Porter l’espérance face à la souffrance

Paris Notre-Dame du 19 janvier 2012

« Quelle espérance dans la souffrance ? » C’est autour de cette question qu’une journée d’étude est proposée le 28 janvier 2012 au Collège des Bernardins. Rencontre avec un des intervenants, le P. Jean-Christophe Vinot, aumônier catholique de l’hôpital Georges Pompidou et vicaire à St-Christophe de Javel (15e).

Le P. Jean-Christophe Vinot, dans son bureau de l’aumônerie catholique de l’hôpital européen Georges Pompidou.
© Pierre-Louis Lensel

P. N.-D. : La souffrance peut mettre à l’épreuve les convictions de chacun. Quel est le rôle de l’aumônier d’hôpital dans ce moment critique ?

P. Jean-Christophe Vinot – Même si la médecine a fait beaucoup de progrès dans le traitement de la douleur physique, son aspect moral reste, lui, plus difficile à surmonter. La maladie est un moment où l’on est comme à part, loin de ses habitudes, et où l’on peut se poser des questions sur soi-même, sur sa vie. Cela passe par des interrogations et parfois par une révolte. Dans ce contexte, le rôle de l’aumônier est avant tout d’être présent auprès du patient et de ses proches et d’écouter. Face aux questions que pose la maladie, nous essayons de montrer dans le dialogue qui s’instaure qu’elle ne vient pas de Dieu et n’est pas une punition. Au contraire, le Christ nous apporte les moyens de vivre cette épreuve avec Lui.Par Sa mort et Sa résurrection, il habite cette souffrance par laquelle il est passé. À travers notre espérance, nous essayons de donner du sens au non-sens qu’elle constitue, en cherchant à la dépasser.

L’aumônerie est aussi un lieu de liberté pour le patient, où il peut dire des choses qu’il ne peut pas exprimer au personnel soignant ou à ses proches.

P. N.-D. : Justement, y a-t-il pour les proches, quand ils sont chrétiens, un devoir de porter leur espérance auprès de la personne qui souffre ?

J.-C. V. – Je préfère le terme de « mission ». Chacun peut rendre compte de l’espérance qui est en lui. Cela ne passe pas forcément par des discours, mais simplement par une présence. Être là, à l’écoute ou en silence, c’est un acte de soutien, d’espérance et de rencontre avec le Christ, comme l’illustre Sa parole : « J’étais malade, et vous m’avez visité » (Mt 25, 36).

P.N.-D. : Toutes ces questions seront au cœur de la journée organisée au Collège des Bernardins le 31 janvier. Quel en est l’objectif ?

J.-C. V. – Elle est particulièrement destinée aux professionnels de santé. L’objectif est de réfléchir avec eux et de les aider à confronter leurs expériences. Il s’agit aussi pour eux de voir qu’ils ne sont pas seuls dans ce milieu médical où la foi n’est pas toujours manifestée.

P.N.-D. : Est-ce aussi une occasion pour l’Église de rappeler son regard éthique sur la souffrance ?

J.-C. V. – Oui, c’est une façon de transmettre des éléments de discernement face à des questions difficiles liées à la souffrance du patient. C’est essentiel à une époque où cette thématique fait l’objet de débats relayés dans l’actualité, où les progrès de la médecine sont source de changements rapides et où, enfin, des problématiques liées à ce sujet, comme celle du grand âge, prennent plus d’importance.

P. N.-D. : Au-delà de cet appui éthique, que peut faire l’Église,selon vous, pour être toujours plus présente auprès des personnes souffrantes ?

J.-C. V. – Une piste peut être de renforcer les liens entre paroisses et aumôneries d’hôpital pour mieux nous relayer dans notre soutien aux personnes malades. Cela passe par une information mutuelle toujours plus systématique sur les entrées et sorties de paroissiens à l’hôpital. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

Journée d’étude « Santé, éthique et foi » : « Quelle espérance dans la souffrance ? » au Collège des Bernardins, le 28 janvier, de 9h à 18h.
Détail du programme et informations complémentaires :
www.collegedes bernardins.fr, rubrique « Rencontres & débats ».
Tarifs : 25€ (individuel), 15€ (réduit), gratuit pour les moins de 26 ans dans la limite des places disponibles. Repas (en option) : 15€.

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