« Il faut continuer cet inlassable travail du changement de regard »

Paris Notre-Dame du 1er septembre 2011

P. N.-D. - Du 20 au 28 août a eu lieu la neuvième édition de la coupe du monde de football des personnes sans-abri (ou “Homeless World Cup”), à Paris. Qu’est-ce que c’est ?

Benoît Danneau, directeur du comité local d’organisation de la Homeless World Cup.
Photo Charlotte Reynaud

Benoît Danneau – C’est une compétition sportive qui a accueilli cette année 53 pays, représentés par 48 équipes masculines et 16 équipes féminines. La particularité de ces joueurs est qu’ils vivent dans la rue. Tout est parti d’une personne sans-abri qui m’a demandé il y a dix-huit ans de pouvoir jouer au football le week-end. Cela lui permettait de sortir de la solitude et du temps pris par les démarches de stricte survie. Le Secours Catholique a accepté et, aujourd’hui avec le collectif « Remis en jeu », qui rassemble de nombreuses associations, nous organisons la neuvième édition de cette coupe du monde à Paris.

En parallèle, nous avons souhaité organiser un colloque international au Collège des Bernardins (5e) : « La rue : y tomber, y vivre, s’en sortir et ne pas y retomber. » À côté du sport, il y a une volonté de mutualiser les expériences et de se nourrir des points de vue différents. Pendant ce colloque, chacun a pu s’exprimer : les personnes de la rue, les acteurs sociaux, les chercheurs puis les politiques.

Maintenant, nous souhaitons créer un Centre national d’insertion par le sport et la culture d’ici fin 2012.

P.N.-D. -On croise au moins une personne sans-abri par jour. Que peut-on faire ?

Benoît Danneau – On peut déjà la regarder, la saluer, lui sourire. On peut l’applaudir si elle joue de la bonne musique dans le métro. Des petites choses comme ça qui montrent qu’on ne l’ignore pas. Il faut changer son regard, ne pas avoir d’appréhension mais de la considération humaine pour les plus démunis. Il ne faut pas avoir peur de regarder l’autre. On peut aussi s’interroger : quel temps je donne dans ma vie pour les autres ? Par contre, on ne fait pas du bénévolat tout seul : il y a une pédagogie de l’aide, avec des missions, des objectifs et un savoir-faire. Si on veut vraiment s’engager, il faut s’investir dans une association, surtout qu’en ce moment il y a une crise du bénévolat. Au Secours Catholique, nous avons perdu 10 000 bénévoles en vingt ans !

P. N.-D. - Le cardinal André Vingt-Trois lance l’année « Éthique et solidarité ». En tant qu’acteur de la solidarité, quelles attentes avez-vous ?

Benoît Danneau – Je pense qu’il faut continuer cet inlassable travail du changement de regard. Je crois que l’Église défend une certaine conception de l’homme et de la société, où chacun a sa place, quel que soit son handicap, social, physique ou mental. L’Église doit aussi jouer un rôle dans une forme d’aide directe aux personnes, pas seulement en mobilisant des dons mais en facilitant les actions concrètes. Un bon exemple est l’opération « Hiver solidaire » durant laquelle une vingtaine de paroisses parisiennes prennent en charge l’hébergement et la nourriture des personnes sans-abri de leur quartier. C’est ce genre d’initiatives qu’il faut encourager et développer. • Propos recueillis par Charlotte Reynaud

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