Un échange “maison”, avec vue sur le quartier

Paris Notre-Dame du 6 décembre 2012

Lire l’Écriture et partager à la maison, entre paroissiens. C’est un concept original que proposent diverses paroisses à Paris, à l’occasion de l’Avent et de l’Année de la foi. Objectif : ancrer la communauté paroissiale dans la Parole et l’ouvrir à son quartier.

Se réunir « à la maison », entre paroissiens : un moyen de faire vivre la communauté chrétienne ailleurs qu’à l’église
© Laurence Faure

L’Avent est arrivé, et avec lui, l’envie d’entrer plus en profondeur dans sa vie spirituelle. Conjuguez ce désir avec l’Année de la foi, et cela donne des « groupes de parole » ou « rencontres de voisinage », qui se mettent en place dans diverses paroisses à Paris. Le principe est simple : constituer des petits groupes de paroissiens (quatre à dix) se réunissant chez un des membres, pour un peu plus d’une heure de partage, autour des Écritures saintes ou du livret diocésain La porte de la foi.

À l’écoute

Cette année, St-François de Molitor (16e) réitère justement l’expérience – mise en place depuis plusieurs années –, avec soixante-dix paroissiens environ. Répartis en équipes de six à dix personnes, ils se réunissent une fois par semaine pendant l’Avent, chez l’animateur du groupe. « Être animateur ne nécessite pas une formation particulière », précise Sylvie, elle-même animatrice d’une équipe d’une dizaine de personnes. « Il s’agit de recevoir le groupe chez soi et de coordonner la rencontre, continue-t-elle. Notre réunion est très simple, il s’agit avant tout de se mettre à l’écoute des Évangiles des dimanches de l’Avent. » Plusieurs temps ponctuent ces réunions : une prière à l’Esprit Saint, trois temps de lecture du texte, ponctués de moments de silence et de partage. « Si chacun est invité à dire ce qui le frappe dans le texte et comment cela fait écho dans sa vie ou dans sa foi, nous n’en discutons pas sur le moment nous recevons ce que chacun dit en silence. Cette écoute est très riche car chaque personne a une perception différente. Je me rends compte aussi que le texte a beau être connu, on n’a jamais fini de “l’habiter”. » Pour elle, comme pour d’autres, c’est aussi une façon d’écouter autrement les textes liturgiques. « Pendant la messe, nous recevons la Parole et l’homélie, observe Hélène, qui fait partie d’un autre groupe de St-François de Molitor ; ici, nous pouvons prendre le temps de graver le texte dans notre esprit. Connaître tout ce que le Christ nous demande d’être, à la lumière de l’Esprit Saint. »

Vous avez dit « ruminer » ?

« La “rumination” de la Parole, en groupe, suscite une émulation des uns et des autres », précise le P. Stéphane Esclef, curé de St-Jean-Baptiste de Belleville (19e) – paroisse qui prolonge l’expérience des “rencontres paroissiales de voisinage” mise en place pendant l’Avent 2011 –. La parole dite fait écho chez l’un et éclaire l’autre qui le raccroche à quelque chose dans sa vie spirituelle, continue-t-il. C’est ainsi que l’Écriture prend racine dans nos cœurs et peut vivre en nous. » Et pour lui, ce bienfait en entraîne un autre, celui de renforcer la cohésion de la communauté.

« Des liens plus amicaux »

Quoi de plus évangélique en effet, que de se réunir « à deux ou trois » à la maison, « en son Nom »… D’un commun accord, les participants y voient un premier avantage très pragmatique : pas de transport à prendre. Cette rencontre est, par ailleurs, relativement souple – horaires, fréquence et lieu choisis selon les convenances de chacun des membres –, même s’il faut tenir sur la durée. « Se rencontrer chez soi donne une dimension plus amicale à nos relations, explique Martine, qui accueille chez elle un des groupes de St-Jean-Baptiste de Belleville – qui lance officiellement ces rencontres le 9 décembre, pour l’Avent et dans le cadre de l’Année de la foi –. C’est grâce à mon groupe que j’ai pu accueillir une personne de la paroisse ne connaissant personne de la communauté. » Dans l’idéal, toutes ces équipes ont l’objectif d’ouvrir leurs portes à des personnes plus éloignées de l’Église.

Rayonner autour de soi

À St-Séverin (5e), qui a lancé le concept pour la première fois cette année autour du livret La porte de la foi – à raison d’une rencontre par mois –, les treize équipes invitent, dans la mesure du possible, une ou deux personnes éloignées de la paroisse. Même chose à St-François de Molitor, où les groupes sont encouragés à frapper chez leurs voisins de palier ou d’immeuble. Si l’initiative n’est pas toujours réalisable dans les faits, cette dimension reste importante pour les fidèles. « Un non-croyant peut être sensible au rassemblement de chrétiens en dehors de l’église et de la paroisse ; cela peut lui faire découvrir le caractère vivant de l’Église », souligne Sylvie, de St-François de Molitor, qui de son côté, a proposé à des amis de rejoindre son groupe et précise que d’autres ont accueilli des personnes isolées de leur immeuble pouvant difficilement aller à l’église. Pour Alvina, paroissienne de St-Séverin et animatrice d’une petite équipe, la dimension missionnaire se joue à la maison. « Ce n’est pas anodin d’ouvrir porte à un groupe de paroissiens. Même si ma famille est pratiquante, c’est une image concrète que la foi ne se vit pas qu’entre les quatre murs d’une église. C’est une vraie aventure humaine et spirituelle. Donc je dirais volontiers à ceux que cela tenterait : n’hésitez pas ! » • Laurence Faure

Pistes pour agir
Comment créer un groupe de partage paroissial ?

  • Réfléchir, avec son curé, au meilleur cadre (Avent, Année de la foi, carême…) et identifier le « sujet » du partage : un Évangile, le livret La porte de la foi ou autre support.
  • Afficher des panneaux d’inscription au fond de l’église encourage les paroissiens à se manifester.
  • Identifier la structure : combien de temps, combien de membres, quelle répartition : lecture, partage, prière.
  • Une fois que le groupe est constitué et l’animateur – qui reçoit chez lui et coordonne le temps de partage – déterminé, identifier dans son immeuble ou dans son quartier, des amis et connaissances plus éloignés de la paroisse, des personnes isolées qui pourraient être intéressées.
  • Une rencontre conviviale annuelle avec tous les inscrits autour des prêtres de la paroisse, permet de faire le point.
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