Message du Cardinal André Vingt-Trois pour Noël 2008 et pour la nouvelle année 2009

« Je vous annonce une grande joie.
Aujourd’hui nous est né un sauveur, c’est le Messie le Seigneur ! » (Lc 2, 10-11)

Chers amis, en ces jours très saints, Dieu nous invite à sa joie ! Cette joie ne vient pas de nous-mêmes. Nous n’avons pas à la produire, à l’imposer ou à la mimer, mais nous sommes invités à la recevoir dans la foi.

Pour nous qui vivons à Paris et en France, cette proclamation retentit dans le froid et la pâleur de l’hiver. Cette année, elle survient alors que s’accumulent bien des raisons de s’inquiéter. Elle résonne tandis que la tentation nous guette peut-être de nous désintéresser des difficultés trop nombreuses de ceux qui, à côté de nous ou plus loin, souffrent de la faim, du froid et de la guerre, qui sont seuls, étrangers, malades ou en prison.

Et pourtant c’est bien dans cette vie-là avec ses limites et ses ombres que Dieu a choisi de dresser sa tente. Il ne nous invite pas à sa joie parce qu’il saurait que les choses ne vont pas trop mal, que le plein emploi serait proche, la guérison des malades presque acquise, la parfaite compréhension entre les hommes en très bonne voie, et qu’avec un dernier effort de volonté nous toucherions à la tranquillité.

Dieu nous invite à la joie parce que vient au milieu de nous le Sauveur de tous les hommes. Le Fils de Dieu a voulu demeurer chez les hommes, agir, parler, vivre avec eux et donner sa vie pour eux, habiter nos cœurs, nos maisons et nos villes. Heureux ceux qui accueilleront l’annonce que le Père a confié aux anges, ceux qui croiront en la Parole, et qui se mettront en route résolument pour aller voir l’enfant, chercher sa présence dans le monde, le trouver et l’adorer !

Il est si tentant de chanter à l’unisson de ceux qui n’ont pas reçu cette espérance et vivent sans savoir que la vie de Dieu nous est donnée. Il est si facile de se recroqueviller sur un petit bonheur fragile ou de devenir des gens malheureux de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font, de leur environnement et de leur vie. Mais nous savons que ceux qui choisissent de vivre avec le Christ trouvent en Lui la raison d’être heureux, heureux de l’amour de Dieu, heureux de le partager, heureux d’aider les autres à voir leur vie sous un jour positif, heureux de contribuer à soulager les misères et à construire un monde plus juste.

Frères et sœurs, soyez joie, lumière, espérance et solidarité pour le monde, dans vos familles, vos écoles, votre travail, vos immeubles et vos quartiers. Soyons ensemble des témoins de la joie de Dieu, soyons des hommes et des femmes avec qui on a plaisir à se retrouver parce qu’ils portent le bonheur d’être aimés de Dieu, parce que Jésus, le Fils unique en qui le Père trouve sa joie, nous est donné.

Sainte fête de Noël et sainte année 2009.

André + cardinal Vingt-Trois
Archevêque de Paris

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