Un BAFA à coloration chrétienne

Paris Notre-Dame du 11 mars 2010

Fini le temps des animateurs d’aumônerie ou de camps d’été chrétiens improvisés ! Les diocèses d’Ile-de-France investissent dans la formation de leurs jeunes pour une pêche aux hommes toujours plus miraculeuse. La stratégie ne date pas d’aujourd’hui, mais sa récente application au BAFA se développe avec grand succès. Reportage à Versailles où vient d’avoir lieu l’une des formations BAFA de la FACEL Ile-de-France.

Au programme, de la théorie, de la pratique, des enseignements spirituels, de la prière, une vie communautaire… et beaucoup de fous rires. Assisté de deux formateurs, le P. Jacques-Bertrand Robert, curé de la paroisse Ste-Bernadette de Versailles et directeur de sessions organisées par la FACEL Yvelines, mène la danse depuis déjà cinq jours auprès de vingt-huit jeunes, tous styles confondus. Agés de 17 à 28 ans, pour la plupart catholiques, ils ont été repérés par leur curé, missionnés par leur paroisse – comme les deux Parisiens présents –, ou par le séminaire, ou ont atterri là un peu par hasard. Pour tout ce petit monde bigarré, les journées sont intenses ! « Nous les préparons aux six missions de l’animateur définies par arrêté ministériel, avec le même sérieux que n’importe quel autre organisme habilité par le Haut Commissariat à la Jeunesse à préparer au BAFA, auxquelles nous ajoutons une coloration chrétienne », explique le prêtre.

« Ici, c’est comme dans la vie, tout est mêlé, poursuit-il, nous ne laissons pas la dimension spirituelle de la personne en friche. » Pour le P. Sté­phane Bentz, délégué du Pôle Adolescence de Paris, « le risque, c’est que la vie spirituelle soit juste le nappage au chocolat sur le gâteau, donc facultative, alors qu’elle doit être intégrée à la pâte ! » Il ne s’agit pas de tout teinter de religion, mais d’appréhender la personne et les activités avec les valeurs chrétiennes de respect, d’amitié, et d’enrichir la formation de quelques enseignements spirituels et de prière. Le BAFA diocésain n’est donc pas une version allégée mais plutôt étoffée de la formation. Et c’est bien ce que sont venus chercher la majorité des jeunes présents.

Les avantages de cette formule atypique

Comme ce qui se fait avec les autres organismes, le stagiaire découvre les règlementations des activités de jeunesse, les spécificités propres aux différents âges des jeunes à encadrer, des fondamentaux de la pédagogie, de l’animation et tous les exercices de mise en pratique. Ce qu’il n’apprendra pas ailleurs, c’est par exemple que les enfants n’entrent pas tous de la même manière dans la prière. Au P. Jacques-Bertrand Robert d’ouvrir alors ses jeunes ouailles aux différentes sensibilités de l’Eglise. Louange charismatique, lectio divina, psaumes, prière d’alliance, chapelet ou encore contemplation d’une icône. Tous les modes de recueillement ont voix au chapitre, ou presque. La relecture spirituelle de la semaine est également représentative de l’originalité de la formule diocésaine. Le prêtre compare à cette occasion les stagiaires aux disciples d’Emmaüs : « Ils avaient le cœur brûlant mais ne s’en rendaient pas compte. » Un simple coup d’œil dans le rétroviseur permet souvent de réaliser le chemin parcouru durant les huit jours. Et les découvertes sont de taille  !

A la mesure de la mission de se construire éducateurs d’enfants…

Un apport personnel indéniable

« Quand on se frotte aux autres du matin au soir, tout n’est pas tout beau tout gentil », sourit le P. Jacques-Bertrand Robert. La vie en communauté et le travail en équipe peuvent être aussi difficiles que sympathiques. Après l’animation d’un jeu, d’un chant ou d’une veillée, s’auto-évaluer devant tous et accepter les remarques tant positives que négatives, – même si toujours bienveillantes –, de leurs compagnons d’aventure est également un exercice au moins aussi éprouvant qu’édifiant. Rires et tensions alternent donc. Il faut apprendre à les gérer, surtout lorsque la fatigue commence à se faire sentir.

« C’est dans les trois derniers jours que les accidents arrivent », rappelle le formateur, alors que la concentration semble baisser. Quand tout paraît installé, quand les habitudes ont été prises par les enfants et les organisateurs, la vigilance, elle, ne doit pas se relâcher. Nombreux sont ceux qui découvrent que l’animation d’un groupe est bien plus subtile et compliquée que ce qu’ils imaginaient. Quoi qu’il en soit, les chants qui emplissent spontanément la cage d’escalier à l’heure de la pause laissent de­viner que l’enthousiasme l’emporte sur le découragement qui aurait pu sévir face à la difficulté.

Grandis sur le plan personnel, munis de précieuses techniques et d’un vrai regard chrétien sur l’éducation, « les animateurs seront à même de proposer aux jeunes autre chose que des soirées discussion dont il ne reste rien », espère le P. Jacques-Bertrand Robert. Et d’estimer qu’on doit pouvoir en parler des années après si cela a été constructif ! • Ombeline Sapin

PROPOS DE… Paula,
17 ans, envoyée par l’aumônerie de la paroisse St-Vincent de Paul (Paris, 10e)

« Allez, viens, je vais t’apprendre ! » C’est peut-être en m’entendant dire cela aux enfants de la paroisse qui ne connaissaient pas les chants et les jeux que l’aumônier a pensé à me proposer cette formation BAFA. Déjà, j’aimais faire découvrir aux jeunes la foi et tout ce qu’ils n’avaient pas eu la chance de connaître. Je voulais même enseigner le catéchisme aux sixièmes et cinquièmes. Mais je ne me rendais pas compte de ce que je faisais bien ou mal. Maintenant, je sais qu’il y a des choses que je ne ferai plus jamais : par exemple leur apprendre un chant sans le découper ou donner toutes les règles du jeu en même temps ! »

Un point sur le BAFA (Brevet d’Aptitude aux Formations d’Animateurs)

  • La formation BAFA se déroule en trois temps : une session de formation générale de huit jours, un stage pratique de quatorze jours, et une session d’approfondissement de six jours. Il faut ensuite envoyer l’ensemble des certificats à la DDJS (Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports) qui réunit le jury BAFA, seul habilité à attribuer le brevet.
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