« Appelés à être porteurs de Bonne Nouvelle dans le monde »

Paris Notre-Dame du 26 mai 2011

Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris
© Trung Hieu Do

Que dire aux jeunes chrétiens qui entrent dans la vie active et sociale ?
En ce monde, notre position de chrétiens est irrémédiablement inconfortable : à la fois pleinement insérés dans notre culture et dans la vie de la société, nous ne pouvons en même temps jamais y être tout à notre aise. Nous aspirons toujours à ce que le message d’amour du Christ soit accueilli, et nous sommes en même temps confrontés à l’opposition qu’il suscite. Dès lors, comment vivre cette aspiration à la paix et à l’amour, tout en assumant certains écarts irréductibles avec l’esprit du monde et parfois avec notre entourage ? Faut-il renoncer, faut-il remettre à plus tard – c’est-à-dire à jamais – la mise en œuvre de l’Évangile ? Ou faut-il au contraire devenir des militants intransigeants au risque de nous couper de nos semblables ?

Rappelons que la fracture entre l’existence chrétienne et la réalité ambiante est constitutive de la foi chrétienne. Le Christ Fils unique de Dieu s’est fait homme. Il est pleinement Dieu, très Saint, juste, miséricordieux et plein d’amour, et il est venu partager l’existence d’une humanité qui n’est pour le moment rassemblée ni par l’amour, ni par la sainteté, ni par la justice, ni par la perfection. C’est pourquoi la vie chrétienne comporte forcément un écart avec les conceptions de la vie les plus communément admises. Devant cette vérité, il ne s’agit pas de céder au découragement ni de trouver un refuge illusoire dans le souvenir d’un âge d’or révolu ou dans la quête de mirages : il n’y a jamais eu de coïncidence complète entre la foi chrétienne et aucun système historique, social ou politique !

Si l’on prend le cas d’un chrétien arrivant dans un monde professionnel dominé par les impératifs économiques, on peut penser qu’il vivra inévitablement une situation instable. Un système économique basé sur des objectifs de réussite matérielle induit la tentation d’un renoncement – au mieux implicite – à d’autres dimensions pourtant essentielles de la vie. Dans ce contexte, le chrétien doit se souvenir de la sagesse de l’Evangile : il sait de source sûre que la réussite professionnelle n’est pas le seul critère du bonheur, qu’un autre chemin doit primer.

À l’âge de l’apprentissage de la liberté et des grands choix, la mission des jeunes chrétiens n’est pas de fuir le monde ni d’en épouser les valeurs ambiantes, mais d’y pénétrer pleinement et d’y témoigner de la Bonne Nouvelle. C’est là une mission difficile et exigeante, mais porteuse de vérité et, en définitive, de bonheur. C’est un appel auquel chacun, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne, peut répondre à la suite des apôtres. • Propos recueillis par P.-L. L.

Extrait du dossier : "Jeunes : Prendre confiance dans la vie"

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