Que faire de nos convictions ?

Paris Notre-Dame du 1er novembre 2012

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA
© J. de Guéniveau

P. N. -D. – Le 23 octobre, des « rassemblements » ont été organisés partout en France à l’initiative d’Alliance VITA pour manifester contre le projet de loi « Mariage pour tous ». Quel est votre but ?

Tugdual Derville – L’objectif de ce type de rassemblement est de permettre aux Français de comprendre les enjeux cachés de ce projet de loi en les aidant à se poser les bonnes questions. Il est essentiel,
dans ce genre d’événement, que transparaisse notre profond
respect des personnes. On ne peut à la fois défendre les plus
fragiles – ici les enfants – et se laisser entraîner dans une logique
d’agressivité. C’est pourquoi nos slogans visent à interpeller sans blesser. Nous utilisons aussi la scénographie comme outil contemporain : par une image, l’essentiel du message peut être reçu – en l’occurrence, que la parité homme-femme est incontestable pour fonder une famille et essentielle pour son équilibre.

P.N.-D. - Dans un débat sur les sujets de société actuels, quelles sont les réalités sociales que vous prenez en compte ?

T. D. – Notre société est souvent manipulée par l’émotion. Or, tout en écoutant les désirs légitimes (désir d’enfant, de mourir sans souffrir...), il faut inviter à revenir à la raison et au réel. « Un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants », le message peut paraître simpliste, il rejoint pourtant chaque personne dans ses gènes, en le renvoyant à son histoire : qui je suis, d’où je viens. La connaissance des souffrances sociales contemporaines éclaire d’ailleurs ce débat. Sur le sujet de la famille, nos services d’écoute nous alertent, par exemple, sur deux réalités trop fréquentes : l’absence des pères – du fait des séparations, du travail, de leur difficulté à assumer leur rôle – et la grande solitude des mères, spécialement dans l’éducation, quand manque la complémentarité paternelle. Notre expérience de terrain,
en matière d’écoute des familles en difficulté, renforce notre crédibilité, tout en nous incitant à rester dans une écoute fraternelle vis-à-vis de nos opposants. Car il est inutile de blesser les personnes par une virulence déplacée qui stérilise le débat. A ce titre, notre dialogue
avec des personnes homosexuelles, dont beaucoup souffrent, nous permet d’ajuster nos paroles et notre attitude.

P. N.-D. - Comment un chrétien peut-il faire entendre ses convictions ?

T. D. – Par sa cohérence : il n’y a pas, d’un côté, nos convictions et de l’autre, la vraie vie. D’où l’importance de mesurer la valeur et l’intelligence de nos convictions au contact des personnes fragilisées par les épreuves de la vie. C’est par exemple en accompagnant un proche en fin de vie qu’on réalise que c’est à la fois une expérience douloureuse et joyeuse. Enracinés dans l’écoute de compassion et fortifiés intérieurement par nos expériences, nous réalisons notre légitimité à parler. Certes, manifester permet de ne pas rester seul, de
même qu’un engagement associatif où l’on peut se former, mais ils ne sont pas les seuls moyens de se faire entendre. Chacun est légitime à parler là où il se trouve, sans dissocier, à l’image du Christ, vérité et miséricorde. • Propos recueillis par Laurence Faure

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