Exhortation du cardinal André Vingt-Trois - Célébration d’ouverture de l’Année de la Foi lors du Rassemblement diocésain des Conseils Pastoraux du 22 septembre 2012

Samedi 22 septembre 2012 – Cathédrale Notre-Dame

Frères et Sœurs,

Cette Année de la Foi est d’abord pour nous un appel à une immense jubilation, une immense action de grâce, une immense reconnaissance, puisque nous qui étions comme des étrangers, comme ceux qui n’ont pas de citoyenneté, comme ceux qui n’ont pas de Dieu en ce monde, nous avons vu s’ouvrir devant nous la Porte de la Foi, nous avons été accueillis comme citoyens de l’Église, membres du Corps du Christ, appelés à être enfants de Dieu.

Ce que nous aurions pu ne pas être, nous le voyons autour de nous, sur la face de ceux qui sont sans espérance. Nous le voyons autour de nous dans l’existence de ceux qui sont livrés à la culpabilité et aux regrets. Nous le voyons autour de nous dans le cœur de ceux qui sont habités par la convoitise et la jalousie, et qui se laissent entraîner à la violence envers les autres.

Tout cela est aussi dans notre cœur, dans notre vie, sur nos visages. Tout cela est la marque de la mort et du péché sur l’humanité. Nous en avons été délivrés par le baptême parce que Dieu a ouvert aux païens la Porte de la Foi. De cela nous devons, jour après jour, rendre grâce à Dieu. Jour après jour nous devons regarder notre relation avec Dieu, par le Fils, dans l’Esprit, comme la meilleure chance de notre vie. Et le moyen par lequel Dieu nous a ouvert la Porte de la Foi, c’est l’Église qui a été pour nous la chaîne ininterrompue par laquelle nous sont parvenus la Parole du Salut et les sacrements de la vie.

Il est normal, humain et compréhensible qu’à quelques moments de notre existence, cette élection divine qui nous a appelés des ténèbres à la lumière devienne pesante ou perde de sa signification. Il est dans l’ordre des choses que ce surcroît d’amour dépasse nos capacités d’accueil et de réponse. Mais quand nous entrons en nous-mêmes, quand nous regardons où sont les véritables ressources de notre vie, qu’est-ce qui nous tient debout ? Qu’est-ce qui nous remet debout chaque jour ? N’est-ce pas l’amour ? L’argent, la puissance, la convoitise suffiraient-ils à motiver tant d’hommes et de femmes à se dépenser pour le bien-être des leurs ? Suffiraient-ils à donner le courage à tant de femmes seules avec leurs enfants d’affronter la difficulté de l’existence s’il n’y avait l’amour ? Et cet amour n’est pas seulement la somme des sentiments et des attraits, mais c’est le choix de lier indissolublement notre existence à celle de ceux qui nous sont confiés. Cet amour nous permet de nous remettre debout chaque jour, de recommencer chaque année la tâche qui n’est jamais terminée. Cet amour, c’est Dieu vivant au cœur des hommes, cet amour c’est l’Esprit Saint répandu en nos cœurs par la foi. Cet amour c’est Jésus vivant en notre vie et c’est ce message de l’amour vivant de Dieu au cœur de l’humanité que l’Église est chargée de transmettre, d’annoncer et dont elle est appelée à témoigner.

L’Année de la Foi c’est le temps de l’action de grâce, c’est le temps de la conversion, le temps où nous sommes invités à débroussailler notre vie, élaguer ce qui nous détourne de cet amour, balayer ce qui encombre nos capacités d’aimer, effacer ce qui entache notre désir de devenir des saints.

Ce message de l’Église n’est pas seulement une prophétie incantatoire, c’est un message vécu et partagé à travers la vie de tous les membres du Corps du Christ. C’est pourquoi, la dévotion que l’Église nous appelle à vivre à l’égard des saints n’est pas une sorte de fétichisme, mais simplement la reconnaissance qu’au long des siècles, dans toutes sortes de situations à travers le monde, et plus particulièrement pour nous dans notre pays, des centaines et des milliers d’hommes et de femmes ont fait du message d’espérance de l’Église non pas simplement un verbiage, mais une réalité vécue, constatable et partageable.

C’est pourquoi, en entrant dans cette Année de la Foi, je vous invite à invoquer la figure de cette multitude d’hommes et de femmes pour qu’ils renforcent en nous la certitude que la seule richesse que nous puissions vraiment partager avec les hommes, ce n’est ni l’or, ni l’argent, ni la puissance, mais c’est l’amour.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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