Exploitation sexuelle, tous concernés

Paris Notre-Dame du 26 avril 2012

P. N.-D. - Qu’appelle-t-on la traite aux fins d’exploitation sexuelle ?

Sr Marie-Hélène Halligon, Soeur apostolique du Bon Pasteur et membre du conseil pastoral de N.-D. des Foyers (19e).
© Pierre-Louis Lensel

Sr Marie-Hélène Halligon – Définissons d’abord ce qu’est la traite en général. Selon un texte de l’ONU [1], il s’agit du recrutement, du transport ou de l’accueil de personnes, par le moyen de la menace ou le recours à la force ou à d’autres formes de contraintes – enlèvement, fraude, abus d’autorité ou encore promesse fallacieuse –, avec l’exploitation comme finalité. Quand cette exploitation est d’ordre sexuel, on parle de « traite aux fins d’exploitation sexuelle ». Les victimes privilégiées de ce trafic d’êtres humains sont souvent des femmes et des enfants qui n’ont guère de perspectives dans leur pays et n’ont pas ou peu accès à l’éducation. Les régions touchées par la misère, la guerre ou des catastrophes naturelles deviennent facilement des zones de recrutement. Des estimations évaluent le nombre de victimes de la traite à plus de 12 millions à travers le monde.

P. N.-D. - En quoi cela nous concerne ?

M.-H. H. – Je crois déjà qu’on ne peut pas ignorer que la traite aux fins d’exploitation sexuelle existe ici, à Paris. Pourtant, on a tendance à mettre à distance les phénomènes de ce type. On dit que c’est horrible, on s’indigne, on signe une pétition. Mais, en fait, s’implique-t-on ? En tant que croyants et en tant qu’humains, nous devons répondre aux cris du monde. Quand Jésus dit « Aller enseigner toutes les nations » (Mc 16, 15), il ne parle pas uniquement d’aller prêcher. Il nous appelle à vivre l’amour qu’on a reçu de Lui auprès de tous nos prochains. L’esclavage sexuel que subit une personne qui vient de l’autre bout du monde, c’est mon frère qui le vit et cela me concerne !

P. N.-D. - Comment est-il possible d’agir ?

M.-H. H. – Pour commencer, il est nécessaire de s’informer sur cette réalité [2] puis de la dénoncer autour de soi. Ensuite, on peut s’inscrire dans une démarche de prévention. Celle-ci peut se traduire, d’une part, par le combat de la pauvreté et de l’analphabétisme dans les zones de « recrutement » par les trafiquants et, d’autre part, par une lutte contre ce qui peut encourager le phénomène – en parlant dans les écoles du respect dû aux femmes, par exemple. Enfin, chacun peut participer à la protection des victimes, en aidant les associations qui agissent auprès d’elles sur le terrain, et en les portant dans sa prière.

P. N.-D. - Quelles sont-elles ?

M.-H. H. – À Paris, on peut citer notamment le Foyer Jorbalan (19e), qui accueille des « survivantes de la traite » ou Les champs de Booz (19e), fruit de l’association de 25 congrégations d’Île-de-France, qui accompagne des femmes isolées demandeurs d’asile qui pourraient être des proies potentielles. Au niveau national, le Secours catholique pilote un collectif de 25 associations contre la traite des êtres humains. Au plan européen, le réseau Renate réunit des religieuses de plusieurs pays qui aident les victimes de la traite notamment en leur assurant un suivi au-delà des frontières. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

[1Voir la définition complète dans le Protocole additionnel à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, art. 3.

[2De nombreuses ressources documentaires sont disponibles sur le blog de Sr Halligon : http://marieheleneh.wordpress.com

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