L’Epiphanie chez nos frères grecs-orthodoxes

Paris Notre-Dame du 6 janvier 2011

P.N.-D. - Que signifie pour vous l’Épiphanie ?

Archimandrite Arsenios Kardamakis, vicaire général de la métropole grecque orthodoxe de France.
© D. R.

Père Arsenios - En grec ancien, le mot « épiphanie » désigne l’apparition de Dieu à travers l’incarnation du Christ à Noël, célébré le 25 décembre par les grecs-orthodoxes. Dans cette même tradition, on utilise le terme « théophanie » pour désigner la manifestation de Dieu comme Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, lors du baptême de Jésus, fêté le 6 janvier. Dans une interprétation au sens large, nous pouvons affirmer que ces deux fêtes sont des épiphanies, c’est-à-dire une manifestation de Dieu en faveur du salut de l’homme.

P.N.-D. - N’est-il pas question des mages comme dans l’Église catholique ?

Père Arsenios - Non. Le monde orthodoxe n’a pas fait de développement particulier autour de la visite des mages à la crèche. Nous l’évoquons seulement le jour de Noël.

P.N.-D. - Comment vous préparez-vous aux deux fêtes du 25 décembre et du 6 janvier ?

Père Arsenios - La fête de la Nativité est une très grande fête chez nous. Il s’agit de la démonstration de l’amour de Dieu pour l’homme : Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu, selon les mots de saint Athanase le Grand (IVe siècle). Nous nous y préparons physiquement et spirituellement à travers un carême de quarante jours, qui commence le 15 novembre. Chacun est invité, selon sa capacité et ses moyens, à s’abstenir de nourriture. Plus Noël approche, plus la préparation se fait intense, avec notamment l’usage de chants liturgiques spécifiques. Le jour J, nous avons, tôt le matin, la divine liturgie, à laquelle participent toutes les familles orthodoxes. Peuvent s’ensuivre un repas festif et le don de cadeaux aux enfants. Douze jours séparent Noël du baptême du Christ : il s’agit du « dodecaïmeron », période de fête liturgique qui se clôt par la théophanie du 6 janvier, lorsque commence l’annonce de la Bonne Nouvelle par notre Seigneur. A cette occasion, nous bénissons traditionnellement les eaux, rappelant que celles du Jourdain ont été bénies lors du baptême du Christ et qu’ainsi la nature a été réconciliée avec l’homme. Nous bénissons également les maisons, afin que par leur vie spirituelle, leurs habitants s’approchent de Dieu. A Paris, nous attendons le 16 janvier pour bénir les eaux de la Seine depuis le pont de l’Alma, situé à côté de notre cathédrale Saint-Étienne (16e).

P.N.-D. - Que se passe-t-il une fois la fête du baptême du Christ passée ?

Père Arsenios - Nous entrons dans le temps liturgique qui précède Pâques, puisque, souvent, à partir du mois de février commence le grand carême qui mène à la fête de la Résurrection du Christ. Comme l’année dernière, la date (24 avril) sera commune avec les catholiques. A noter que si tous les orthodoxes fêtent Pâques à la même date, une partie du monde orthodoxe (les Russes, les Serbes, etc.) célèbre Noël le 7 janvier, ayant gardé le calendrier julien, là où les Grecs, parmi d’autres orthodoxes, ont adopté le nouveau calendrier. • Propos recueillis par Ariane Rollier

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