Prier pour le pape, un enjeu d’Église

Paris Notre-Dame du 14 mars 2013

Sœur Lina de Jésus, carmélite de Montmartre
© Laurence Faure

P. N.-D. - : « Priez pour moi, pour l’Église et pour le pape », a demandé Benoît XVI le 27 février dernier. Y a-t-il une forme de prière particulière pour le successeur de Pierre ?

Sœur Lina – Le premier lieu privilégié d’intercession pour notre pape est la messe : la communauté des fidèles prie pour lui au moment de la prière eucharistique. Durant toute la vacance du Saint-Siège, une prière particulière est dite pour le futur pape, au début de la célébration. À ce moment-là, nous prions le Christ qu’il nous donne un pasteur pour mener son troupeau jusqu’à lui. En effet, la succession de Pierre n’est pas seulement symbolique : concrètement, le pape reprend la mission du Christ d’être le berger de ses brebis. Au carmel, nous avons une vocation particulière de prière pour les pasteurs de l’Église et son unité qui nous vient de sainte Thérèse d’Avila et de sainte Thérèse de Lisieux. La carmélite, en prière devant Dieu pour ses frères, prie l’Esprit Saint pour que le Saint-Père soit guidé et soutenu. Tous les fidèles sont appelés à se joindre à ce mouvement.

P. N.-D. - Benoît XVI a affirmé, lors de ses adieux, avoir « ressenti quasi physiquement » la force de la prière des fidèles. L’intercession des chrétiens est-elle donc si efficace ?

Sœur Lina – S’il y en a qui avaient encore des doutes, ils ont ici une confirmation de l’efficience de la prière des chrétiens ! Cette expérience du Saint-Père me fait penser à ce que l’on vit, entre sœurs, au carmel, ainsi qu’à ce passage de l’Apocalypse (8, 4) : « La prière des saints monte comme un encens vers Dieu. » Cela signifie que Dieu se laisse toucher. Le fruit en est la consolation intérieure, qui apaise et fortifie. Cette consolation peut être ressentie d’autant plus fortement quand les chrétiens agissent en communion de cœur, par l’intercession du Christ et de l’Esprit Saint. Celle-ci rejoint directement le pape, lui-même symbole de la communion de l’Église et de son unité. « Priez pour moi afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups », avait demandé Benoît XVI lors de son élection en 2005. La communion de prière des fidèles rejoint précisément cet enjeu : fortifier notre pape, devenu l’homme le plus exposé de l’Église.

P. N.-D. - La prière du pape est également essentielle pour l’Église. Pourquoi ?

Sœur Lina – Je ferais ici un parallèle avec l’élection de notre supérieure, au carmel. Concrètement, les sœurs sont dans une attente spirituelle à l’égard de la future supérieure qui va insuffler une nouvelle dynamique dans leur vie, à la suite du Christ. Les fidèles ressentent ce même besoin vis-à-vis du pape. La bénédiction et la prière du pape ont toute leur importance car nous croyons à sa mission. Il représente l’autorité du Christ ; une autorité qui n’est en rien politique. Quand Jésus « parle avec autorité », comme il est souvent écrit dans l’Évangile, il parle « en vérité », comme il le dit lui-même et dans la charité. Par ailleurs, quand le Saint-Père confie ses intentions au monde, il réveille les consciences. Le chrétien a la grâce de s’unir à lui dans ce grand mouvement de prière vers le Christ, que le pape a la charge d’insuffler. • Propos recueillis par Laurence Faure

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