Être maman : une mission spécifique

Paris Notre-Dame du 18 avril 2013

Chaque mardi matin, elles se retrouvent quelques heures autour d’un café, dans une salle paroissiale de Ste-Marie des Batignolles (17e). Ces mamans prennent ainsi le temps d’échanger sur des sujets qui leur tiennent à cœur. À l’heure où la théorie du genre fait parler d’elle, Paris Notre-Dame a enquêté auprès de ces mères de famille pour décrypter ce qui fait la spécificité de leur mission dans leur couple et auprès de leurs enfants.

Autour d’une longue table et d’un café, les mamans échangent chaque mardi matin sur les sujets qui leur tiennent à cœur, pendant que leurs petits enfants jouent dans un coin de la pièce.
© Ariane Rollier

Mardi matin, 9h45. Depuis quelques minutes, Clémence et Marie, deux jeunes trentenaires, s’affairent dans une salle paroissiale du presbytère, rue Lamandé [1]. La bouilloire chauffe, des tasses sont disposées sur une longue table en bois, pendant que leurs enfants en bas âge prennent leurs marques, découvrant avec enthousiasme les nombreux jouets rangés dans un coin. C’est l’heure du café des mamans et, bientôt, c’est à leurs échanges que toute la place va être donnée.

Pour Clarence, Alix et Priscilla qui vont les rejoindre, ce rendez-vous hebdomadaire est appréciable : il leur permet de retrouver exclusivement d’autres mères dans la même situation qu’elles – femme en recherche d’emploi ou travaillant à temps partiel, en congé maternité ou en congé parental – et de solliciter leurs conseils bienveillants, tout en se passant de bonnes adresses, qu’il s’agisse de baby-sitters ou de nounous, de médecins ou d’activités concernant leurs enfants... Bref, ici, le cœur des discussions est fait de tout ce qui concerne les mères de famille.

L’instinct maternel

« Je dirais en premier lieu la biologie, avec son aspect fusionnel après la naissance et pendant l’allaitement », répond sans hésiter Marie, 34 ans, et mère de deux petits garçons, quand on l’interroge sur ce qui fait la spécificité de la mission maternelle. « Il s’agit de nos tripes ! », insiste- t-elle, en prenant l’exemple du fait de se lever la nuit pour son enfant, plus systématique à ses yeux chez la femme que chez l’homme. Pour Albane, 43 ans, mère de trois garçons, qui ne s’estime pourtant pas particulièrement féminine, il y a « un instinct maternel qui fait que la mère va couver ses petits, comme une femelle ». « Dans mon quartier proche de St-Ouen, beaucoup de papas s’occupent de leurs enfants : ils le font très bien, avec douceur ; mais différemment de la femme, qui a une douceur maternelle spécifique », illustre-t-elle. Aussi, rien d’étonnant à ce que la majorité des mamans présentes au café se trouvent plus concernées et investies que leurs conjoints par la logistique concernant les enfants, leur quotidien et la gestion de la maison. « L’année dernière, j’ai été hospitalisée pendant une semaine. Heureusement ma mère est venue donner un coup de main à Antoine », souligne Marie. « Avec lui, les enfants jouent, s’éclatent et prennent des risques que je ne leur ferais pas prendre ; mais je ne suis pas sûre qu’ils suivraient vraiment leur rythme », raconte-t-elle amusée. Même son de cloche chez Clémence, 30 ans, maman de deux petites filles, qui aurait du mal à imaginer son mari prendre un congé parental pour s’occuper des enfants. « Ce n’est pas son truc ! », livre-t-elle, tout en mentionnant son fort investissement professionnel. « Quand il rentre le soir du travail, il se précipite pour jouer avec les filles », pondère-t-elle, satisfaite. Unanimement, les mamans conviennent que les pères excellent en la matière. Tout comme dans leur rôle d’autorité. Même si certaines mamans ont un tempérament plus strict que leurs maris, la présence du père rassure – Clémence mentionne ainsi l’aisance d’Arnaud à consoler ses filles tout bébés – et sa parole est généralement écoutée et respectée. « Plusieurs fois, je me suis dit qu’heureusement qu’Antoine était là : sans lui, je me serais fait rouler dans la farine », confie Ariane, 34 ans, mère de quatre enfants. « Je me souviens que mon mari, plus extérieur que moi au quotidien des enfants, avait un recul que je n’avais pas », raconte également Géraldine, mère de quatre enfants et plusieurs fois grand-mère. « Sa présence le soir était indispensable pour les enfants ; il apportait autre chose », se remémore-t-elle.

L’importance de s’identifier

« Quelle horreur ! ont réagi à l’unisson mes enfants, quand je leur ai parlé de l’hypothèse d’avoir deux papas ou deux mamans, raconte Ariane : pour eux, il est évident qu’ils vont voir leur mère pour certaines choses et leur père pour d’autres, et que les deux leur sont indispensables dans leurs différences. » Outre le soutien mutuel que permet le fait d’être deux, l’altérité sexuée dans le couple équilibre l’enfant, constate Alix, 36 ans, mère d’un enfant de 18 mois. « Pour Cyprien, mon mari et moi jouons un rôle très important. C’est un petit garçon épanoui et équilibré, qui n’a aucun mal à aller vers les autres : je pense que son équilibre familial participe de cela. » Autre point important de l’altérité sexuée dans le couple : l’identification du garçon à son père et de la fille à sa mère. Ainsi, Vincent, une fois propre , de dire fièrement à sa mère : « Je fais pipi debout comme papa ! » Ou Marie, 13 ans, de découvrir sa féminité grâce aux paroles positives de sa mère, lui expliquant la beauté du cycle féminin, malgré ses petits tracas. « Et puis, je comprends sa fatigue, sa tristesse et ses émotions mieux que mon mari, qui aurait tendance à avoir une approche plus rationnelle et moins compréhensive », livre Ariane. Pour Géraldine, le fait de se recevoir comme femme a quelque chose de spécifiquement beau, avec l’entrée dans une « lignée historique de mères et de filles » qui porte un aspect sacré qu’il serait dommageable de rompre. •
Ariane Rollier

La mère assure “la gestation de la famille”
Geneviève de Taisne, psychanalyste et professeur à l’Institut catholique de Paris

Aujourd’hui, la question de la spécificité maternelle se pose d’autant
plus que le rôle de la femme est en pleine mutation. Le père a une place de plus en plus importante dans l’équilibre familial. Néanmoins,
il est clair que quelle que soit la répartition des tâches, la femme a une
manière d’être à la famille qui n’est pas celle de l’homme. L’homme est celui qui dépose la semence et qui coupe le cordon ; la femme est celle qui assure la gestation et qui allaite. De ce fait, elle est dans “la gestation de la famille”. Centrée sur le cœur, lieu de l’intuition,
de l’écoute et de l’intelligence émotionnelle, elle se préoccupe de sa famille, là où l’homme a une approche plus rationnelle, pratique,
conceptuelle.Très sollicitée aujourd’hui, la femme doit apprendre à reconnaître ses limites et à ne pas tomber dans la tentation de la
perfection. Il est important qu’elle considère de quoi elle souhaite nourrir sa famille : d’amour, de joie de vivre, ou d’angoisse, d’énervement ? Il est indispensable que de la même façon qu’elle se protège lorsqu’elle est enceinte, la mère prenne soin d’elle-même
pour ne pas “s’abîmer” dans tous les sens du terme. » • Propos reccueillis par A. R.

Un pèlerinage pour la fête des mères

À l’occasion de la fête des mères, St-Lambert de Vaugirard (15e) organise un pèlerinage des mères de familles, le samedi 25mai. Rendez-vous est donné sur le parvis de l’église, à 17h. Au programme : prière, échanges et marche (ou bus 62) en direction de Ste-Anne de la Butte aux Cailles (13e), où une messe sera célébrée à 19h30, suivie d’un dîner partagé. - 2 rue Gerbert – Tél. : 01 44 19 45 25 ;
secretariat@st-lambert.fr

[1R.-v. à partir de 9h30 chaque mardi
(hors période scolaire) au 16 rue Lamandé (17e). Contact : Clémence,
clemanselin@yahoo.fr

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