« Le diacre est un serviteur »

Paris Notre-Dame du 12 octobre 2000

A la suite de Vatican II, le diocèse a le souci de mettre en œuvre le diaconat permanent. Un ministère encore méconnu qu’explique le P. Jean Laverton, curé de St-Louis en l’Île (4e) et délégué diocésain au diaconat permanent.

Paris Notre-Dame : Pourquoi le Concile Vatican II a-t-il restauré le diaconat permanent ?

P. Jean Laverton : Le diaconat permanent n’est pas une nouveauté. Le Concile Vatican II (1962-1965) n’a fait que rétablir la forme permanente d’un ministère qui existe depuis les premiers temps de l’Eglise. On en voit les origines dans l’institution des « Sept » que décrivent les Actes des Apôtres (6,1-6). Les apôtres choisissent « sept hommes remplis de l’Esprit Saint » pour le partage des tâches et pour une plus grande attention aux besoins de la communauté, en particulier « le service des tables » enraciné dans la charité du Christ.

Ce ministère a-t-il été rétabli pour pallier la baisse des vocations sacerdotales ?

Absolument pas. D’abord parce que dans les années soixante, il n’y avait pas comme aujourd’hui en Occident une baisse des vocations sacerdotales, et plus profondément parce que le diaconat permanent et le sacerdoce sont deux vocations distinctes. Au Concile, les évêques ont souhaité mettre en œuvre de manière renouvelée, tous les dons dont le Seigneur avait dès l’origine doté son Église. Ils ont voulu manifester plus encore la présence du Christ à son Peuple par la diversité des ministères. Par l’ordination, les diacres reçoivent la grâce et la mission d’aider tous les baptisés à marcher dans les pas du Christ Serviteur, d’aider à vivre le sacerdoce commun des fidèles. Avec les prêtres, ils sont signes de l’amour de Dieu, ils deviennent des présences du Christ pour leurs frères et rappellent ainsi à l’Église qu’Elle doit être servante et pauvre : « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus. » (Ph. 2, 5)

Quelle est la mission du diacre dans l’Eglise ?

La mission du diacre (du grec diakonos, serviteur) se déploie dans une triple dimension :

  • Serviteur de la charité. En ce sens il s’engage et engage les chrétiens à être artisans actifs de l’amour de Dieu pour les hommes et des hommes entre eux. Dans la communauté où il est envoyé, il veille à ce que la charité du Christ soit accueillie et exercée.
  • Serviteur de la Parole. Il aide l’évêque et les prêtres en cette tâche urgente, en cette première charité d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut à tous les hommes.
  • Serviteur de la vie sacramentelle. Associé de manière particulière entre autres à la célébration de l’Eucharistie, il y puise la force d’être ministre de la charité du Christ. Il baptise et bénit les mariages. Il accompagne chacun vers ces sacrements.

Ces trois charges se déploient de manière très diverse selon les quatre-vingt dix diacres du diocèse de Paris : dans les paroisses mais aussi dans des aumôneries d’hôpitaux, à l’École Cathédrale, au Secours Catholique, la pastorale familiale... Ces hommes, mariés ou non, portent une très grande richesse en engageant toute leur vie familiale, professionnelle et sociale dans leur ministère. Irremplaçable !

Est-ce qu’on décide de devenir diacre ?

Il s’agit d’un appel de Dieu qui doit être discerné dans la réflexion, l’écoute et la prière. C’est un peu la rencontre de deux libertés : d’un côté, celle du candidat qui se présente ayant ressenti l’appel de Dieu et, de l’autre, l’appel par l’évêque qui est le critère décisif pour reconnaître la vérité de l’appel ressenti.

Aujourd’hui comme hier Dieu appelle. Nos communautés sont des relais de ces appels de Dieu pour toutes les vocations dans l’Eglise et en particulier pour celle du diaconat permanent. Assez souvent c’est un prêtre qui proposera à un fidèle d’y réfléchir. Il ne s’agit pas d’abord de compétence, de dévouement ou de générosité : de très nombreux laïcs à Paris ont des responsabilités dans l’Eglise, mais ils ne se sentent pas appelés au ministère diaconal.

Après la première réflexion, le candidat, s’il désire poursuivre, entre dans une période de discernement et de préparation qui dure au moins trois ans.

Quels rapports les diacres entretiennent-ils avec les prêtres et l’évêque ?

Ce sont fondamentalement des relations de frères, compagnons du Christ. Nous l’avons dit, dès ses débuts à Jérusalem, l’Eglise a dû pour remplir sa mission faire face à un certain nombre d’appels. Aussi, les apôtres se choisirent-ils des collaborateurs aptes à remplir ces services et « après avoir prié et leur avoir imposé les mains », ils les « préposeront à cet office ». (Actes des Apôtres 6, 6). Par le sacrement de l’Ordre, le diacre fait partie avec l’évêque et les prêtres des ministres ordonnés qui ne se sont pas choisis, ni consacrés ou envoyés eux-mêmes. Avec les autres ministres, il devient intendant de l’action du Christ dans son Église, il assure avec eux la présence fondatrice du Christ en personne, Tête de son Corps et Pasteur donnant sa vie pour son troupeau.

C’est au quotidien, dans une découverte permanente, que se fait ce « vivre ensemble » des prêtres et des diacres. De manière très diverse suivant les responsabilités variées, tous essaient de répondre aux appels de la mission.

Au moment où l’Eglise insiste sur l’importance de la responsabilité des laïcs, elle juge utile aussi de déployer toute la richesse du sacrement de l’Ordre avec ses trois degrés : les évêques, les prêtres, les diacres. Le ministre ordonné, porteur de la Parole et de l’action du Christ, sert et aide l’ensemble des baptisés à vivre du Seigneur et à l’annoncer à tous les hommes. •

Article de Paris Notre-Dame – 12 octobre 2000

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