Dimanche 26 février : « Éthique chrétienne et vie en société ? »

Conférences de carême à Notre-Dame de Paris : « La solidarité, une exigence et une espérance »

Paris Notre-Dame du 23 février 2012

Avec la venue du cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, c’est un intervenant d’exception qui inaugure, ce dimanche 26 février, les Conférences de carême à N.-D. de Paris. Son intervention, centrée sur l’apport de l’éthique chrétienne à la notion de solidarité et sur son rôle essentiel dans la recherche d’un bien commun, lancera la réflexion qui sera menée, au fil des semaines, sur le thème de la solidarité.

P. N.-D. – Vous ouvrez cette année les conférences de carême à Notre-Dame de Paris. Pourquoi avez-vous accepté l’invitation du cardinal André Vingt-Trois ?

Cardinal Scola – Participer aux Conférences de carême de Notre-Dame est une occasion privilégiée pour exprimer la communion qui unit les différentes Eglises : celle de Paris et celle de Milan. En outre, il s’agit pour moi d’un geste d’amitié et d’estime pour le cardinal André Vingt-Trois, en lien de communion avec l’inoubliable cardinal Jean-Marie Lustiger.

P.N.-D. – Le thème général des conférences est « La solidarité, une exigence et une espérance ». En quoi vous interpelle-t-il ?

Cardinal Scola – Ce thème rejoint de façon immédiate et radicale la crise économique et financière dans laquelle nous sommes plongés. Des individus, des familles et des communautés entières sont en grande difficulté. Je préfère parler de « travail » plutôt que de crise pour mettre l’accent sur sa dimension anthropologique et son caractère de transition. La responsabilité de tous et de chacun est en jeu.

P.N.-D. – Votre conférence sera intitulée « Éthique chrétienne et vie en société ». Pouvez-vous nous expliquer quel sera le cœur de votre intervention ?

Cardinal Scola – On ne peut pas apprendre – et donc encore moins se décider – à faire le bien, à être solidaire avec l’autre, si l’on n’a jamais fait l’expérience de relations de bonté, c’est-à-dire de relations avec quelqu’un ayant à cœur le développement de notre liberté. Cette expérience première, élémentaire, préserve une vérité inaliénable qui, par bonheur, est fort résistante. Une vérité que le christianisme continue d’énoncer. C’est pourquoi ce serait une erreur de se boucher les oreilles : s’il n’y avait plus aucun récit en mesure de promouvoir cette vérité élémentaire de l’expérience, comment pourrions- nous éviter une défense banale et rhétorique de la dignité humaine et de la solidarité ?

P.N.-D. – Quelle pertinence peut conserver, selon vous, l’éthique chrétienne dans une société sécularisée et multiculturelle ?

Cardinal Scola – La question de la pertinence de l’éthique chrétienne est liée à une autre : pourquoi un homme devrait aujourd’hui croire en Jésus ressuscité et le suivre ? Il s’agit finalement de la question du caractère raisonnable de la foi et de sa « convenance » au sens de la « convenientia » des médiévaux. Le Dieu chrétien est un Dieu incarné. Il entre dans le quotidien de chaque homme, que ce soit dans sa dimension affective, professionnelle et de repos. Pour cette raison, la foi avive une éthique humaine universelle :des hommes et des femmes qui vivent personnellement en relation avec Jésus Christ, qui sont des témoins pour leurs contemporains de la pertinence de la foi, – avec les distinctions requises –, sont les porteurs d’une éthique qui suscite une vie bonne et un bon gouvernement. • Propos recueillis par Ariane Rollier et Pierre-Louis Lensel

L’éclairage de… Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris

Les Conférences de carême à N.-D. de Paris aborderont cette année les défis de la solidarité. Dimanche prochain, lors de la première conférence, le cardinal Angelo Scola approfondira cette notion équivoque de la solidarité en réfléchissant sur « la manière de donner », indissociable de trois autres facteurs fondamentaux : le bien commun (bien de l’être ensemble), la subsidiarité et la dignité humaine. C’est l’articulation entre cet ensemble de facteurs qui permet à la solidarité d’être l’expression d’une éthique et de l’espérance. “Qu’y a-t-il de plus urgent que de rappeler l’homme à lui-même ?”, interrogeait le cardinal Henri de Lubac. C’est toute une anthropologie chrétienne qui est révélée par la Parole de Dieu. Être agent de la Parole, pratiquer la solidarité, signifie voir l’autre et non plus seulement soi-même. L’avenir de notre humanité est dans la pensée de la nécessité d’une “aide” mutuelle pour devenir libre sans quoi la vie humaine risque de devenir une marchandise d’échange. Le cardinal Jean-Marie Lustiger écrivait ainsi : “L’avenir de nos sociétés se trouve dans nos volontés et dans nos cœurs.

Témoignage
Arnaud du Moulin de Labarthète, Vicariat pour la solidarité

« Cette conférence m’intéresse à double titre. D’une part, le thème traité me paraît essentiel. Il rejoint deux questions que beaucoup se posent : peut-on vivre de façon chrétienne dans notre société ? Et comment répondre à une exigence à la fois personnelle et sociale ? Je crois que cela s’inscrit en lien avec la réflexion que nous menons dans le diocèse de Paris cette année « Éthique et solidarité ». D’autre part, je suis très curieux d’entendre une personnalité aussi éminente que le cardinal Angelo Scola, du fait de son parcours et de son importance dans l’Église. Même si, malheureusement, je ne pourrai pas me rendre à la cathédrale le 26 février pour cette première Conférence de carême, je la regarderai sur KTO ou je l’écouterai à la radio. » • Propos recueillis par P.-L. L.

REPÈRES

Trois définitions clefs [1].

 Solidarité : Le fait d’être solidaire ; relation entre personnes ayant conscience d’une communauté d’intérêts, qui entraîne, pour les unes, l’obligation morale de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance.
 Charité : Dans le christianisme, vertu théologale qui consiste dans l’amour de Dieu et du prochain en vue de Dieu.
 Éthique : Science de la morale ; art de diriger la conduite.

[1Extraits de définitions du Petit Robert,
dictionnaire de la langue française, Paris, 2000.

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