Une soif de reconnaissance et d’espérance

Paris Notre-Dame du 21 octobre 2010

P. N.-D. - Vous menez une enquête dans le monde populaire à Paris et dans les diocèses d’Ile-de-France. De quoi s’agit-il ?

Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris.
© Sylvain Sismondi

Mgr Renauld de Dinechin - En vue d’exprimer un encouragement aux chrétiens activement engagés dans l’apostolat en monde populaire, les évêques d’Ile-de-France ont souhaité opérer un travail de discernement de ce que l’Esprit Saint est en train de faire. Un état des lieux se dessine peu à peu. Il fait apparaître la manière dont Dieu est à l’œuvre à travers les artisans du Royaume. Comment avons-nous travaillé ?Une équipe de treize personnes venant des huit diocèses de l’Ile-de-France a mené l’enquête. Concrètement, 121 expériences d’évangélisation en monde populaire nous sont revenues, sur lesquelles nous avons pu travailler.

P.N.-D. - Vous en avez tiré plusieurs enseignements, et repéré plusieurs acteurs et groupes qui méritent d’être valorisés. Qu’en dire ?

Mgr Renauld de Dinechin - Difficile de résumer nos conclusions en quelques mots, mais voici quelques éléments de la vitalité que nous pouvons observer :dans les quartiers où les gens partent peu en vacances, les grandes fêtes sont l’occasion d’un déploiement particulier de la liturgie. Nous voyons aussi que lorsque les gens ont des semaines très chargées, on a tendance à reporter un maximum d’activités paroissiales au dimanche, ce qui renforce la dimension du « Jour du Seigneur » autour de la messe. Nous pouvons encore voir que la louange prend une place croissante, que ce soit au cours de la messe ou dans les groupes de prière. Et la présence des migrants venus d’Afrique ou des Antilles y contribue particulièrement. En ce qui concerne la mission, beaucoup de catholiques vivent l’eucharistie dominicale comme le lieu-source de leur action dans la cité, et de l’évangélisation. D’ailleurs, apparaissent avec force la conscience et la nécessité d’aller vers ceux qui ne connaissent pas Dieu ; en particulier les plus précaires, qu’il faut aller rejoindre car ils n’oseront pas venir.Dans une société fragilisée et pluriethnique, ces chrétiens ont conscience qu’avec l’Évangile, ils possèdent le ferment d’un meilleur « vivre ensemble ».

P.N.-D. - Les groupes de parole sont une réalité importante dans le milieu populaire. Pour quelles raisons ?

Mgr Renauld de Dinechin - Ces groupes de parole témoignent que les gens ont soif de reconnaissance, et surtout de respect ; ils ont besoin d’être écoutés sans jugement, et aidés dans l’éducation des enfants. La Parole de Dieu y tient une place centrale. C’est elle qui permet de relire les événements de la vie qu’on a du mal à comprendre, et d’y recevoir la bienheureuse espérance qui fait vivre. De ces lieux de parole, il émane une densité. Ce sont des lieux de sens. On y partage des situations de vie, ce qui permet aux participants de discerner le sens de leur vie. Ces groupes de parole se réunissent autour d’une affinité commune ; c’est le cas par exemple des groupes de jeunes ou des groupes ethniques. • Propos recueillis par Ariane Rollier

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