Discours de clôture du cardinal André Vingt-Trois lors de l’assemblée plenière des évêques avril 2013

Paris – 18 avril 2013

Malgré sa brièveté, notre assemblée a été laborieuse et efficace. Nous avons voté le statut de l’Enseignement Catholique. Nous avons avancé notre travail sur un certain nombre de questions en suspens et nous avons procédé aux élections prévues. Mais, - et c’est peut-être le plus important -, nous avons surtout renforcé les liens de notre communion. Dans un moment où beaucoup de nos compatriotes connaissent une réelle angoisse face à l’avenir, nous voulons être auprès d’eux des témoins d’espérance. Nous ne croyons pas à une fatalité qui rendrait vaines les tentatives d’améliorer les conditions du vivre ensemble et qui réduirait la parole publique à un exercice médiatique pour se contenter de gérer les tensions.

Notre conviction que chacune et chacun de nos contemporains peut faire quelque chose pour les autres, et qu’il le doit, ne relève pas de la méthode Coué. Elle s’enracine et s’alimente dans l’expérience que nous faisons chaque jour à travers nos rencontres pastorales.

 Nous connaissons tous des hommes et des femmes qui affrontent les difficultés de la vie en refusant de se replier sur leur seul intérêt personnel.

 Nous connaissons des acteurs politiques honnêtes et sincères qui sont animés par des convictions et qui ont le courage de les défendre, quoi qu’il leur en coûte.

 Nous connaissons des gens qui sont animés par le souci du bien commun et qui acceptent de donner généreusement de leur temps pour y travailler.

 Nous connaissons des familles dans lesquelles les engagements pris sont tenus et fournissent la base d’un véritable épanouissement pour chacun de leurs membres.

 Nous connaissons des jeunes qui cherchent avec passion le chemin de réalisation de leur vie et qui ne choisissent pas la violence pour exprimer leurs convictions.

 Nous connaissons toute sorte de personnes animées d’un esprit de solidarité et qui font passer leurs désirs et leurs droits après leur devoir de servir les autres.

Nous pourrions tous allonger cette liste. Pour aucun d’entre eux la vie n’est facile. Mais leur foi les rend capables de faire face sans fléchir.

Ces hommes et ces femmes, nous voulons les encourager dans le témoignage qu’ils rendent à l’Évangile. Nous rendons grâce à Dieu pour le signe qu’ils donnent de la primauté de l’amour et de la miséricorde. En nous appuyant sur leur engagement et leur témoignage, nous osons rappeler la mission fondamentale de notre Église : annoncer la bonne nouvelle aux pauvres et proclamer une année de grâce de la part du Seigneur (cf. Luc 4, 18-19). C’est le fondement permanent de notre attention aux plus démunis et aux plus exposés de notre société, c’est le fondement de notre engagement à leur service. C’est la source principale de nos appels à la raison. Notre approche des problèmes n’est jamais conduite par un désir de dominer les contradicteurs par la violence, qu’elle soit verbale ou physique. Au contraire, nous essayons d’éveiller nos semblables à leur responsabilité en misant sur la capacité de la conscience humaine de connaître et de choisir ce qui est le meilleur.

Nous ne pouvons pas encourager une action publique qui détournerait les enjeux du débat pour en faire un moyen de déstabiliser le pouvoir politique. Le modèle de notre mission dans le monde n’est pas celui des zélotes, c’est celui du Christ qui s’est toujours gardé de laisser occulter son appel à la vie parfaite par la recherche du pouvoir. Aucune action guidée par la haine, aucune action qui suscite la haine, ne peut se revendiquer de l’Évangile du Christ. Elle ne peut pas prétendre à se réclamer de l’Église. Au contraire, elle en défigure l’image parmi les hommes.

Au terme de cette assemblée, je voudrais, encore une fois, remercier toute l’équipe des secrétaires généraux pour leur travail au service de la Conférence, spécialement, évidemment, Mgr Antoine Hérouard et le P. Gildas Kerhuel qui arrivent au terme de leur mission. Avec eux je remercie tous les collaborateurs des services de la Conférence qui ont été particulièrement mis à contribution par cette assemblée inopinée à Paris. Je souhaite à chacun de vous un bon retour dans son diocèse.

+André cardinal Vingt-Trois,
archevêque de Paris,
président de la Conférence des évêques de France

Interventions

Interventions