Pourquoi le “Parvis des gentils” ?

Paris Notre-Dame du 17 mars 2011

Cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture.
© D. R.

PN.-D. - Quelle est
l’origine du projet
du « Parvis des
gentils » ?

Cardinal Gianfranco Ravasi – Le « Parvis des
gentils » est né d’une
suggestion faite par le
pape, le 21 décembre
2009 : « Je pense que
l’Église devrait ouvrir une
sorte de “Parvis des
gentils”... Au dialogue
avec les religions doit
aujourd’hui s’ajouter
le dialogue avec ceux
pour qui la religion est
une chose étrangère,
pour qui Dieu est inconnu
et qui, cependant,
ne voudraient pas rester
simplement sans Dieu,
mais l’approcher. » Si
l’on regarde attentivement
les discours de
Benoît XVI, on retrouve
régulièrement cette préoccupation
 : développer
un dialogue de raison,
respectueux et audacieux,
avec les non croyants.
Aussi est-ce
tout naturellement que le Conseil pontifical
de la culture s’est emparé de cette
magnifique intuition et que nous nous
sommes attelés à la mise en forme d’une
structure qui en développe l’esprit.

P.N.-D. -Quels en sont les objectifs ?

Cardinal Gianfranco Ravasi - Nous voulons
aller dans les universités d’État
ou les grandes institutions culturelles
laïques, pour organiser des rencontres
et des débats entre non-croyants et
croyants, de préférence laïcs. Les thèmes
tournent autour des grandes questions
anthropologiques fondamentales. Mais
ce dialogue peut aussi prendre des formes
très différentes, par exemple l’écriture
commune de pièces de théâtre, la
rencontre et le débat autour d’une œuvre
d’art, etc. Le souhait est de contribuer à
sortir d’une dialectique d’opposition entre
l’héritage des Lumières et celui de la foi.
Nous souhaitons dialoguer avec les tenants
de ce que j’appelle « l’athéisme noble », et non celui qui se nourrit de slogans
et de stéréotypes de bas niveau
intellectuel et moral.

P.N.-D. – Quels moyens
Sont pris pour cela ?

Cardinal Gianfranco
Ravasi –
Le Conseil
pontifical de la culture
n’a d’autre ambition
que de donner une nouvelle
impulsion à ce dialogue.
Paris a déjà un
« Parvis » avec le Collège
des Bernardins, et il
s’y fait des choses remarquables
et très diversifiées.
Mais Paris a
surtout pour nous une
force symbolique qui
parle partout en Europe : débattre de la
question en Sorbonne,
c’est un signe extrêmement
fort ! Nous irons
ensuite à Tirana, Stockholm,
Prague, Berlin,
Madrid, Genève, Marseille,
etc.

P.N.-D. - Quelles sont
vos attentes liées à la
1ère édition à Paris ?

Cardinal Gianfranco
Ravasi –
Souvenons nous
du discours de
Benoît XVI aux Bernardins : « Pour beaucoup,
Dieu est vraiment devenu le grand
Inconnu. Malgré tout, comme jadis où
derrière les nombreuses représentations
des dieux était cachée et présente la
question du Dieu inconnu, de même, aujourd’hui,
l’actuelle absence de Dieu est
aussi tacitement hantée par la question
qui Le concerne. » Il me semble que ces
propos prennent un relief particulier dans
le paysage intellectuel français. Certains
de mes amis italiens m’ont dit, après le
« Parvis » organisé à l’université de Bologne,
le 12 février dernier : « Maintenant,
allons à Paris pour écouter ce que diront
les Français dans le cadre passionnant de
ces débats. » La France véhicule une
certaine image à l’étranger, et il sera
intéressant de voir comment de grands
penseurs et hommes de culture de la Ville
lumière nous aideront à dégager de
grandes orientations pour l’approfondissement
de ce dialogue, que je crois d’une
grande pertinence pour nos sociétés. • Propos recueillis par Ariane Rollier

Plus d’infos sur www.parvisdesgentils.fr.

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