Allocution du cardinal André Vingt-Trois lors de la Rencontre des religions pour la Paix à Paris

Place des Droits de l’Homme, parvis du Trocadéro – Jeudi 27 octobre 2011

Rencontre des religions pour la Paix avec les responsables des grandes religions en France à l’occasion des vingt-cinq ans de la rencontre des grandes religions à Assise en 1986

 Dossier “25e anniversaire de la rencontre d’Assise à Paris”

Ce soir, nous ne nous sommes pas rassemblés pour comparer nos religions ou pour effacer nos différences. Nous sommes venus manifester que nos religions veulent être des facteurs de paix. Comme le Pape Benoît XVI et trois cents responsables religieux du monde entier rassemblés aujourd’hui même à Assise en Italie, nous nous sommes réunis pour montrer que l’écoute et le respect mutuel sont inhérents à chacune de nos religions. Nous voulons que l’image que nous donnons aujourd’hui soit un encouragement pour tous ceux qui ont du mal à vivre ce dialogue, et qu’elle puisse redonner un élan à ceux qui cherchent à mettre en pratique ce respect mutuel.

Comme toute société, notre société française est traversée par des facteurs de divisions. Certains courants idéologiques accusent les religions d’être cause de ces violences et de ces tensions. On voudrait même nous faire croire que la paix serait établie si les religions étaient interdites dans l’espace social. Ces courants nous influencent tous et nous pourrions finir aussi par nous demander s’il n’y a pas en eux quelque chose de vrai. D’autres voudraient nous faire croire que les religions n’ont rien à faire ensemble. Mais aujourd’hui, publiquement, nous apportons une contradiction bien concrète à ces idées. Si notre République est constitutionnellement laïque, notre société, elle, n’est pas areligieuse. Les religions existent, elles sont visibles et elles peuvent échanger les unes avec les autres et dire quelque chose à tous. Nous savons que notre rassemblement de ce jour est la partie visible d’un dialogue réel entre les religions dans notre pays. Nous sommes fiers que ce dialogue se vive au niveau des communautés locales comme au niveau des responsables régionaux et nationaux.

Dans notre pays, il me semble que les catholiques ont une responsabilité particulière dans ce dialogue. Comme religion majoritaire nous devons susciter et développer les relations avec les autres religions. D’autant plus que, comme chrétiens, nous croyons que le dessein de Dieu est justement le rassemblement de toute l’humanité. Cette vision théologique nous conduit à ne rien négliger pour aller à la rencontre des autres. Enfin, nous expérimentons que la rencontre des fidèles d’autres religions, loin de nous éloigner de notre foi chrétienne, nous stimule à être plus authentiquement chrétiens, et ainsi à vivre en artisans de paix, en pauvres de cœur, en affamés de justice ; bref à irriguer le monde du souffle de l’Évangile. C’est ce que nous voulons montrer aujourd’hui avec confiance en affirmant notre foi au Prince de la Paix.

Cardinal André Vingt-Trois,
Archevêque de Paris,
Président de la Conférence des Évêques de France

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