évident à prendre en compte, cela demande un investissement, mais c’est essentiel d’accueillir toujours mieux ceux qui sont plus fragiles. Et cette année est, là aussi, une occasion à saisir.

P. N.-D. - Et sur les questions éthiques, où en est-on ?

Philippe de Lachapelle – L’Église est souvent remarquable sur ces questions. L’année dernière, au sujet des lois bioéthiques, une réflexion profonde et solide a été menée. Il est terrible pour une personne handicapée de s’entendre dire qu’il aurait mieux fallu qu’elle ne vienne pas au monde. Il est essentiel que l’Église joue son rôle et que les chrétiens posent sur ces sujets une parole de vérité sans être dans le jugement mais dans un débat emprunt d’amour. Nous vivons dans une société blessée, c’est par la miséricorde que nous pouvons faire avancer les choses. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

[1Office chrétien des personnes handicapées. Plus d’informations sur www.och.asso.fr

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