À Jérusalem, des hommes derrière les bures brunes

Paris Notre-Dame du 24 septembre 2020

Jusqu’au 13 décembre, une exposition de photos sur les grilles du Sacré-Cœur de Montmartre (18e), dévoile le quotidien des Franciscains de Jérusalem. L’occasion de plonger dans l’intimité de la custodie en charge de la conservation des lieux saints. Et de découvrir sa façon de vivre la fraternité, alors que le pape s’apprête à publier une encyclique sur ce thème.

Thomas Coex et le F. Stéphane Milovitch devant les photos exposées, jusqu’au 13 décembre, sur les grilles du Sacré-Coeur de Montmartre (18e).
© Isabelle Demangeat

Le F. Stéphane Milovitch apparaît, impressionnant, du haut de son mètre quatre-vingt-dix (voire plus) sur le parvis du Sacré-Cœur de Montmartre (18e). Sa bonhomie s’affiche sur son visage, même derrière son masque. Ses sourcils broussailleux surmontent des yeux qui s’ouvrent, attentifs, devant un musicien qui enchante les abords de la basilique. Des yeux qui sourient quand ils se tournent vers celui qui se trouve, ce jeudi de septembre, à sa droite : Thomas Coex. On devine l’amitié qui lie les deux hommes pourtant bien différents. L’un est prêtre franciscain, vice-économe de la Custodie franciscaine de Terre Sainte. L’autre est photographe de l’Agence France-Presse, ancien chef du service photo à Jérusalem. Il se présente comme « croyant mais moyennement pratiquant ». Les deux hommes se sont rencontrés en Terre Sainte. Apprivoisés, au fil du temps. « Thomas a su prendre le temps de la rencontre, confie le F. Milovitch. Il a su entrer, patient, par la petite porte. » Cette petite porte a pris le visage, au départ, d’un reportage, en 2016, avec le journaliste du Figaro Cyrille Louis, à l’occasion des huit cents ans de la présence des Franciscains à Jérusalem. Et puis, après quelques mois vécus avec la communauté du couvent franciscain de Saint-Sauveur, maison-mère de la custodie de Terre Sainte, d’une exposition de photos. « L’angle choisi était de montrer le quotidien de cette communauté », explique le photographe. De montrer – et c’est inédit – les coulisses de cette congrégation à qui a été confiée la garde des lieux saints depuis le XIIIe siècle. Coulisses qui s’offrent, jusqu’au 13 décembre, sur les grilles entourant le Sacré-Cœur de Montmartre (18e). À l’ombre de la coupole de la basilique, on découvre ainsi, à travers une trentaine photos, la présence pastorale des Franciscains de Jérusalem – ils sont deux cents dans la Ville Sainte, trois cents en Terre Sainte – leurs actions solidaires, éducatives, notamment au sein de douze écoles de Terre Sainte, et leur vie fraternelle… Et c’est peut-être cela qui frappe le plus dans ces photos. Elles donnent à voir au-delà de l’image des « gardiens des lieux saints ». Elles montrent les hommes. Des hommes qui jouent au basket, qui jouent aux cartes, des hommes qui rient autour d’un café… Des hommes qui vivent, avant tout, de leur fraternité. « Nous n’entrons pas dans cet ordre pour mener des actions ou pour être efficaces, souligne le F. Stéphane Milovitch. Mais bien pour cette vie liturgique, spirituelle et fraternelle. » Une fraternité fondée sur la diversité. « Ces frères viennent du monde entier, remarque Thomas Coex. Mais forment une vraie unité. » Une fraternité enrichie par le service des pauvres et l’entretien de ces lieux saints où l’histoire rencontre la géographie. Une fraternité subordonnée à la pauvreté. Une fraternité intéressante à contempler, à travers le regard de Thomas Coex, alors que le pape s’apprête à publier, le 4 octobre prochain, une encyclique sur la fraternité, à Assise (Italie)… le berceau des Franciscains.

Isabelle Demangeat @LaZaab

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