Les trentenaires et le denier de l’Eglise : changer les mentalités

Paris Notre-Dame du 3 février 2011

La jeune génération est peu familière du denier de l’Église, une contribution pourtant essentielle à la vie de cette dernière. Rencontre avec de tout nouveaux contributeurs.

Les jeunes, ici à la sortie de la messe dominicale à la Ste-Trinité (9e), ont peu conscience de l’importance du denier de l’Eglise pour la vie de leur paroisse. Mais quand ils en sont informés, ils donnent généreusement.
© Guillaume Desanges

« Cela fait deux ans que le coupon était sur mon bureau et qu’à chaque déclaration de revenus, je me disais : c’est quelque chose qu’il faut que je fasse… et que je ne faisais pourtant pas », admet Thibault. Et d’ajouter, amusé du temps qu’il lui aura fallu pour se décider : « A force, j’ai fini par être culpabilisé ! » La trentaine bien passée, il vient d’achever sa thèse de droit et, chaque mois, il donne l’équivalent d’une journée de travail au denier de l’Église. De sa génération, peu ont encore adopté cette démarche. A la Direction Générale des Affaires Économiques (DGAE) du diocèse de Paris, on observe que le relais n’a pas été passé entre la génération des cinquantenaires et celle de leurs enfants. Un constat confirmé par les propos de Justine, 28 ans, paroissienne de N.-D. de Lorette (9e), qui a récemment échangé sur ce sujet avec des amis. « Ils ont été surpris d’apprendre que les fidèles étaient appelés à donner une partie de leurs revenus à l’Église. Pour eux, c’était réservé aux sectes. Cette démarche n’est vraiment pas dans leurs mentalités », relate-telle, étonnée.

Deux raisons à cela : ils n’y pensent pas, ignorant que le denier – qui représente 30% des revenus du diocèse – assure la vie matérielle de ses prêtres et laïcs salariés. Ou bien, ils y sont même opposés. « L’Église n’est pas là pour faire de l’argent… », entend-on facilement dans leurs bouches. Ce à quoi Jean-Pascal, 26 ans, et paroissien de St-Hippolyte (13e), répond : « Certes, mais l’Église n’est pas un pur esprit ; elle repose sur des données matérielles et a donc besoin de nos sous. » Ainsi, par exemple, une semaine de formation d’un séminariste représente 360 euros. Le traitement d’un prêtre, qu’il soit vicaire ou évêque, s’élève à 1014 euros nets par mois. Quant au salaire journalier d’un permanent en pastorale, il est de 74 euros. L’Église est gratuite, mais elle a un coût !

Donner à sa mesure

Si la contribution est par principe libre, pour assurer l’équilibre de son budget, le diocèse recommande aux catholiques de donner l’équivalent de deux ou trois journées de travail par an, soit environ 1% de leur salaire. La déduction fiscale à hauteur de 66% du don permet en outre de donner plus sans pour autant se ruiner. Ainsi, pour 100 euros versés, le fidèle qui verse des impôts ne paiera effectivement que 33 euros.

Si les jeunes professionnels sont peu nombreux à contribuer au denier de l’Église, c’est avant tout par manque d’information, plus que par avarice. « Lorsqu’ils se mettent à donner, ils sont très généreux », constate le P. Bruno Lefevre Pontalis, curé de la paroisse St-Léon (15e). D’où l’importance de relayer l’information.

La responsabilité de chacun

Le curé est bien évidemment en première ligne et les appels en chaire sont souvent l’occasion d’un déclic chez les jeunes. Mais les fidèles ont également leur mot à dire. « C’est aussi à nous d’en parler, estime Anne, 28 ans. Sans donner de leçons, mais en disant simplement qu’on a contribué au denier de l’Église. » C’est d’ailleurs ce qu’elle fait avec sa colocataire. Avec résultat !

Pour le P. Lefèvre Pontalis, l’obtention du premier salaire par les jeunes-pro est un moment décisif. « C’est l’occasion pour eux de marquer, par un don substantiel, leur appartenance à l’Église, de prendre conscience qu’ils ne peuvent vivre en égoïstes, avec pour seul but de gagner de l’argent. » Et de livrer une méthode astucieuse pour marquer leurs esprits : il compare le denier à la dîme. « Chaque catholique devrait consacrer à l’Église 10% de son temps et 10% de son argent », souligne-t-il.

Ne pas remettre à plus tard

La première prise de conscience de Jean-Pascal remonte à 2008 lors d’une messe à N.-D. de Bercy (12e). « Le prêtre, se souvient-il, nous avait conseillé de commencer dès maintenant à donner, même symboliquement, pour ne pas oublier plus tard… Cela m’avait frappé. » Il lui aura fallu pourtant du temps avant de sauter le pas. Depuis décembre, ce doctorant en imagerie numérique reverse chaque mois une partie de ses revenus à l’Église.

« J’ai d’abord opté pour une journée de salaire par mois, mais je me suis rapidement rendu compte que cela n’allait pas être gérable », avoue-t-il. Son mariage se profile, il est étudiant tout comme sa fiancée. « Il me faut faire des économies… ». Il a donc envoyé un courriel à la DGAE pour indiquer qu’il souhaitait diminuer son don. Dans la journée, sa demande était prise compte. Et lui d’expliquer : « Aujourd’hui, je grappille là où je peux. Mais d’ici deux ans, je reviendrai à un don plus conséquent. »

Le prélèvement automatique

La régularité des dons est, pour la comptabilité du diocèse, aussi importante que le montant du don. Ainsi le prélèvement automatique facilite grandement l’équilibre de ses finances. Un avantage également pour le donateur qui, comme Thomas et son épouse, a choisi ce mode de paiement. « Puisque nous franchissions le pas, autant que notre engagement soit durable », constate ce commissaire à la Marine tout récemment installé dans le 15e, après avoir navigué plusieurs années. « Nous n’aurons pas de mauvaises excuses pour cesser notre contribution et c’est une bonne formule pour parer aux déménagements futurs », se félicite-t-il.

Justine, qui travaille pour une grande entreprise de cosmétique, a elle aussi choisi le prélèvement mensuel. Elle est cependant plus partagée : « C’est le meilleur moyen d’y penser, mais on a moins la sensation de faire un effort. » C’est de retour du Cameroun, où elle a passé avec son mari deux ans en coopération avec la FIDESCO, qu’elle s’est décidée. « Au Cameroun, c’est une démarche profondément ancrée. Nous avons eu des témoignages de familles qui n’avaient rien et qui pourtant donnaient 10 à 12 % de leurs revenus », explique-t-elle. Et d’ajouter : « Certains même, lorsqu’ils avaient une prime, reversaient rétrospectivement 10% de celle-ci au denier de l’Église. C’est un exemple qui nous a impressionnés ! » • Guillaume Desanges

LE DENIER DE L’ÉGLISE SUR LE WEB

L’information, quelle qu’elle soit, passe aujourd’hui par Internet. C’est pourquoi un clip vidéo sur le denier de l’Église réalisé pour les diocèses d’Ile-de-France va être très prochainement relayé par courriel et sur Facebook, média particulièrement familier des moins
de 35 ans. • G. D.

Pour donner au Denier de l’Église, contacter l’Association Diocésaine de Paris (10 rue du Cloître Notre-Dame, 75004 Paris). Tél. 01 78 91 93 32 ; infodons@diocese-paris.net. Don en ligne possible sur [https://denier.paris.catholique.fr]

Consulter la rubrique Denier de l’Église.

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