L’enjeu de la préparation au mariage civil

Paris Notre-Dame du 1er mars 2012

PN.-D. - Le gouvernement a récemment proposé la mise en place d’un « kit de préparation au mariage civil ». Quelle a été votre réaction en entendant cette annonce ?

P. Cédric Burgun, prêtre du diocèse de Metz, chargé d’enseignement en droit canonique à l’Institut catholique de Paris.
Photo D.R.

P. Cédric Burgun – Positive d’abord ! Comme prêtre engagé dans l’accompagnement de couples, mais aussi comme canoniste confronté aux demandes de nullité de mariage, je me rends compte qu’il y a globalement un défaut de préparation au mariage. Les jeunes fiancés ne savent pas toujours très bien à quoi ils s’engagent. Il me paraît donc très bénéfique qu’il y ait une volonté de leur en donner une meilleure idée. Cependant, cette proposition m’a aussi laissé un peu dubitatif. D’une part, parce que son contenu est encore très flou et, d’autre part, car cette démarche semble avoir pour motivation première le coût élevé des divorces. Cela me semble procéder d’une vision un peu courte. Ce qui doit motiver d’abord la préparation au mariage, c’est, je crois, une approche positive de l’union matrimoniale, à commencer par la recherche du bonheur des conjoints et un encouragement devant la fondation d’une famille. Jean- Paul II l’a parfaitement exprimé : la famille est la cellule de base de toute société. C’est cela, je crois, l’enjeu.

P. N.-D. - Cette volonté de mieux préparer au mariage civil ne peut-elle pas être vue comme une forme de reconnaissance du regard de l’Église sur la société ?

P. Cédric Burgun – Des associations telles que les AFC ont beaucoup œuvré pour faire avancer ce projet et l’expérience ecclésiale de l’accompagnement des couples a certainement interpellé l’État. Ce projet semble cependant loin de ce que propose l’Église. Une préparation qui ne poserait qu’un regard juridique sur le contrat matrimonial me semble utile mais très réductrice. Cela soulève la question de l’anthropologie sous tendue dans la préparation au mariage. Sur ce point, l’Église marque vraiment sa différence. Dans un contexte social qui a évolué, le prêtre a le devoir de vérifier les capacités psychologiques, humaines et spirituelles des deux fiancés qui souhaitent s’engager. Ce rôle repose sur une anthropologie judéo-chrétienne se traduisant par une conception précise de l’homme et de la femme, qui n’est pas celle d’une société qui promeut aujourd’hui la théorie du gender ou explique que le divorce n’a pas de conséquences pour les enfants. Si le maire doit préparer au mariage civil – ce qui serait une bonne chose évidemment –, sur quelle anthropologie se basera-t-il ? Aujourd’hui, de nombreux jeunes couples sont blessés par rapport au mariage. Ils voient souvent cette vocation naturelle comme impossible et il s’agit de leur donner les moyens de changer de regard, de croire dans la fécondité de l’engagement et de cerner ses enjeux. Cela devrait être le rôle d’une préparation au mariage.

P.N.-D. - Quel regard l’Église pose-t-elle sur le mariage civil ?

P. Cédric Burgun – Il a une valeur pour l’Église, parce qu’à ses yeux l’homme et la femme sont naturellement faits pour se marier, ne serait-ce que civilement. Il est un facteur d’humanisation de chacun et de tous et a de vraies incidences sociétales. Puisque cela concerne l’ensemble de la société, cela concerne l’Église. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

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